François Bayrou n’a pas de majorité. Il doit donc en construire une. Pas facile quand on a fait soi-même le vide autour de soi depuis tant d’années. Du coup, cette majorité oscille entre un rassemblement au centre (et non du Centre) et une union nationale. En quelques jours, le leader du Mouvement démocrate, qui abat ses dernières cartes pour tenter d’être présent au second tour alors qu’il n’est qu’autour de 12% dans les sondages, a parlé des deux…
Ainsi, à Toulouse, lors d’un meeting, il a affirmé qu’il «est temps d'unir nos forces et d'organiser l'unité de notre peuple pour être digne des plus jeunes qui nous regardent et nous attendent. Nous allons combattre de toutes nos forces les démons de la division du peuple français. Nous serons dans cette élection les porteurs de l'unité nationale qui seule permet de s'en sortir». Car, a-t-il également déclaré, «la république n'est pas un sujet de divisions mais de rassemblement et de vérité, ceci est notre chemin».
Et, bien sûr, il est «le(s) seul(s) susceptible(s) d'écarter ces deux risques, écarter au premier tour le risque de la division avec Nicolas Sarkozy et au second tour celui de l'illusion avec François Hollande».
Néanmoins, quelques jours auparavant, se félicitant que dix-huit sénateurs le rejoignent (dont ceux du MoDem!) et appellent à voter pour lui, il déclarait qu’il voulait réunir «la grande famille centriste avec les gaullistes, les écologistes et le centre-gauche» ainsi qu’avec des «indépendants», soit une vision beaucoup plus restrictive de celle de l’union nationale.
Bien entendu, on peut d’abord réunir la grande famille et quelques autres, puis réaliser une grande union nationale. Pour autant, quelle que soit la formule choisie, elle n’a rien à voir avec les constituants d’une majorité centriste, ni même avec une base centriste d’une majorité et c’est bien là le problème, à la fois, de positionnement centriste de François Bayrou mais également, de sa crédibilité.
L’union nationale, brandit depuis des années (c’était déjà un de ses thèmes en 2007), n’est pas un concept du Centre qui n’a aucun intérêt à se diluer et à diluer ses idées dans une telle configuration politique où, par ailleurs, si le candidat du MoDem venait à l’emporter, il ne serait pas majoritaire et devrait sans cesse composer entre des éléments de droite et des éléments de gauche qui bloqueraient son action. On en reviendrait à définir un tel gouvernement du Centre comme un gouvernement au centre, ce qui n’est absolument pas la même chose.
Mais il s’agit, pour François Bayrou, de répondre à ses détracteurs qui pointent le fait qu’il ne dispose d’aucune majorité. En mettant en avant une union nationale, il masque sa solitude en se proclamant le réunificateur suprême du peuple français.
Quant à bâtir un socle majoritaire avec les gaullistes c’est, comme nous l’avons maintes fois indiqué ici, tourner le dos au combat du Centre tout au long de la V° République qui était de ne pas accepter le bonapartisme républicain qu’avait instauré le général et une pratique nationaliste du pouvoir face à l’européanisme centriste.
Le discours de Nicolas Sarkozy à Villepinte, renouant avec la mise en cause de l’Union européenne, où l’Europe a été accusée de tous les maux, montre bien cette opposition frontale.
Ici, il s’agit, pour François Bayrou, de réunir tous les petits électorats (celui de Villepin, de Corinne Lepage, du Nouveau centre et du Parti radical qui n’ont pas de candidats, voire celui d’Eva Joly) afin d’étoffer sa base sans se préoccuper, outre mesure, d’une cohérence politique.
Malgré tous ces appels réitérés depuis le début de sa campagne, le leader du Mouvement démocrate a fait largement choux blanc. Et il a brouillé le message centriste avec des éléments qui en sont exclus.
Car il est important, quel que soit son score, qu’un candidat qui se réclame du Centre ne joue pas avec les fondamentaux du Centrisme d’hier, d’aujourd’hui et même de demain ainsi que les combats passés des figures de proue du Centre.
Cela ne veut pas dire qu’un parti ou un candidat se réclamant du Centre et du Centrisme ne doivent pas faire des compromis pour monter des majorités de gouvernement. Mais cela doit demeurer dans le cadre d’alliances claires et non par la constitution d’une mouvance faite de bric et de broc où tout est dit pour séduire des électorats hétéroclites, aux opinions différentes, voire opposées, quitte à perdre son âme.
L’identité du Centre doit être préservée parce que ce dernier doit demeurer une alternative forte et crédible face à la Droite et à la Gauche et non devenir une pensée à géométrie variable qui devrait rassembler tous les petits partis ainsi que les hommes et les femmes politiques en déshérence ou en ruptures face à leur camp dues à des questions d’égos et de ressentiments.
Rappelons une évidence: personne n’est obligé de se dire du Centre. Mais, pour poser cette autre évidence: si l’on se réclame du Centre, on doit en respecter ses valeurs, sa vision et ses fondamentaux politiques. Au risque de perdre. Mais en gardant sa dignité.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Ainsi, à Toulouse, lors d’un meeting, il a affirmé qu’il «est temps d'unir nos forces et d'organiser l'unité de notre peuple pour être digne des plus jeunes qui nous regardent et nous attendent. Nous allons combattre de toutes nos forces les démons de la division du peuple français. Nous serons dans cette élection les porteurs de l'unité nationale qui seule permet de s'en sortir». Car, a-t-il également déclaré, «la république n'est pas un sujet de divisions mais de rassemblement et de vérité, ceci est notre chemin».
Et, bien sûr, il est «le(s) seul(s) susceptible(s) d'écarter ces deux risques, écarter au premier tour le risque de la division avec Nicolas Sarkozy et au second tour celui de l'illusion avec François Hollande».
Néanmoins, quelques jours auparavant, se félicitant que dix-huit sénateurs le rejoignent (dont ceux du MoDem!) et appellent à voter pour lui, il déclarait qu’il voulait réunir «la grande famille centriste avec les gaullistes, les écologistes et le centre-gauche» ainsi qu’avec des «indépendants», soit une vision beaucoup plus restrictive de celle de l’union nationale.
Bien entendu, on peut d’abord réunir la grande famille et quelques autres, puis réaliser une grande union nationale. Pour autant, quelle que soit la formule choisie, elle n’a rien à voir avec les constituants d’une majorité centriste, ni même avec une base centriste d’une majorité et c’est bien là le problème, à la fois, de positionnement centriste de François Bayrou mais également, de sa crédibilité.
L’union nationale, brandit depuis des années (c’était déjà un de ses thèmes en 2007), n’est pas un concept du Centre qui n’a aucun intérêt à se diluer et à diluer ses idées dans une telle configuration politique où, par ailleurs, si le candidat du MoDem venait à l’emporter, il ne serait pas majoritaire et devrait sans cesse composer entre des éléments de droite et des éléments de gauche qui bloqueraient son action. On en reviendrait à définir un tel gouvernement du Centre comme un gouvernement au centre, ce qui n’est absolument pas la même chose.
Mais il s’agit, pour François Bayrou, de répondre à ses détracteurs qui pointent le fait qu’il ne dispose d’aucune majorité. En mettant en avant une union nationale, il masque sa solitude en se proclamant le réunificateur suprême du peuple français.
Quant à bâtir un socle majoritaire avec les gaullistes c’est, comme nous l’avons maintes fois indiqué ici, tourner le dos au combat du Centre tout au long de la V° République qui était de ne pas accepter le bonapartisme républicain qu’avait instauré le général et une pratique nationaliste du pouvoir face à l’européanisme centriste.
Le discours de Nicolas Sarkozy à Villepinte, renouant avec la mise en cause de l’Union européenne, où l’Europe a été accusée de tous les maux, montre bien cette opposition frontale.
Ici, il s’agit, pour François Bayrou, de réunir tous les petits électorats (celui de Villepin, de Corinne Lepage, du Nouveau centre et du Parti radical qui n’ont pas de candidats, voire celui d’Eva Joly) afin d’étoffer sa base sans se préoccuper, outre mesure, d’une cohérence politique.
Malgré tous ces appels réitérés depuis le début de sa campagne, le leader du Mouvement démocrate a fait largement choux blanc. Et il a brouillé le message centriste avec des éléments qui en sont exclus.
Car il est important, quel que soit son score, qu’un candidat qui se réclame du Centre ne joue pas avec les fondamentaux du Centrisme d’hier, d’aujourd’hui et même de demain ainsi que les combats passés des figures de proue du Centre.
Cela ne veut pas dire qu’un parti ou un candidat se réclamant du Centre et du Centrisme ne doivent pas faire des compromis pour monter des majorités de gouvernement. Mais cela doit demeurer dans le cadre d’alliances claires et non par la constitution d’une mouvance faite de bric et de broc où tout est dit pour séduire des électorats hétéroclites, aux opinions différentes, voire opposées, quitte à perdre son âme.
L’identité du Centre doit être préservée parce que ce dernier doit demeurer une alternative forte et crédible face à la Droite et à la Gauche et non devenir une pensée à géométrie variable qui devrait rassembler tous les petits partis ainsi que les hommes et les femmes politiques en déshérence ou en ruptures face à leur camp dues à des questions d’égos et de ressentiments.
Rappelons une évidence: personne n’est obligé de se dire du Centre. Mais, pour poser cette autre évidence: si l’on se réclame du Centre, on doit en respecter ses valeurs, sa vision et ses fondamentaux politiques. Au risque de perdre. Mais en gardant sa dignité.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC