Certains affirment que c’est dans les temps difficiles que
l’on peut réformer en profondeur un pays, au moment où celui-ci est face à l’urgence
et que son peuple ne peut plus reculer, ni faire l’autruche et doit absolument
et immédiatement prendre des décisions fortes.
D’autres, au contraire, estiment que c’est en période faste
que l’on peut s’attaquer correctement aux dysfonctionnements et aux blocages
car, justement, les réformes à mettre en place seront moins douloureuses dans un
tel contexte.
En réalité, l’histoire nous montre qu’il n’y a pas de
périodes favorables et que les gouvernants ainsi que les gouvernés tentent
toujours de repousser le plus loin possible les réformes importantes comme on
le fait avec le rendez-vous chez le dentiste, que l’on ait une rage de dent ou
pas!
C’est pourquoi, la réforme n’est pas un moment particulier
dans la gouvernance d’un pays mais fait partie intégrante et constante de
celle-ci comme je l’ai souvent écrit, une sorte de réforme
permanente.
Une réforme qui doit être équilibrée, responsable et
pragmatique, une réforme juste.
C’est le Centre et le Centrisme qui, prioritairement,
portent en eux un tel projet politique. C’est d’ailleurs ce qui les distingue
des clientélismes conservateurs défendus par la Droite et la Gauche.
Dans la période difficile que connait actuellement la France
(ainsi que l’Europe), c’est évidemment dans cette voie qu’il faut s’engager sans
plus attendre (et c’est ce qu’ont fait d’ailleurs plusieurs gouvernements, sans
évoquer ici la pertinence ou non des réformes entreprises). Cependant, une fois
l’embellie en vue, il ne faudra pas, tout d’un coup, s’arrêter de réformer.
Ce serait une erreur fondamentale.
Car, la réforme, c’est l’ajustement continuel dont a besoin
un pays pour avancer vers un avenir meilleur (que celui-ci soit économique,
social ou sociétal).
Mais attention, la réforme pour la réforme n’a aucune
pertinence.
La réforme, au-delà de son efficacité, doit être juste,
c’est-à-dire avoir un sens et un objectif.
Le sens, il faut le trouver dans les valeurs qui la
sous-tendent. En l’occurrence, la réforme juste pour le Centrisme, au-delà de
son principe de juste
équilibre, doit être passée au prisme de la liberté, de la tolérance, de la
solidarité ainsi que du respect.
Quant à l’objectif, il est de construire une société
humaniste où l’humain est le centre de tout et dont le but est d’apporter le
mieux possible à tous sans pénaliser aucun.
Sans ce sens et cet objectif, la réforme est un jeu
intellectuel, voire dangereux.
De même, il y a bonne et mauvaise réforme.
Bien entendu, il y a celle qui ne répond pas au défi
conjoncturel du moment, soit parce qu’elle est trop timide et superficielle ou,
à l’inverse, trop radicale, soit qu’elle s’attaque à un domaine qui n’a pas
besoin d’une réforme de ce type.
Malheureusement, elle fait souvent partie de l’aléa
politique, prise dans l’immédiat et sans le recul nécessaire (quelques fois, il
est vrai, impossible à prendre).
Néanmoins, on peut dire qu’en matière structurelle, la
mauvaise réforme est souvent celle qui ne répond qu’à des critères idéologiques
et non à la réalité des choses.
Ainsi, par exemple, quand on parle de réforme de l’Etat, la
question n’est pas «plus» (Gauche) ou «moins» (Droite) d’Etat mais «mieux»
(Centre) d’Etat, c’est-à-dire à un Etat qui fasse mieux avec des coûts
rationnalisés.
C’est pour cela qu’il faut également une méthode
pour réformer.
Si l’on était dans un système où la réforme permanente est
au cœur des décisions, on pourrait, grâce à elle, modeler au fur et à mesure la
société dans la paix sociale afin qu’elle s’adapte en douceur aux nouveaux
défis qui se présentent à elle constamment.
On pourrait ainsi faire l’économie de nombre de crises ainsi
que d’affrontements idéologiques qui interviennent une fois que l’on ne peut
faire autrement que d’agir de manière radicale et souvent sans les
accompagnements nécessaires.
Mais cela voudrait dire que nous serions dans le règne de la
responsabilité et de la clairvoyance, deux caractéristiques fondamentales qui
doivent être portées, à la fois, par les gouvernants et les gouvernés.
Cette année 2013 sera très difficile pour la France et les
Français. Comprendrons-nous enfin que nous aurions pu éviter d’en arriver là si
nous avions accepté de regarder la réalité en face et de faire en sorte de nous
y préparer, non pas pour la subir comme cela va être le cas, mais pour
l’accompagner et en être des gagnants.
Espérons, toutefois, que ce qui nous arrive soit une bonne
leçon que nous retenions pour le futur et que nous changions nos mentalités et
notre irresponsabilité.
Si tel était le cas, nous serions alors dans l’ère de la
maturité de la démocratie républicaine.