Une nouvelle salve de sondages montre que François Bayrou ne parvient pas à décoller, ses intentions de vote demeurant autour de 11%, soit la quatrième place du premier tour. Il est même talonné par Jean-Luc Mélenchon (9%), le candidat du Front du gauche.
Pire, son dernier passage à la télévision, en prime time, sur TF1, n’a attiré que 2,2 millions de téléspectateurs (avec 8,9% de part d’audience).
Ses supporters se raccrochent à son taux de popularité qui est au beau fixe dans la plupart des baromètres des «personnalités préférées des Français». Cependant, Nicolas Hulot qui a était en tête de ces mêmes personnalités n’a jamais été crédible comme possible président de la république, il l’a appris à ses dépends… Et peu de Français éliraient la personnalité préférée actuelle de nos compatriotes, Yannick Noah, à la tête de l’Etat. Sans oublier Michel Rocard, que François Bayrou cite souvent comme un socialiste «acceptable» à ses yeux qui, malgré ses taux de popularité exceptionnels pendant des années n’a jamais été président.
De même, ces mêmes supporters se raccrochent à ces fameux sondages «cachés» qui pulluleraient dans les rédactions et les états-majors de campagne et qui donneraient François Bayrou vainqueur au second tour que ce soit devant Nicolas Sarkozy ou François Hollande.
Le seul problème étant que, quelle que soit l’existence réelle ou non de ces enquêtes d’opinion, François Bayrou est encore très loin de pouvoir se qualifier pour ce second tour et que les Français ne le voient pas l’atteindre (et il est le candidat qui a le pourcentage le plus élevé d’électeurs qui peuvent encore changer d’avis).
Sans oublier un sondage TNS Sofres pour Canal + où 48% des électeurs affirment qu’ils ne voteront jamais pour le président du MoDem contre seulement 40% pour François Hollande (mais 54% pour Nicolas Sarkozy).
Ces sondages «différents» n’ont jamais fait une élection puisque, soit ils demeurent dans des hypothèses improbables, soit ils mettent en avant l’image de la personne et non sa capacité à gouverner (ses propositions et sa majorité), ce qui n’est pas la même chose.
Au train où vont les choses, la troisième campagne de François Bayrou risque bien d’être la dernière mais aussi celle où il risque de tout perdre et le Centre avec lui (ou, en tout cas, les partis centristes actuels). Car il faudra bien rendre des comptes sur trois échecs consécutifs et, peut-être, sur un score très décevant le 22 avril prochain alors même qu’il est le seul candidat centriste encore en lice.
Et il y aura, dans la foulée, des législatives. Vu comme c’est parti, les centristes ont tout à craindre de celles-ci. Evidemment au Mouvement démocrate, sauf si Bayrou choisit le bon cheval pour le deuxième tour et négocie un accord électoral avec le vainqueur de la présidentielle.
Mais également au Nouveau centre et pour les centristes de l’UMP. Tout dépendra, pour l’avenir des députés centristes de la majorité actuelle, de qui remporte l’élection. Si c’est François Hollande, les places seront chères car les effectifs risquent de fondre comme neige au soleil.
Certains estiment qu’en cas de victoire du candidat socialiste, une recomposition politique aura lieu, notamment au centre de l’échiquier politique. Cependant, les précédents montrent que les législatives qui suivent des présidentielles amènent plutôt, chez les perdants, à consolider les alliances existantes pour éviter la bérézina plutôt qu’une nouvelle donne.
Alexandre Vatimbella