Que le score ridicule des partis centristes au premier tour
des législatives, en-dessous de 6%, ne soit pas un bon résultat est un
euphémisme mais cela ne représente aucunement leur potentiel électoral.
De même, les 9,13% de François Bayrou au premier tour de
l’élection présidentielle ne sont pas non plus le niveau normal du Centre.
Celle-ci se situe généralement entre 15% et 20% de
l’électorat avec la possibilité de gagner quelques points de plus sur les
marges modérées de gauche et de droite.
On en est très loin actuellement.
Dès lors, où est passé l’électeur centriste?
Seule une petite partie de l’électorat centriste, un tiers
environ, a voté pour des candidats du Centre ou au centre au premier tour des
législatives.
Une partie a voté «utile» pour des candidats de gauche ou de
droite.
Une partie a voté blanc et une autre ne s’est même pas
rendue aux urnes.
La désertion de l’électeur centriste est le résultat de sa
grande défiance vis-à-vis des partis centristes.
Depuis cinq ans, celui-ci a observé des formations divisées,
plus promptes à se critiquer les unes les autres qu’à offrir une alternative
politique aux projets de la Droite et de la Gauche.
depuis cinq ans, il a vu des leaders centristes se déchirer,
s’insulter, se combattre alors qu’ils prétendaient vouloir réunir les Français
afin de se battre comme un seul homme face à la pire crise économique que le
pays ait connue depuis les années 1930 et que sa survie était en jeu.
Depuis cinq ans, il les a entendu lui faire la leçon sur son
insouciance et lui demander d’être responsable alors que tout dans leur
comportement démontrait leur incapacité à se présenter comme des politiques
responsables et crédibles.
Pourtant, cet électeur centriste aurait bien aimé voter pour
le Centre si les partis qui le représentent lui avaient proposé un projet humaniste
et équilibré pour la France porté par des hommes et des femmes politiques prêts
à s’unir pour le réaliser.
Mais il n’a rien vu venir.
Car l’électeur centriste sait qu’il faut de la rigueur,
qu’il faut de la responsabilité, qu’il faut retrouver de la croissance, qu’il
faut refonder le pacte social.
En revanche, il n’est pas prêt à voter pour des gens dont les
agissements sont tout le contraire de ceux qu’ils prônent pour les autres.
Il n’est pas prêt à voter pour des partis qui préfèrent se
battre entre eux comme des chiffonniers plutôt que pour la France.
L’électeur centriste veut que sa voix serve à quelque chose
pour lui, pour sa famille et pour son pays.
Voilà, sans doute, pourquoi il n’a pas voté pour les
candidats centristes.
Voici le challenge des partis centristes: lui prouver qu’ils
peuvent changer.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC