Pressé par ses amis de laisser la présidence du Mouvement
démocrate, François Bayrou a refusé de laisser la barre au parti qu’il a fondé.
Il a, en revanche, accepté de prendre du «recul» et de «visiter
le pays du silence».
Selon lui, il n’interviendra plus que sur les grandes
questions dont, en particulier, le fédéralisme européen, auquel, dit-il, il a
beaucoup réfléchi.
Il laisse la gestion du quotidien à sa fidèle
collaboratrice, Marielle de Sarnez, celle-là même qui a opéré le glissement à
gauche du parti et qui est comme son ombre.
Sûr qu’elle gardera au chaud la place de son François, sans
dévier de la ligne.
Elle aura, à ses côtés, une équipe largement constituée par
ceux qui, venant de la gauche et de l’écologie, ont adhéré au MoDem en 2007.
Mais, ayant dit cela, pas sûr, en revanche, qu’elle puisse
maintenir l’illusion d’une formation politique avec une ligne claire et
approuvée par l’ensemble des militants.
L’unité du Mouvement démocrate est une chimère depuis le
début et seul l’espoir entretenu que Bayrou pourrait faire un miracle en
devenant président de la république a cimenté des personnalités dont les
parcours et les idées politiques ont peu de choses à voir entre eux.
On le voit bien actuellement avec ceux qui prônent une
alliance avec le Parti socialiste, d’un côté, et tous ceux, parmi eux les survivants
de l’ancienne UDF, qui demandent un recentrage et des discussions avec les
autres centristes, notamment ceux de l’UDI (Union des démocrates et indépendants).
Tiraillé entre ces deux tendances, l’avenir du Mouvement
démocrate s’annonce difficile.
Exemples de ces incohérences politiques? Au Sénat, les élus
du Mouvement démocrate font partie du même groupe que les élus des autres
partis centristes, l’UCR (Union centriste et républicaine).
A l’Assemblée nationale, les deux députés MoDem ont refusé
d’appartenir à l’UDI (Union des démocrates et indépendants) qui regroupent
exactement les mêmes partis que l’UCR!
Pire, un des députés a choisi d’être un non-inscrit pendant
que l’autre, qui avait pourtant promis de rejoindre un groupe avec les autres
partis centristes, a décidé de s’affilier à un groupe de députés de gauche et
Radicaux de gauche.
Quand Jean-Luc Bennahmias et Robert Rochefort quémandent un
strapontin dans le gouvernement de Hollande, Jean-Marie Vanlerenberghe veut
renouer avec les anciens de l’UDF partis au Nouveau centre et à l’Alliance
centriste.
Si le Mouvement démocrate était un parti avec de nombreux
militants et de nombreux élus, ces oppositions pourraient se gérer.
C’est loin, très loin d’être le cas.
Et, pour surajouter à la difficulté, le voilà qui sort de
deux nouvelles défaites électorales auxquelles il faut rajouter toutes celles
entre 2007 et 2012.
Si l’UDI est un succès et que ses promoteurs parviennent à
le transformer en parti politique, le Mouvement démocrate aura sûrement des
difficultés à éviter l’implosion.
D’un certain côté, cela clarifierait enfin son
positionnement politique.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC