Les Français n’ont pas peur (seuls 10% d’entre eux
l’affirment) mais ils sont inquiets affichant un état d’esprit où domine la
méfiance (32%), la morosité (31%) et la lassitude (29%), bien avant un
quelconque enthousiasme (12%).
Quant à leurs préoccupations principales, elles concernent,
sans surprise, le chômage (56%), le pouvoir d’achat (44%), les retraites (27%),
les impôts et les taxes (27%), la santé et la qualité des soins (24%).
Deux sondages d’envergure particulièrement intéressants font
ainsi le point sur la vision des Français vis-à-vis de la société et leurs
rapports avec celle-ci (*).
Les résultats, on l’imagine, ne sont guère brillants en
cette période de crise économique plus ou moins larvée, de chômage élevé, de
questionnements identitaires, de difficultés à redéfinir les bases d’un lien
social qui prennent en compte les avancées de la modernité sans détruire les
solidarités essentielles et où une définition universelle d’un vivre bien
ensemble ne semble plus aller de soi.
C’est également une claque pour le monde politique avec des
citoyens qui sont pour le moins critiques quant à son intégrité, son utilité et
son intérêt.
85% des Français estiment que les politiques ne se
préoccupent pas assez ou pas du tout de ce qu’ils pensent, 66% qu’il vaudrait
mieux que ce soient les experts qui décident en lieu et place des politiques,
62% que la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus, 82% que ceux-ci
agissent d’abord pour leurs intérêts personnels avant ceux de leurs administrés,
72% que le système politique marche mal.
Pas étonnant dès lors que 54% pensent que la démocratie ne
fonctionne pas très bien ou pas bien du tout.
Encore moins étonnant est que 0% (!) des Français soient
enthousiastes vis-à-vis de la politique (38% méfiants, 26% dégoûtés) et que
seuls 12% fassent confiance aux partis politiques.
Mais ce n’est pas tout.
Ainsi, s’ils font confiance à 56% au conseil municipal, à
45% au conseil régional et 44% au conseil général, ils ne sont que 33% à en
faire de même pour l’Europe, 31% pour la présidence de la république, 28% pour
l’Assemblée nationale (mais 40% pour le député de leur circonscription), 26%
pour le gouvernement.
A noter que tous ces pourcentages sont en baisse par rapport
aux précédentes enquêtes.
Cependant, il ne faudrait pas en conclure trop rapidement
que cela vient de la politique elle-même car 59% des Français se déclarent assez
ou beaucoup intéressés par celle-ci. C’est plutôt de la manière dont elle est
faite.
De même, la démocratie demeure une valeur sûre puisque 65%
des Français estiment que le vote est le moyen d’exercice le plus efficace pour
influer sur les décisions politiques (9% pensent que c’est en militant dans les
partis).
Ce qui est également très prégnant dans ces enquêtes est la
sensation que le politique apporte souvent les mauvaises réponses à des
questions essentielles et que, déconcertés et désorientés, les Français se
réfugient dans une sorte de cocon protecteur afin de ne pas devoir affronter
les réalités.
Dès lors, il est dans l’ordre des choses que les Français souhaitent
que leur pays se protège encore plus du monde (46% contre 29% qu’il s’ouvre
plus à celui-ci) et qu’ils ressentent la mondialisation comme une menace (61%)
plutôt que comme une opportunité (39%).
Et s’ils sont très majoritairement pro-européen, 53% d’entre
eux veulent renforcer le pouvoir de la France dans les décisions la concernant
(23% voulant renforcer les pouvoirs de l’UE).
Néanmoins, il ne faudrait pas, non plus, analyser ces deux
sondages comme un refus du réel. Les Français, dans le même temps, sont
conscients que le capitalisme est le seul système économique efficace (51%
pensent qu’il faut le réformer sur quelques points, 6% qu’il ne faut rien
changer contre 41% qu’il fait le réformer en profondeur), que ce sont les
entreprises privées qui sortiront le pays de la crise (53% veulent que l’Etat
leur accorde plus de confiance) que l’euro est utile (72% sont pour son
maintien).
Et, surprise, ils sont même 72% à estimer que c’est une
bonne chose de gagner beaucoup d’argent (au diable, la fameuse «honte catho»
d’être riche!).
Devant ce tableau contrasté mais néanmoins peu chatoyant, le
Centre a-t-il une réponse?
Disons d’abord que la mission du politique est d’expliquer
le plus pédagogiquement et le moins démagogiquement possibles les enjeux
essentiels qui se présentent à la France, d’apporter une vision apaisée de la
situation, de faire de réelles propositions constructives et consensuelles afin
que des décisions soient prises dans l’action et non dans la réaction et que des
mesures efficaces soient mises en place.
L’important est de parler à tout le monde et non à des
clientèles particulières avec, comme résultat désastreux, de faire croire aux
Français que les politiques n’agissent que pour leur propre camp et non pour le
bien du pays tout entier.
Dans ce cadre, le Centre, grâce aux valeurs et aux principes
du Centrisme, possède un net avantage sur la Gauche et la Droite pour refonder une
foi dans le politique mais aussi pour offrir des réponses et des solutions
adéquates à la situation actuelle.
Avec le principe de juste équilibre, il parle à tout le
monde; avec sa valeur du respect, il n’oublie personne.
Juste équilibre et respect sont là, entre autres, pour
établir cette confiance indispensable des citoyens en leurs dirigeants, dans
l’idée que ces derniers agissent en faveur de tous et pour le bien de tous.
Mais le juste équilibre est également le principe de toute
décision et le moteur de toute mesure politiques.
Rappelons qu’en
politique, le juste équilibre vise à donner le plus de satisfaction possible à
tous les citoyens tout en sachant que personne ne peut être contenté
totalement. Il vise tous les intérêts particuliers sans promesses démagogiques.
Et c’est dans
l’harmonie de tous les intérêts particuliers que se bâtit le juste équilibre de
la communauté.
Il s’agit de marier individu et
communauté, liberté et solidarité, esprit d’entreprendre et besoin de sécurité,
etc. Ces couples paraît-il antinomiques et soi-disant ennemis irréconciliables
doivent au contraire se réunir, se compléter, se succéder dans un mouvement
circulaire.
Chacune de leurs composantes doit
ainsi sortir ses meilleurs atours et apporter son équilibre dans son couple
pour lui permettre de contribuer à l’équilibre général de la société.
Concrètement, le Centre prône une
politique d’efforts où ceux-ci sont réellement partagés et grâce auxquels
chacun sera, in fine, gagnant.
Ainsi, si les riches doivent
participer au redressement du pays, il faut mettre en place des législations
qui permettent aux entrepreneurs d’avoir une grande liberté pour créer de la
richesse et être à leurs côtés quand ils ont besoin d’être accompagnés dans
cette aventure à hauts risques.
De même, si les salariés doivent
accepter une flexibilité plus grande dans leurs emplois, il faut mettre en
place des législations qui, en cas de licenciement, les aident financièrement
mais, surtout, logistiquement, à retrouver du travail le plus vite possible et
à être plus strict avec les entreprises qui pourraient licencier à tout va sans
réels motifs.
Il convient, en matière
d’éducation et de formation, d’offrir la même chance pour tous mais également
de permettre à ceux qui ont des talents de pouvoir les exprimer pour eux-mêmes,
d’abord, pour la collectivité tout entière, ensuite et leur permettre de
récolter le fruit de leur travail et de leurs capacités sans les montrer du
doigt.
Sans oublier que si le politique
demande, avec raison, aux citoyens d’être des individus responsables, il doit y
avoir une contrepartie.
Celle-ci est, d’une part, que les
politiques soient également responsables, sans échappatoire, et, d’autre part,
qu’ils tiennent un discours honnête sur la réalité qui nous entoure et non des
promesses sans lendemain qui minent la confiance des Français élections après
élections ainsi que dans le gouvernement du pays.
La réaction horrifiée de la
grande majorité des politiques au vu des résultats de ces deux sondages ne doit
terminer encore une fois en eau de boudin et que rien ne bouge jusqu’au jour où
il sera vraiment trop tard.
En désignant, jours après jours,
comme boucs-émissaires les fonctionnaires européens bornés, les immigrés
inassimilables, les chômeurs fainéants, les riches patrons profiteurs, les
jeunes irrespectueux, les commerçants voleurs, les assurés sociaux assistés,
etc. nous répétant qu’ils sont responsables de tous nos maux, les politiques –
qui, eux, répètent-ils, tentent désespérément de changer les choses - sont les
grands responsables du désarroi et de la défiance des Français envers la France
et, par voie de conséquence, envers ceux qui la gouvernent.
Les discours populistes et démagogiques
font gagner des élections, c’est sûr, mais, tout aussi sûr, ils font perdre la
France.
(*)
Baromètre sur la confiance politique, vague 4, réalisé par Opionway du 5 au 20
décembre 2012 sur un échantillon de 1509 personnes de 18 et plus interrogées en
ligne / Sondage France 2013: les nouvelles fractures, réalisé par Ipsos du 9 au
15 janvier 2013 sur un échantillon de 1019 personnes de 18 ans et plus
interrogées en ligne