Il y avait tant de raisons pour que Barack Obama perde le 6
novembre: un taux de chômage à près de 8% qui n’avait jamais permis la
réélection d’un sortant; une croissance plus que modérée qui continue à peser
sur le bien être et le moral des Américains; un président trop noir et trop
cérébral parfois trop brillant; des déçus tant à gauche (pas assez de réformes)
qu’à droite (trop de réformes) qui, tous, lui reprochaient son positionnement
indubitablement centriste; des républicains souvent franchissant les limites de
la décence à son encontre et bénéficiant d’une manne financière quasiment illimitée
pour un seul but, faire du président tant honni, un «one term president» (le
président d’un seul mandat), comme le clamait sans vergogne leur leader au
Sénat, Mitch McConnell, qui n’a d’ailleurs pas hésité à en rajouter une couche
hier, comme tout mauvais perdant dévoilant son irrespect du vote démocratique.
Sans oublier des signes négatifs en pagaille comme…la dernière
défaite, juste avant le scrutin, de l’équipe de football américain des Redskins
(l’équipe de la capitale, Washington) qui va généralement de pair avec celle d’un
président sortant.
Et pourtant, Barack Obama a gagné.
Et c’est véritablement une victoire historique, un adjectif
qui n’est pas trop fort, tout autant que celle de 2008 mais pour d’autres
raisons.
D’abord et surtout parce qu’il est le seul des dirigeants
des grand pays développés à retrouver son siège dans cette crise plus ou moins
larvée selon les pays. Ainsi, les Zapatero (Espagne), Berlusconi (Italie),
Brown (Royaume Uni) et Sarkozy (France), parmi d’autres, sont passés à la trappe
du suffrage populaire, victimes d’une situation économique et sociale difficile.
Ensuite, parce qu’il a démontré qu’il était réellement le
président de cette nouvelle Amérique qui se construit, celle de l’avenir qui
est désormais un melting-pot, non plus d’Européens blancs, mais de blancs, de
latinos, de noirs et d’asiatiques.
Enfin parce qu’il a démontré que son élection de 2008 n’était
pas un accident ou une simple rédemption d’une nation où l’esclavage des noirs
puis leur marginalisation les a cantonnés pendant longtemps en simple
spectateur impuissants et déshérités de la réussite du pays dont ils étaient
des citoyens de seconde zone quand on voulait bien les considérer comme des
citoyens.
A l’opposé de 2008, il a gagné la présidentielle sur un
bilan, certes parfois contesté mais réel (il a été un des plus importants
présidents législateurs de l’histoire du pays), et non sur une image, démontant
l’inanité des attaques et des menaces haineuses et racistes de ses opposants
les plus virulents comme ceux du Tea Party qui le montraient en Hitler, Staline
ou le Joker de Batman venues d’arrière-pensées que l’on pensait révolues.
Oui, pour ces raisons, la victoire de Barack Obama est
historique.
Reste à savoir, maintenant, si ses huit ans de présidence seront,
eux aussi, historiques car il y a encore beaucoup de boulot comme il l'a reconnu lui même hier lors de son intervention devant les militants démocrates réunis à Chicago après les résultats faisant de lui un «two term president».
Rendez-vous en 2016.
Alexandre Vatimbella