- En 2013, plusieurs élections vont concerner les partis
centristes et leur avenir.
Des législatives auront lieu le 22 septembre en Allemagne où
il est désormais difficile de trouver un vrai parti centriste depuis que les
libéraux (FDP) se sont positionnés plus à droite que la démocratie-chrétienne
(CDU–CSU) qui, elle, ressemble plus à un parti du style UMP que du Centre.
Néanmoins, le courant modéré y existe et Angela Merkel, dernièrement, semble
s’être positionnée sur sa ligne.
En Italie, les législatives des 24 et 25 février, verront
l’ensemble des petits partis centriste rangés derrière le président du conseil
sortant, Mario Monti qui a démissionné, lâché par le parti de droite de Silvio
Berlusconi. Ils pourraient ainsi être les arbitres du scrutin dont la victoire
devrait, normalement, revenir au Parti démocrate de centre-gauche qui a préféré
noué des alliances à sa gauche plutôt qu’au centre mais qui aura sans doute
besoin des centristes au Sénat pour constituer une majorité.
Les législatives du 22 janvier en Israël se dérouleront
alors que les centristes désunis (avec, entre autres, Kadima en chute libre et
Le Mouvement de Tzipi Livni peu crédible) ne devraient pas faire le poids face
au Likoud de Netanyahu, de plus en plus à droite et jouant sur les peurs de la
population mais qui parvient encore à trouver plus à droite que lui dans une
surenchère qui est dangereuse pour le pays et son avenir.
Une présidentielle importante aura lieu en république
tchèque en janvier (11-12 et 25-26 janvier) car elle sera la première du genre
à se dérouler au suffrage universel direct, ce que demandait 80% de la
population. Neuf candidats sont en lice pour un scrutin qui s’annonce serré.
Il y aura également une élection législative au Pakistan
(février ou mars) et une présidentielle en Iran (juin) qui ne devraient pas
permettre aux courants modérés de se faire réellement entendre alors que l’on
sait qu’une grande partie des populations concernées sont proches de leurs
thèses.
Il sera intéressant de voir si les élections prévues sur le
continent africain (Kenya en mars, Madagascar en mai; Togo, Guinée et Zimbabwe
n’ont pas encore arrêté les dates de leurs élections respectives…) mettront en
avant les partis centristes de plus en plus nombreux en Afrique.
On suivra aussi les législatives en Jordanie (23 janvier)
pour savoir où en est le courant centriste laïc dans les pays arabes après ses
déconvenues en Tunisie et en Egypte.
Enfin, des élections en Albanie (législatives au printemps),
au Cambodge (législatives en juillet), en Géorgie (présidentielles en octobre)
et au Népal (élection d’une assemblée constituante en avril ou mai) pourraient
permettre l’émergence de personnalités et de courants centristes dans des pays
au prise avec de graves difficultés politiques et/ou économiques.
- Aux Etats-Unis, Barack Obama débutera son second mandat
cette année. Les avis sont partagés sur sa capacité à gouverner de manière
consensuelle et à parvenir à faire passer les mesures qu’il a promises aux
Américains durant la campagne électorale.
On a vu ainsi avec quelles difficultés le Congrès est
parvenu à un accord minimum sur les hausses d’impôts fin décembre et début
janvier afin d’éviter un blocage qui aurait conduit à des difficultés
économiques et financières pour la pays (appelées «fiscal cliff».
Cet accord que l’on a qualifié de «victoire» pour Obama, est
demeurée en travers de la gorge de nombreux républicains jusqu’au-boutistes qui
veulent, d’après nombre de commentateurs, la lui faire payer très cher en
bloquant toutes ses initiatives, quelles qu’elles soient, au mépris même de
l’avenir du pays.
Dans ce contexte, les réformes urgentes sur la fiscalité
(priorité d’Obama), les finances publiques (priorité des républicains), la
protection sociale (priorité des républicains et d’Obama), le port d’arme
(priorité d’Obama et des démocrates) mais aussi les remises à plat du budget de
la défense (priorité de tous) et des axes de la politique étrangère (priorité
de tous) risquent de n’être que des prétextes à des affrontements idéologiques
et des tribunes partisanes sans des décisions à la hauteur des enjeux.
L’espoir de faire sauter le blocage viendrait alors des
élections de mi-mandat, en 2014, qui sanctionneraient l’obstruction des
républicains les plus radicaux afin de donner une vraie majorité consensuelle
capable de prendre ses responsabilités dans la direction du pays.
Rappelons tout de même que la volonté des Américains a été
assez claire en novembre dernier puisque, non seulement Barack Obama a été
réélu mais le Sénat est demeuré à majorité démocrate et que si les élections à
la Chambre des représentants ont certes ramené une majorité de républicains, ce
n’est que grâce aux charcutages des circonscriptions puisque les démocrates ont
été, là aussi, majoritaires en voix.
- Le vrai challenge international des partis centristes, en
2013, sera l’Europe et son union, ce combat inlassable où le Centre est en
première ligne depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale mais également bien
avant avec des précurseurs comme Aristide Briand.
L’Union européenne est une nécessité incontournable pour
tous les pays qui en sont membres même si certains (Royaume Uni, République
Tchèque, Grèce, …) la critiquent tout en profitant de son existence et auraient
bien du mal à surnager s’ils en sortaient.
Mais elle est aussi une chance pour le monde et la
mondialisation, que ce soit pour la globalisation économique ou le métissage
culturel qui doit permettre de créer une communauté mondiale respectueuse et en
paix.
Les Européens ont donc, à la fois, une chance à saisir et un
devoir au regard de l’humanité.
Les partis centristes qui font de l’incantation sur le
fédéralisme à longueur de temps doivent prendre en main, concrètement, le
combat pour l’Europe, dans tous les pays de l’Union.
Ils doivent faire progresser l’idée des Etats-Unis d’Europe,
seuls capables de donner un grand avenir à tous les pays qui les composeront et
une assise démocratique au monde (en duo avec les Etats-Unis d’Amérique).
Le rêve européen doit ainsi prendre sa place dans les
grandes représentations du monde au même titre que le rêve américain. Assis sur
des valeurs fortes qui ont construit le continent au cours des siècles, il doit
être un phare humaniste.
Un échec de l’Europe (ou de la zone euro) serait une
catastrophe pour les pays du vieux continent comme la France mais aussi pour
l’espoir d’un monde de progrès et de paix qui fait que l’on s’engage
politiquement en faveur du Centre.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC