vendredi 12 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Joe Biden recadre le débat sur un choix politique


Joe Biden a sans doute «remporté» le débat des vice-présidents de Danville (Kentucky) qui l’opposait à son adversaire républicain, Paul Ryan comme l’indique la plupart des commentaires journalistiques.
Sans doute, également, cela aura moins d’impact que la «victoire» attribuée à Mitt Romney lors de son face-à-face avec Barack Obama par les médias américains.
Reste que l’intérêt de cet affrontement télévisuel a été loin d’être nul, au contraire.
Il a résidé dans ce recadrage hautement nécessaire sur le choix politique important du 6 novembre prochain et non sur la capacité d’un candidat (Romney) à ne pas sombrer face à un autre (Obama), voire à être le meilleur.
Car nous étions bien, hier soir, dans cet affrontement entre deux visions, non pas de l’Amérique car ce serait trop emphatique de le prétendre, mais du gouvernement des Etats-Unis dans les prochaines années à la lumière de ce qui se passe actuellement, notamment entre un président démocrate consensuel et une Chambre des représentants républicaine radicalisée.
Ainsi, l’alternative est bien, dans ses grandes lignes, entre s’appuyer sur les riches pour faire repartir l’économie (vision républicaine) ou sur la classe moyenne (vision démocrate).
De même, entre le rôle de l’Etat, le moins interventionniste possible en matière sociale (vision républicaine) et d’une puissance publique soutient des plus faibles (vision démocrate).
Sans oublier l’opposition entre un libéralisme économique dur (vision républicaine) et un libéralisme culturel affirmé (vision démocrate).
Dans cette opposition, le problème est que Barack Obama dit largement ce qu’il est et ce qu’il va faire alors que Mitt Romney avance largement masqué.
C’est ce qu’a voulu dire Joe Biden et que Paul Ryan a eu du mal à réfuter à chaque fois que la modératrice du débat, la journaliste Martha Raddatz, lui demandait de préciser ses positions par des exemples sur la manière dont elles seraient effectivement appliquées concrètement.
C’est là que le bas blesse vis-à-vis du ticket républicain. Son projet politique demeure dans le flou le plus artistique possible afin de ratisser large.
De même, Paul Ryan, que l’on ne peut définir comme un modéré – ce que ce proche du Tea Party prendrait lui-même comme une insulte! – s’est évertué à apparaître comme une sorte de centriste, tout comme son leader, Mitt Romney, s’est présenté comme tel lors du débat de Denver.
La question étant de savoir ce que serait exactement leur politique s’ils étaient élus, tant ils ont dit tout et son contraire.
Espérons que les deux prochains débats entre Barack Obama et Mitt Romney permettront d’éclairer les électeurs américains et leur permettre de savoir pour qui et pour quoi ils vont voter.
C’est le moins que la plus grande démocratie du monde peut faire…
Alexandre Vatimbella

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Nobel de la paix mérité de l’Union européenne


Les humains ont vraiment la mémoire courte et peu de recul sur leur condition. Ce n’est guère nouveau mais les «sarcasmes» et autres «incrédulités» face à l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne viennent nous le rappeler tristement.
Car si ces contempteurs de l’Union européenne s’étonnent qu’elle ait reçu ce prix (on parle ici de paix pas de développement économique ou social), qu’ils regardent un peu dans le rétroviseur de l’Histoire les tragédies malheureusement pas si lointaines.
Pendant les quarante-cinq premières années du XX° siècle, les guerres initiées par les peuples de l’UE ont fait, au bas mot, soixante-dix millions de morts.
Les innombrables cimetières militaires et monuments aux morts sont autant de lieux de mémoire face aux tentations de l’oubli, ce dernier étant le meilleur ami des prochaines boucheries.
Et je ne parle même pas de ces conflits infinis qui ont ensanglanté l’Europe au cours des millénaires.
Depuis que celle-ci a décidé de s’unir, plus aucune guerre n’a opposé les grands pays du continent.
Mieux, l’intégration rapide des pays de l’Est après la chute du rideau de fer a empêché des guerres sanglantes que redoutaient tous les spécialistes.
Comme aucun conflit n’a alors éclaté, cela n’a pas fait les gros titres de la presse et donc les peuples ne sont guère inquiétés mais la réalité, elle, était bien là.
Bien sûr, il y a eu le couac de l’ex-Yougoslavie, tout en sachant que cette dernière n’était pas dans l’Union européenne.
En tout cas, quelles que soient les critiques de gens qui ne savent même plus dans quel monde ils vivent (à moins qu’une «bonne guerre» les tente!), les centristes peuvent être fiers de ce prix Nobel de la paix, eux qui ont été les pionniers, à l’image d’Aristide Briand ou de Robert Schuman, d’une intégration européenne et qui, sans relâche, promeuvent son approfondissement et un fédéralisme qui, seul, permettra à la paix sur le continent et ailleurs, d’être plus solide.
Evidemment, ce prix Nobel doit également nous interpeler, nous les Européens, pour que nous prenions conscience que nous avons un outil à notre disposition pour faire rayonner cette paix mais aussi pour prendre les décisions urgentes afin que cette union européenne continue à aller de l’avant et devienne enfin ce véritable phare humaniste qui était l’ambition de ses fondateurs.