La Convention républicaine vient de s’achever à Tampa (Floride) avec l’intronisation officielle du ticket du parti pour la présidentielle, Mitt Romney-Paul Ryan.
Cette grande messe, devenue surtout un grand moment médiatique à défaut d’avoir vraiment un pouvoir sur la nomination du candidat qui s’est faite largement en amont durant les primaires, permet au parti et à son représentant à la présidentielle de se présenter au pays mais est avant tout une fête d’autocongratulation.
Il en sera exactement de même, la semaine prochaine, avec la Convention démocrate qui se tiendra à Charlotte (Caroline du Nord) et qui permettra à Barack Obama de présenter son projet pour les quatre prochaines années et de répondre aux nouvelles attaques virulentes dont il a été l’objet à Tampa.
Les républicains ont en effet été d’abord dans l’agressivité et la confrontation pure et dure face au président sortant, ce qui est leur principal point commun.
C’est évidemment de bonne guerre d’autant qu’il s’agit d’une stratégie qu’ils déploient maintenant depuis quatre ans sans relâche et au mépris total de la situation de leur pays.
Les moteurs de cette haine viscérale sont nombreux.
Néanmoins, on peut en dégager deux présents avant même le début du mandat d’Obama: la crainte que cet homme charismatique réussisse sa présidence et les éloigne pour longtemps du pouvoir; surtout cette angoisse de la population blanche masculine (l’énorme majorité de l’électorat républicain et qui est en train de perdre, petit à petit sa prééminence), que l’élection en 2008 d’un noir ne soit le signe de l’édification irréversible d’une nouvelle Amérique culturellement et démographiquement métissée dans laquelle elle perdrait son identité.
Dès lors, l’artillerie lourde n’a pas cessé, depuis 2009, de pilonner Obama pour tenter de faire de lui un «one term president» (président d’un seul mandat).
Dépeint comme un hybride de Staline et de Hitler par les militants du Tea Party (ce mouvement d’extrême-droite qui a pris une importance centrale dans le Parti républicain), il n’a jamais pu mettre en place la gouvernance bipartisane, voire post-partisane, qu’il appelait de ses vœux, ne trouvant pratiquement aucun élu républicain pour oser travailler avec lui de peur des représailles et de perdre son siège.
Tampa n’a donc pas dérogé à la règle.
Non seulement les attaques ont été dures mais elles ont été mensongères dans la plupart des cas.
Que les ultraconservateurs qui flirtent avec l’extrême-droite aient été à la pointe de ce combat sans merci n’étonnera personne.
On est cependant surpris qu’un de ceux-ci, Paul Ryan, ait été un des plus virulents, en tout cas celui qui a le plus déformé la réalité, se faisant même traiter de menteur par l’ensemble des médias.
Car, l’on attendait une certaine dignité de celui qui est désormais le candidat à la vice-présidence en novembre prochain.
Ce ne fut pas le cas, malheureusement, confirmant que tous les moyens seraient bons pendant les deux gros mois qui restent avant le scrutin.
Quant à Mitt Romney il a gardé bien des secrets sur sa vie privée mais, surtout, sur son programme, amenant beaucoup de commentateurs à se demander, une nouvelle fois, s’il en a vraiment un...
Sa promesse la plus importante est la création de douze millions d’emplois dans les quatre ans à venir.
Des experts ont calculé que pour y parvenir, il faudrait que la croissance des Etats-Unis batte des records qui n’ont pas été atteints depuis soixante ans!
Enfin, l’on a attendu, en vain, que les républicains proposent un gouvernement modéré avec une volonté de consensus comme l’avait proposé Barack Obama en 2008 et qu’il propose toujours aujourd’hui avec une fin de non-recevoir de la Chambre des représentants à majorité républicaine (d’où le blocage du pouvoir politique que les républicains reprochent à Obama!).
De ce point de vue, le Parti républicain n’a plus grand-chose à voir avec le Centre ou même le centre-droit.
C’est d’ailleurs ce qu’il revendique haut et fort après avoir éliminé systématiquement et méthodiquement tous les modérés de ses rangs.
Un drôle de casse-tête pour Mitt Romney qui ne pourra gagner la présidentielle qu’en allant chercher les électeurs «independents» à la fibre centriste…
Tout cela n’a guère d’importance pour une large frange des militants républicains, pour qui il vaut mieux perdre une élection que de renoncer à leur radicalisme idéologique et totalement inapplicable dans une société développée du XXI° siècle.
Une défaite de ce type a déjà eu lieu en 1964 avec la candidature de l’ultraconservateur Barry Goldwater, balayé par Lyndon Johnson.
Reste que, pour ces fanatiques, la pire désillusion est peut-être encore à venir.
Il ne s’agit pas de l’élection d’Obama pour un second mandat mais de la victoire de Romney dont la présidence serait sans doute bien loin de leurs espoirs d’une révolution conservatrice et du chacun pour soi.
Car, comme l’a montré le recentrage obligé de Ronald Reagan peu après son élection, il est impossible de gouverner contre la réalité sauf à se suicider politiquement et à plonger son pays dans le marasme...
Alexandre Vatimbella
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