Trente-cinq points de différence entre les visions
républicaine et démocrate du rôle de l’Etat dans l’économie, voilà une nouvelle
preuve de la radicalisation des deux bords, en particulier des républicains et
de leur frange extrémiste de droite représentée largement au sein du mouvement
Tea Party.
Ainsi, selon un sondage du Pew Research Center, 76% des
électeurs républicains (87% de ceux proches des thèses du Tea Party) estiment
que la régulation de l’Etat dans les affaires fait plus de mal que de bien
alors qu’ils ne sont que 41% des électeurs démocrates à partager ce point de
vue.
En 2007, dans un pays largement pour la liberté dans tous
les domaines, 57% des électeurs républicains mais aussi des électeurs
démocrates pensaient la même chose.
Depuis, la crise est passée par là avec tous les
comportements frauduleux et malhonnêtes des secteurs de l’immobilier, de
l’assurance et de la finance entre autres, les scandales touchant actuellement
de nombreuses banques continuent d’ailleurs à alimenter les gros titres des
médias américains et mondiaux.
Du coup, les électeurs au centre et de gauche ont revu leur
point de vue en matière de régulation étatique.
Ainsi, au-delà d’une vision négative de ce que produit cette
régulation, il faut noter, toutefois, que 62% des électeurs républicains qui ne
sont pas affiliés au mouvement du Tea Party estiment que la régulation du
marché par l’Etat est une nécessité.
De leur côté les démocrates conservateurs et modérés sont
79% à le penser.
Mais si l’on prend les deux franges les plus radicales dans
les deux partis, on s’aperçoit que 68% des électeurs républicains se disant
proches du Tea Party estiment qu’une régulation du marché n’est pas nécessaire
alors que 82% des électeurs démocrates se considérant comme «liberal» (plus à
gauche voire très à gauche) pensent le contraire.
Ce différentiel énorme entre ces deux franges - 150 points!
– est bien une nouvelle preuve d’un fossé qui se creuse de plus en plus entre
les deux grands partis qui doivent rassembler tous leurs électeurs avant de se
tourner vers ceux qui ne se disent affilier à aucun d’eux, les «independents»
dont une partie est considérée comme centriste.
Cependant, il convient de rappeler une évidence trop souvent
zappée par les commentateurs des deux côtés de l’Atlantique: la radicalisation
des républicains et leur virage très à droite a déplacé le centre de gravité de
la vie politique américaine.
En revanche, il n’a pas déplacé le lieu du Centre.
Résultat, la très grande majorité des élus centristes sont
désormais au Parti démocrate alors que les derniers qui restaient encore au
Parti républicain ont, soit décidé de se retirer de la politique telle la
sénatrice du Maine, Olympia Snow, soit ont été battus à plate couture lors des
primaires républicaines.
Selon les politologues, cette situation devrait être très
préjudiciable pour les républicains dans les années à venir, les obligeant
alors à se recentrer.
Nous n’en sommes, malheureusement, pas encore là…
Alexandre Vatimbella