Voilà le temps des insultes.
Chez les leaders centristes, c’est un temps qui revient un
peu trop souvent.
Et, comme d’habitude, la trahison est la raison principale des
invectives.
Donc, cette fois-ci, c’est François Bayrou qui est accusé de
trahir le Centre en appelant à voter pour François Hollande.
Qui le dit?
Ceux que François Bayrou avait accusés de l’avoir trahi, il
y a cinq ans, en appelant à voter Nicolas Sarkozy et en le laissant seul en
rase campagne pour tenter de mettre en place un Centre indépendant de la Droite
et de la Gauche...
La mémoire est courte.
Et ceux qui crient à la trahison avec eux ne sont-ils pas
ceux qui ont été accusés d’avoir trahi l’UDF en 2002 lorsqu’ils ont rejoint
l’UMP?
Des accusations de trahison qui venaient, entre autres, de
ces membres de l’UDF d’alors qui ont créé ensuite le Nouveau centre…
Non seulement la mémoire est courte mais elle est sélective.
Tous ces soit disant traitres passés se sont donc réunis
lors d’un déjeuner (la mise à l’index semble plus facile le ventre plein) pour
désigner le nouveau traitre et le mettre en quarantaine du Centre, enfin,
plutôt, de leur centre d’intérêt.
Bien sûr, pour certains d’entre eux, les membres du Nouveau
centre, ils avaient juste oublié que quelques semaines auparavant, leur patron,
Hervé Morin, les avaient accusé de trahison car, face à leur acharnement, il
avait été obligé de retirer sa candidature à la présidentielle.
Un des plus virulents dans l’histoire est Jean-Christophe
Lagarde, le président exécutif du Nouveau centre, trahi selon lui par Hervé
Morin qui lui avait promis la président du parti et qui n’a jamais tenu parole.
Quant à un autre convive, Jean-Louis Borloo, il a été accusé
de trahir, à la fois, Nicolas Sarkozy (en le critiquant) et les centristes (en
torpillant une candidature commune des centres), un travail d’orfèvre en la
matière puisqu’il a réussi son entreprise de démolition en faisant croire qu’il
soutenait l’un et les autres.
Bravo l’artiste!
La médaille d’or de la traitrise revient peut-être à Jean
Arthuis même si, poids plume politique oblige, elle n’a pas fait les gros
titres.
Le sénateur de la Mayenne a ainsi quitté le Mouvement
démocrate en étant accusé de trahir François Bayrou. Puis, après avoir créé son
parti, l’Alliance centriste, Hervé Morin l’a accusé de l’avoir trahi en lui
tournant le dos après avoir mis sur pied ensemble la Confédération des centres.
Il est ensuite revenu soutenir François Bayrou - certains estimant qu’il
trahissait alors la mission de son propre parti («réunir tous les centristes»)-,
juste le temps d’un tour de présidentielle avant d’être accusé de trahir avec
fracas et à nouveau le président du MoDem après la défaite le 22 avril,
appelant dans la foulée à voter pour Nicolas Sarkozy.
Et ce, dans un laps de temps qui pourrait représenter un
record du monde.
Avis au Guinness book!
Il faudrait quand même vérifier si Edgar Faure n’a pas fait
mieux…
Peut-être que lorsqu’ils en auront assez de s’accuser de
trahison, les leaders centristes pourront passer à ce qui semble pour eux
l’accessoire: l’avenir de la France.
Et, après, ils s’étonnent qu’il se fasse sans eux.
Le Centriste