Barack Obama semble en bonne positon pour se succéder. Les raisons: l’économie va mieux, les républicains vont mal et les sondages sont meilleurs avec des taux d’approbation en hausse et des intentions de vote qui remontent. Ainsi, dans tous les duels proposés face aux républicains qui se présentent aux primaires en vue d’être désignés candidat officiel du parti, il est désormais vainqueur.
Il y a donc une grande chance qu’il soit réélu sauf si…
Sauf si un certains nombre d’événements ont lieu d’ici à novembre prochain. Et il faut dire qu’ils sont nombreux ceux qui pourraient lui coûter une réélection facile, voire une réélection tout court.
Il y a d’abord l’économie. L’amélioration est notable et le chômage est en baisse. Voilà qui devrait suffire à la réélection d’Obama. Sauf que cette embellie peut n’être qu’un feu de paille. D’autant que les prévisions économiques, notamment sur le taux de croissance (même de la part des services de la Maison blanche), ne sont pas exceptionnelles. Du coup, le nombre de demandeurs d’emploi pourrait repartir à la hausse, ce qui pourrait se révéler un handicap rédhibitoire pour son avenir présidentiel.
Il y a, ensuite, la situation internationale. Pour l’instant, elle semble maîtrisable. Mais les risques de dérapages demeurent énormes. La confrontation avec l’Iran pourrait prendre un tour extrêmement dangereux si Israël se mettait à bombarder les installations nucléaires perses. La situation en Syrie pourrait continuer à se détériorer et embraser tout le Moyen Orient, permettant aux extrémistes de déstabiliser toute la région, en particulier les réseaux Al Qaida qui, comme vient de le révéler le directeur des renseignements américains, sont en train de phagocyter la résistance à Hafez el Assad. Mais il ne faut pas oublier, non plus, la situation en Grèce (et plus largement celle de la zone euro) qui peut dégénérer, les relations tendues avec la Chine qui change bientôt de dirigeants et celles, ambivalentes, avec la Russie qui va voter dans les semaines à venir.
Il y a, enfin, la situation intérieure du pays. Un attentat de grande ampleur ou des troubles sociaux importants seraient potentiellement négatifs pour un Obama qui s’est présenté comme un homme qui a sécurisé le pays depuis son accession à la présidence et qui pratique le dialogue social. D’autres problèmes pourraient survenir, notamment en matière sociétale. Pour l’instant ces questions sont demeurées peu présentes mais la fameuse «guerre culturelle» pourrait revenir sur le devant de la scène.
La polémique qui a opposé le clergé catholique (et non les catholiques comme on l’a raconté à tort) à l’Administration Obama sur l’obligation de prévoir un remboursement pour la contraception dans les assurances santé que l’église propose à ses salariés a bien montré que l’extrême-droite conservatrice, les evengelicals les plus bornés, n’attendent que ça.
Les sondages se sont donc nettement améliorés ces derniers jours pour Barack Obama. Ainsi, il gagne en popularité dans toutes les dernières enquêtes d’opinion. Il est en tête pour ce qui concerne l’élection présidentielle du 6 novembre prochain.
Bien entendu, cette embellie est due à celle de l’économie. Et, comme l’explique au site web Politico, Carroll Doherty qui codirige de Pew research center, la pérennité de celle-ci «dépendra de l’évolution de la situation économique dans les prochains mois». Mais, note-t-elle, «il est de nouveau autour des 50% dans les sondages ce qui est, traditionnellement un point de référence pour les présidents sortants».
Un sondage de ce centre montre ainsi que Barack Obama battrait Mitt Romney avec 52% des voix contre 44%, soit huit points de plus.
De son côté, deux sondages réalisés, l’un pour le New York Times et CBS, l’autre pour le Washington Post et ABC, indiquent que le taux d’approbation du président américain est de 50%.
Et ce taux concernant sa gestion de l’économie est de 44%, le plus haut depuis le printemps 2010.
En outre, dans les duels avec les possibles candidats républicains qui lui seront opposés en novembre prochain, il est à son top, les battant dans tous les sondages, même le principal d’entre eux, Mitt Romney, par une marge de six à huit points.
Pour mémoire, il y a juste trois semaines, dans le sondage New York Times-CBS, Barack Obama et Mitt Romney étaient à égalité à 45%.
Même si les progressions ne sont pas spectaculaires, elles sont néanmoins significatives et importantes pour faire la différence le jour de l’élection.
Ce qui est également intéressant pour Barack Obama, c’est qu’il tient bon dans les Etats clés pour l’élection comme l’Ohio, par exemple, où il est en tête.
Selon une étude du Pew research center les Américains sont de plus en plus nombreux à être optimistes sur une reprise économique. Ils sont maintenant 54% à dire, soit que l’économie est déjà en train de repartir (25%), soit qu’elle va repartir très bientôt (29%), un gain de 10% par rapport à avril 2011.
Surtout, 44% des Américains déclarent qu’ils pensent que la situation économique sera meilleure dans un an alors qu’ils n’étaient que 34% en janvier et 28% en décembre.
Cela va de pair avec une amélioration de l’image de Barack Obama en matière de leadership. 47% approuvent la manière dont il gouverne contre 43% qui sont d’un avis contraire, un retournement par rapport au mois précédent où les pourcentages étaient, respectivement, de 44% et 48%.
A noter que cette embellie dans ce sondage vient principalement des électeurs «independents» (qui se déclarent ni démocrates, ni républicains), qui est l’électorat essentiel pour l’élection de tout président des Etats-Unis.
Bruce Springsteen votera bien pour Barack Obama dont il estime qu’il a fait du bon travail, notamment en sauvant l’industrie automobile, en faisant voter la loi sur l’assurance maladie pour tous ou en éliminant Oussama Ben Laden. Mais il a quand même été déçu par le centrisme du président américain dans certains domaines et il n’a pas apprécié que la prison de Guantanamo, où se trouvent les terroristes islamistes radicaux plus ou moins présumés, ne soit pas fermée, alors qu’il s’agissait d’une promesse de la campagne de 2008.
Du coup, le rocker superstar a décidé de ne pas s’investir comme il l’avait fait il y a quatre ans pour le démocrate affirmant qu’il n’était pas un professionnel des campagnes lors d’un passage à Paris où il venait présenter son nouvel album qui sort début mars.
Il a ainsi déclaré: «Je préfère rester en marge et je crois sincèrement qu'un artiste est supposé être le canari dans la mine de charbon, et qu'on se porte mieux quand on prend ses distances par rapport au pouvoir».
Barack Obama a, lui, présenté le budget des Etats-Unis pour l’année fiscale (débutant en octobre) 2012-2013 qui s’appuie sur une taxation des plus riches et sur des dépenses pour relancer et soutenir l’économie. Un budget de centre-gauche dans la lignée de son offensive pour faire bouger les choses mais également pour montrer que les républicains sont contre imposer les riches comme les autres Américains et contre toute relance de l’économie qui permettrait de faire baisser le chômage.
Pour le justifier, Obama a déclaré «que nous avons le choix. Nous pouvons nous contenter d’un pays où quelques personnes s’en sortent très bien, et toutes les autres sont à la peine. Ou nous pouvons rétablir une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait son dû, et tout le monde joue selon les mêmes règles, Washington, Wall Street et la classe moyenne».
C’est la raison pour laquelle la plupart des commentateurs ont estimé qu’il s’agissait d’un budget de campagne électorale. Ce qui est vrai en partie mais il est en accord, également, avec tous les combats du président depuis trois ans.
«La reprise s’accélère, a ainsi affirmé Obama. Et la dernière chose dont nous avons besoin à l’heure actuelle est de revenir aux mêmes politiques qui nous ont fait tomber dans ces problèmes. La dernière chose dont nous avons besoin est de voir Washington se mettre en travers du retour des Etats-Unis».
Les dépenses prévues sont de 3.800 milliards de dollars avec plus de 350 milliards de dollars de dépenses pour stimuler l’emploi et 476 milliards pour construire des infrastructures et rénover les anciennes.
Les républicains préfèreraient maintenant voir Rick Santorum comme leur candidat à la présidentielle selon un sondage CBS News. Parmi ceux qui votent dans les primaires du parti, 30% sont pour l’ancien sénateur de Pennsylvanie contre 27% pour Mitt Romney. En janvier, 28% supportaient Romney contre 16% seulement pour Santorum (et 21% alors pour Gingrich, deuxième, qui n’a plus maintenant que 10% de supporters, moins que Ron Paul qui en a 12%)…
A noter, tout de même, que 60% de ces électeurs déclarent qu’il pourrait encore changer d’avis ce qui dénote un certain désarroi de la base républicaine qui, décidément, n’arrive pas à choisir son héraut.
Il faut dire que Mitt Romney ne convainc vraiment pas. Selon le sondage pour le Washington Post et la chaîne ABC, plus les Américains le connaissent, moins ils l’aiment et par une écrasante majorité de deux contre un! Et c’est même le cas pour les électeurs républicains… Il peut, bien sûr, se consoler, en constatant que la rapport est de trois contre un pour Newt Gingrich, celui qui était jusqu’à il y a peu son principal concurrent dans les primaires républicaines.
Du coup, il pourrait bien s’effondrer au moment de la campagne face à Barack Obama. De quoi donner des sueurs froides aux responsables républicains.
Car, pour l’instant, la grande majorité des Américains ne savent que très peu de choses de Romney, qu’il est un républicain, qu’il est riche et qu’il est candidat à la primaire. En revanche, ne connaissent pas grand-chose de son programme. Or, celui-ci est assez radical pour favoriser les riches et les entreprises, ce qui est actuellement très mal vu dans la population. Sans parler des multiples gaffes et des déclarations désastreuses faites par l’ancien gouverneur du Massachussetts.
Alexandre Vatimbella