Joe Biden a sans doute «remporté» le débat des
vice-présidents de Danville (Kentucky) qui l’opposait à son adversaire
républicain, Paul Ryan comme l’indique la plupart des commentaires
journalistiques.
Sans doute, également, cela aura moins d’impact que la
«victoire» attribuée à Mitt Romney lors de son face-à-face avec Barack Obama
par les médias américains.
Reste que l’intérêt de cet affrontement télévisuel a été loin
d’être nul, au contraire.
Il a résidé dans ce recadrage hautement nécessaire sur le
choix politique important du 6 novembre prochain et non sur la capacité d’un
candidat (Romney) à ne pas sombrer face à un autre (Obama), voire à être le meilleur.
Car nous étions bien, hier soir, dans cet affrontement entre
deux visions, non pas de l’Amérique car ce serait trop emphatique de le
prétendre, mais du gouvernement des Etats-Unis dans les prochaines années à la
lumière de ce qui se passe actuellement, notamment entre un président démocrate
consensuel et une Chambre des représentants républicaine radicalisée.
Ainsi, l’alternative est bien, dans ses grandes lignes,
entre s’appuyer sur les riches pour faire repartir l’économie (vision
républicaine) ou sur la classe moyenne (vision démocrate).
De même, entre le rôle de l’Etat, le moins interventionniste
possible en matière sociale (vision républicaine) et d’une puissance publique
soutient des plus faibles (vision démocrate).
Sans oublier l’opposition entre un libéralisme économique
dur (vision républicaine) et un libéralisme culturel affirmé (vision
démocrate).
Dans cette opposition, le problème est que Barack Obama dit
largement ce qu’il est et ce qu’il va faire alors que Mitt Romney avance
largement masqué.
C’est ce qu’a voulu dire Joe Biden et que Paul Ryan a eu du
mal à réfuter à chaque fois que la modératrice du débat, la journaliste Martha
Raddatz, lui demandait de préciser ses positions par des exemples sur la manière
dont elles seraient effectivement appliquées concrètement.
C’est là que le bas blesse vis-à-vis du ticket républicain. Son
projet politique demeure dans le flou le plus artistique possible afin de
ratisser large.
De même, Paul Ryan, que l’on ne peut définir comme un modéré
– ce que ce proche du Tea Party prendrait lui-même comme une insulte! – s’est
évertué à apparaître comme une sorte de centriste, tout comme son leader, Mitt
Romney, s’est présenté comme tel lors du débat de Denver.
La question étant de savoir ce que serait exactement leur
politique s’ils étaient élus, tant ils ont dit tout et son contraire.
Espérons que les deux prochains débats entre Barack Obama et
Mitt Romney permettront d’éclairer les électeurs américains et leur permettre
de savoir pour qui et pour quoi ils vont voter.
C’est le moins que la plus grande démocratie du monde peut
faire…
Alexandre Vatimbella