Morcelés, fragmentés et éparpillés en de multiples chapelles
depuis cinq ans, les centristes sont toujours désunis malgré les déclarations
triomphalistes des dirigeants de l’UDI (Union des démocrates et indépendants)
et les dires des médias.
Cependant, dorénavant, ils ne sont plus dispersés que dans
deux églises et deux schismes.
Une partie d’entre eux, qui se présentent comme de centre-droit
(Nouveau centre, Force européenne démocrate, Alliance centriste), a décidé de
s’unir avec une partie de la droite modérée (Parti radical, Territoires en
mouvement, Centre national des indépendants et paysans) dans l’UDI.
Une autre partie, dont la plupart de ses membres se
présentent comme au centre du Centre, demeure fidèle au Mouvement démocrate et,
surtout, à son chef, François Bayrou.
On trouve toujours des centristes de centre-gauche ralliés
pour ne pas disparaître au Parti socialiste (les Radicaux de gauche) et des
centristes de centre-droit membres de l’UMP pour éviter d’être marginalisés.
Ce panorama montre que, pour l’instant, on ne peut parler
d’un Centre uni.
Peut-être que l’UDI sera capable de faire ce que même l’UDF
n’était pas parvenue à réaliser en son temps mais ceci est pour l’instant
uniquement hypothétique.
Une UDI qui s’est présentée aux centristes au sortir d’une
bérézina électorale, leur existence même semblait alors engagée, et après plusieurs
échecs de refondation.
Du coup, n’est-elle pas la moins mauvaise solution comme le
pensent beaucoup d’entre eux?
Il est certain que le fait d’être réuni dans une même
structure va permettre à ces centristes de peser et de mieux faire entendre
leur voix.
A l’opposé des centristes de centre-droit de l’UMP, ceux de
l’UDI auront certainement un plus grand pouvoir.
Mais à quel prix? Il est pour le moment difficile de
l’apprécier avec clarté.
Une chose est sûre, néanmoins, les centristes de l’UDI ne la
dirigent pas et ils n’ont pas été capables, d’eux-mêmes, de se réunir, ce qui
ne les rend pas indépendants malgré le nom de la structure dans laquelle ils se
trouvent.
Ce n’est pas une nouveauté, les centristes furent dans la
même situation dans l’UDF originelle (même si Jean Lecanuet la présidait).
Dès lors peut se poser une autre question: les centristes ne
sont-ils pas condamnés à ne faire que de la figuration comme le prétendent leurs
adversaires et leurs contempteurs?
La (més)aventure du MoDem et la création de l’UDI semblent
répondre d’elles-mêmes par l’affirmative à cette interrogation.
Mais une autre explication est possible.
Le Centre et le Centrisme n’ont peut-être pas eu ces trente
dernières années les représentants à la hauteur de la vision humaniste qu’ils
proposent.
En les attendant, l’UDI de 2012 sera ce que l’UDF fut en
1978: un lieu d’accueil pour les centristes en désespoir de cause et,
peut-être, un moyen de se reconstruire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC