François Bayrou a compris, à trois jours du premier tour de
la présidentielle, qu’il ne sera pas au second tour. Il prépare donc
l’après-présidentielle 2012 pour se positionner pour… la présidentielle 2017!
Mais, pour cela, il sait qu’il lui faut des troupes. C’est
ce qu’il va essayer d’avoir lors des prochaines élections législatives. Une
entreprise qui sera grandement facilitée si Nicolas Sarkozy perd.
En effet, la majorité présidentielle implosera alors. Le
Nouveau Centre, le Parti radical et les centristes de l’UMP pourront
s’émanciper et se réunir. Le Mouvement démocrate de François Bayrou sera-t-il
de la partie?
Oui, seulement si ce dernier appelle à voter pour Nicolas Sarkozy!
Il faut donc qu’il le soutienne (sans plus que cela) pour
donner des gages à la famille centriste qui est, aujourd’hui, largement
derrière le président de la république sortant, tout en espérant qu’il perde
pour se positionner en recours face à la gauche…
Le message que tous les ténors centristes de la majorité ont
envoyé à Bayrou est qu’il ne pourra prétendre au leadership de la famille que s’il
dit qu’il votera Sarkozy au deuxième tour.
On sait que ce ne sera pas facile pour lui tellement il n’a
pas de respect pour Nicolas Sarkozy. Mais, lui sait que s’il ne donne pas de
consigne de vote (ou s’il ne se prononce pas «à titre personnel») en faveur de
Nicolas Sarkozy (et que donc il penche pour François Hollande puisqu’il a
assuré qu’il se prononcerait pour un des deux finalistes), il n’aura aucune
chance d’être le réunificateur et le leader «naturel» du Centre.
Il restera seul avec son Mouvement démocrate et ses quelques
parlementaires, encore plus isolé qu’aujourd’hui.
Le ralliement à Sarkozy est un acte de raison et, surtout, d’intérêt.
Il est le seul moyen pour François Bayrou d’exister politiquement après le 22
avril et d’avoir une possibilité de se représenter en 2017, au-delà même des
idées.
Parions que le Béarnais ne fera pas deux fois la même erreur
que celle qu’il a commise en 2007. Et, à l’époque, il n’était pas à 10% mais à
plus de 18%.
Gageons que sa déclaration lui écorchera la bouche. Mais il
faut parfois souffrir pour se ménager un avenir politique…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC