La différence entre les conventions républicaine et
démocrate est que les républicains ont essayé de rameuter les centristes
indécis et déçus de la présidence Obama sans pour autant ne leur proposer quoi
que ce soit de précis, seulement de montrer leur déception en changeant de
camp, alors que les démocrates, à l’image de la plupart des orateurs, ont
démontré leur engagement centriste.
Cela suffira-t-il à convaincre les fameux «independents»
modérés, on ne le saura qu’au soir du 6 novembre…
Rappelons que à propos de ces modérés, qu’ils ne sont qu’une
partie, certes importante mais une partie seulement, de cette catégorie «independents»
où l’on trouve également des personnes de toutes les tendances politiques, des
ultras-libertariens aux communistes sectaires, tous ceux qui disent aux
sondeurs ne pas se reconnaitre dans les deux grands partis, républicain et
démocrate.
Or donc, tout au long de la Convention démocrate qui vient
de s’achever à Charlotte (Caroline du Nord), les intervenants se sont montrés
adeptes d’une société équilibrée et consensuelle, d’une volonté de gouverner au
centre et pour le bien de la classe moyenne.
Les vedettes de ce grand show plutôt réussi selon les médias
ont été Bill Clinton et, bien évidemment, Barack Obama, deux hommes qui ont, à
de multiples reprises, déclaré leur centrisme.
Loin donc d’un exercice de style où les déclarations n’ont
qu’un but électoraliste comme chez Mitt Romney, leurs professions de foi
centristes devant les militants de leur parti et au peuple américain étaient
bien sincères, leurs présidences respectives en témoignant par ailleurs.
Barack Obama a ainsi pu, d’un côté, glorifier ceux qui ont
un rêve et qui réussisse de même que l’individualisme comme une des principales
valeurs américaines tout en affirmant qu’il y avait aussi une autre valeur tout
aussi importante aux Etats-Unis, la «citoyenneté» qui permet aux Américains de
s’aider et de prendre soin des autres, notamment ceux dans la difficulté et le
besoin ou, tout simplement, pour construire ensemble une meilleure société.
«Aux Etats-Unis, nous ne croyons pas en ce qui peut être
fait pour nous mais ce qui peut être fait par nous» a-t-il ajouté tout en
mettant en avant le patriotisme.
Néanmoins, face à la radicalisation droitière d’une grande
partie des républicains, il a rappelé que «sur chaque question, le choix ne se
résumera pas seulement entre deux candidats ou deux partis» mais qu’il s’agira «d’un
choix entre deux différentes voies pour l’Amérique», «un choix entre deux
visions fondamentalement différentes pour le futur».
De son côté, Bill Clinton a délivré ce que certains commentateurs
ont qualifié comme l’un de ses meilleurs discours.
L’ancien président des Etats-Unis a, par un exposé clair,
précis, didactique et enlevé, présenté le bilan d’Obama tout en réfutant les
attaques des républicains et en les mettant devant leurs propres contradictions
et impasses.
Il a ainsi déclaré que «la question la plus importante est
dans quel genre de pays voulons-nous vivre? Si vous voulez une société où le
gagnant ramasse toute la mise, vous devez soutenir le ticket républicain. Si
vous voulez un pays où la richesse est partagée ainsi que la responsabilité –
une société où on est tous dans le même bateau – vous devez voter pour Barack
Obama et Joe Biden», ajoutant que cette dernière philosophie était bien
meilleure que le «chacun pour soi» républicain.
En outre, il a affirmé que «malgré que je sois souvent en
désaccord avec les républicains, je n’ai vraiment jamais appris à les haïr de
la manière dont l’extrême-droite qui contrôle maintenant leur parti semble haïr
notre président et beaucoup d’autres démocrates».
Cette faction d’extrême-droite est celle qui refuse toute
coopération et tout compromis, menaçant ceux qui oseraient le faire de
représailles, au risque de plonger le pays dans le marasme, simplement par
idéologie.
Pour lui, une des raisons de «réélire le président Obama est
qu’il est toujours engagé dans une coopération constructive» avec tout le
monde.
Et, tout au long de son discours, il s’est attaché à présenter
les leaders républicains comme des personnes irresponsables qui font des
discours et des propositions intenables.
Il a pris pour exemple sa réussite dans l’équilibre du
budget américain: «les gens me demandent tout le temps comment nous avons eu un
budget en excédent quatre fois de suite. Quelles nouvelles idées avez-vous
apportées à Washington? Je donne toujours une réponse en un mot: arithmétique»
Un mot dont, selon lui, les républicains ont oublié la
signification quand ils prétendent pouvoir lutter contre l’énorme déficit
actuel et vouloir équilibrer le budget tout en augmentant les dépenses
militaires et en réduisant les impôts pour les plus riches...
Alexandre Vatimbella