Alors que l’hypothèse de la présence de François Bayrou au second tour de la présidentielle semble de plus en plus impossible, se pose la question de savoir comment les électeurs centristes vont voter et départager Sarkozy et Hollande.
Même si les sondages continuent d’indiquer qu’une grande partie de ceux-ci ne glisseront pas un bulletin Sarkozy lors du duel final (malgré un rééquilibrage en faveur du président sortant), à l’UMP, on a ressorti la grosse artillerie de séduction envers ces électeurs qui seront indispensables pour la victoire finale.
Il faut, à la fois, effacer les discours d’extrême-droite assénés par le candidat de l’UMP et ses fidèles et promettre une carotte aux centristes du Mouvement démocrate (au grand dam de ceux du Nouveau centre) dans le futur gouvernement et à l’Assemblée nationale.
Et l’on ressort, bien entendu, l’idée que François Bayrou ferait un excellent premier ministre de Nicolas Sarkozy. Comme si un homme qui a critiqué pendant cinq ans l’action du président de la république pouvait être son bras droit, son principal «collaborateur» ainsi que Sarkozy voit la fonction de premier ministre depuis qu’il est à l’Elysée.
Une nomination qui poserait, par ailleurs, d’énormes problèmes politiques. D’abord, par rapport aux centristes de la majorité présidentielle, ceux qui sont dans l’UMP et ceux du Nouveau centre dont le ralliement en 2002 et 2007 ne vaudrait plus que pain et beurre.
Mais aussi par rapport à l’UMP et à tous les prétendants à ce poste comme Alain Juppé ou Jean-François Coppée.
On comprend bien que cette éventualité véhiculée par les propagandistes sarkozistes peu subtils comme Jean-Pierre Raffarin n’a qu’un but: faire croire aux électeurs centristes que le prochain gouvernement sera modéré alors que toutes les déclarations de Nicolas Sarkozy et de l’UMP affirment le contraire depuis le début de la campagne électorale et que l’agitation du président-candidat ne présage rien de bon.
Ce qu’il y a d’ironique dans la chasse aux voix du Centre par la Droite, c’est qu’elle n’a peut-être même pas besoin de se faire pour ramener les brebis centristes égarées dans le troupeau de la mouvance centre-droit. Il suffit, en effet, que Jean-Luc Mélenchon et ses alliés - en particulier le Parti communiste qui retrouve des couleurs et entend en profiter - continuent à agiter le chiffon rouge de l’intolérance et des mesures radicales avec des discours extrémistes pour que les centristes se rassemblent derrière le moins dangereux des candidats.
Sauf si, comme on le constate dans cette campagne quand on parle à ces électeurs centristes, il leur sera impossible psychologiquement et physiquement pour nombre d’entre eux de glisser le bulletin Sarkozy dans l’urne. A force d’avoir fait dans l’outrance, le président sortant ne récolterait que ce qu’il a semé.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études dunCREC