Récemment, le petit monde du Centre a été agité par une
question existentielle dont l’importance est inversement proportionnelle à
l’activité économique de la France au mois d’août: le Mouvement démocrate
va-t-il rejoindre la gauche?
Tout cela parce que Robert Rochefort, membre éminent du
parti de François Bayrou n’arrête pas, avec quelques autres dont Jean-Luc Bennahmias,
de ronger son frein pour passer le Rubicon et aller à la pêche au strapontin du
côté de du Parti socialiste dont ils ont toujours été plus proches que du Centre.
On connait le problème de François Bayrou dans ce domaine
très particulier du ralliement avant trahison.
Presque totalement isolé, ne pouvant compter que sur sa
fidèle Marielle de Sarnez, il fait du racolage de temps en temps pour donner
l’impression qu’il n’est pas tout seul.
Mais il s’agit d’un faux-semblant qui se termine souvent en
eau de boudin.
Beaucoup de ceux qui l’ont rejoint un moment, se sont soit
fâchés avec lui, soit l’ont trahi en allant voir ailleurs si l’herbe n’y était
pas plus accueillante pour leurs petites ambitions.
Robert Rochefort n’attend qu’un appel de la Gauche pour le
faire.
Dans les médias, on connait bien cet homme qui dirigea un
temps le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des
conditions de vie), parce qu’il avait la fâcheuse habitude de les squatter à
longueur de journée pour y apporter sa bonne parole.
Il fut accueilli au MoDem par François Bayrou qui le fit
élire, comme d’autres avant lui, député européen, la récompense habituelle pour
ce type de ralliement au chef que l’on qualifiera de «people» (Jean-François
Kahn en bénéficia également).
Rochefort s’est alors découvert une âme centriste, lui qu’on
avait toujours catégorisé à gauche, tout en lorgnant vers des places
ministérielles d’où qu’elles puissent venir.
La victoire de la Gauche a créé une belle opportunité pour
ses ambitions.
D’autant que François Bayrou a appelé à voter pour François
Hollande au second tour de l’élection présidentielle.
D’où l’attente d’une récompense.
Mais celle-ci n’est pas venue, d’où la grande déception et
amertume de celui qui se voyait déjà dans un fauteuil de ministre même s’il
était le seul à y croire.
Plus sérieusement, le Mouvement démocrate est en train de
vivre un moment difficile, pris dans ses propres contradictions et son absence
de ligne politique claire.
Ainsi, messieurs Rochefort et Bennahmias ont pris leur carte
au MoDem en croyant atterrir dans un parti de centre-gauche militant pour une social-démocratie
à la veine écolo.
En fait, ils n’étaient que dans un mouvement totalement dédié
au chef, François Bayrou, et dont le positionnement sur l’échiquier politique
n’était que le reflet d’une stratégie personnelle de celui-ci, uniquement
tournée vers la présidentielle et le moyen, sinon de la gagner, d’au moins y
figurer comme un acteur principal.
Dans ce jeu de dupes, ils ont été, à la fois, les dupeurs et
les dupes.
Malheureusement, le Centre est trop souvent la victime de ce
genre d’épisodes qui ne sert vraiment pas son image et sa cause.
Le Centriste