Après une série de sondages où il perdait du terrain, ce qui faisait dire à l’IFOP «que sa dynamique positive, née en décembre et poursuivie en début d’année, semble stoppée en ce mois de février», François Bayrou a pu prendre connaissance, avec un certain soulagement, de deux sondages qui ont stoppé cette spirale baissière. Dans chacun d’eux, il a gagné un point.
En attendant, éventuellement mieux, cette stabilisation est, bien évidemment, insuffisante pour permettre au leader du Mouvement démocrate d’entrer dans la cour des grands, c’est-à-dire d’être un des deux qualifiés pour le second tour.
Pire, il semble bien que l’on est parti pour une bipolarisation gauche-droite où François Hollande et Nicolas Sarkozy devraient se retrouver sans difficulté au second tour.
Ayant dit cela, évidemment, on se rappelle de l’élection de 2002 où tout le monde voyait un duel Chirac-Jospin au deuxième tour, le dernier nommé ayant même pratiquement abandonné sa campagne de premier tour, ce qui fut la cause majeure de son élimination au premier tour et de la présence de Jean-Marie Le Pen au second.
Est-ce possible que ce scénario se répète pour permettre à François Bayrou d’être cette surprise? Peut-il encore rebondir?
Les experts politiques en doute mais ils se sont déjà tellement trompés…
Pour autant, l’avance des deux premiers candidats est très importante et aucun d’eux ne s’est effondré depuis que l’on sait qu’ils le sont (de manière explicité pour Hollande et de manière implicite pour Sarkozy).
Pire, pour Bayrou, Hollande devrait tenir ses positions avec, peut-être une légère baisse, mais Sarkozy, qui est celui qui était, jusqu’à présent, le plus «prenable» devrait gagner quelques points mécaniquement, comme tout candidat putatif après sa déclaration officielle (sans oublier que Marine Le Pen est toujours devant lui en troisième position).
Du coup, dans les jours à venir, François Bayrou devra sans doute faire le dos rond. Néanmoins, dans les semaines qui suivront, Nicolas Sarkozy devra tenir la distance et les effets positifs de son entrée en campagne en fanfare faite avec une agressivité aussi forte que son slogan («une France forte») devraient s’estomper. C’est à ce moment-là que le candidat centriste pourra espérer rebondir.
Cependant, aucun ralliement significatif de la majorité présidentielle (de centristes du Nouveau centre et de l’UMP, voire de modérés de droite) n’a eu lieu depuis l’interview de Nicolas Sarkozy au Figaro magazine alors que ses propos bien à droite le laissaient espérer à l’équipe de François Bayrou.
On a l’impression, actuellement, que François Bayrou doit plus attendre une erreur des autres pour progresser que d’une adhésion des Français à ses propositions. Il est donc condamné à être, éventuellement, le candidat de remplacement. Ce qui ne fait pas forcément les affaires du Centrisme.
Alexandre Vatimbella