Dans cette rubrique, nous publions les points
de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du
CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser
la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le
Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville
(Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation
relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).
Dans une chronique précédente, j’avais déjà
posé cette question. J’y reviens aujourd’hui car je n’ai pas les réponses
attendues et je me demande sérieusement si je les aurai un jour…
Résumons-nous. La direction de l’UDI a été
établie avec quelle consultation des adhérents? A la place modeste que j’occupe,
je suis en état de répondre: aucune. Je suis vice-président de l’Alliance centriste
en Seine-Maritime (dirigée par Jean Arthuis). Je n’ai pas été consulté sur
l’accession de Mr Borloo à la présidence nationale de l’UDI, mon président
départemental ne l’a pas été davantage.
Je suis membre du Conseil scientifique de
l’Institut du Centre. Je n’ai aucune information sur une réunion à venir. On
parle d’une fusion avec l’Institut Lecanuet mais c’est pour l’instant de
l’ordre de la rumeur. Sur ces bases que je livre à la connaissance des
centristes qui fréquentent ces chroniques, je considère qu’ironiser sur
l’absence de démocratie à l’UMP, est pour le moins léger et affligeant!
D’où vient la difficulté? Selon moi et je l’ai
déjà écrit précédemment, elle résulte du
flou total qui règne en matière doctrinale. L’UDI a-t-elle une identité? Pour
l’instant elle est partagée si l’on peut dire (car c’est implicite) entre le
radicalisme et une inspiration libérale timide, l’enracinement démocrate
chrétien étant passé sous silence pour ne pas heurter la franc-maçonnerie.
Sur ces bases, on ne construit rien et on ne
construira rien. Or les résultats de l’élection présidentielle étudiés par des
géographes dans le dernier numéro de la Revue française de science politique (octobre-décembre
2012) sont très instructifs. J’en isole un point capital: les plus grands
progrès du vote Hollande par rapport au vote Mitterrand en 1981 sont repérables
dans les terres de la démocratie chrétienne: la Bretagne, la Vendée et les pays
de Loire, le Massif central, les Pyrénées atlantiques. Reconquérir ces
territoires suppose un vrai programme centriste basé sur les valeurs du
personnalisme, une assomption du libéralisme économique accompagné d’une
éthique qui permette une vraie structuration de la société autour de la
responsabilité personnelle. Cela implique que l’on ne cède pas à toutes les
expressions du désir et du prétendu droit à.
Par exemple, cela doit se traduire, selon moi,
par un refus du projet de mariage homosexuel. Or le président de l’UDI a
déclaré qu’il y aurait liberté de vote...
En bref et en clair, il n’y a pas d’identité de
l’UDI au plan intellectuel et il n’y a pas
de démocratie interne. C’est un peu court pour exister durablement sur
l’échiquier politique et pour être repérable aux yeux des électeurs.
Jacques Rollet