Il y a cinq ans aujourd’hui, à Springfield, devant l’ancien Congrès de l’Illinois, là où Abraham Lincoln avait fait de même, un homme annonçait sa candidature à la présidence des Etats-Unis. Son nom: Barack Obama. Il était un quasi-inconnu du grand public (sénateur malgré tout), noir dans un Parti démocrate où il ne devait y avoir aucune surprise quant au nom de la future candidate du parti à la Maison blanche, Hillary Clinton.
Cinq ans après cette déclaration, Barack Obama a fêté, récemment, ses trois ans en tant que président des Etats-Unis. C’est évidemment une saga historique qui a déjà été racontée un nombre incalculable de fois et qui le sera, un jour, par les historiens une fois qu’elle sera réellement terminée.
Mais, pour l’instant, Obama est en course pour la prochaine présidentielle. Il est actuellement le favori pour la remporter et s’installer de nouveau quatre ans à la Maison blanche.
Car le voici à nouveau en train de creuser l’écart dans les sondages face aux prétendants républicains, même face à Mitt Romney (51% contre 45%), celui qui semble être le favori pour être son adversaire le 8 novembre prochain.
Il faut dire que la situation économique (et, surtout, l’emploi) est en train de s’améliorer alors que les républicains se battent comme des chiffonniers et n’ont, pour l’instant aucun programme alors qu’Obama a un bilan.
Ce dernier apparaît beaucoup plus présentable que ne pensent le grand public, c’est-à-dire qu’il a encore de la marge pour démontrer que son action a eu un impact important sur le cours de l’histoire américaine.
Du sauvetage de l’industrie automobile qui est redevenue la numéro un dans le monde à l’élimination de l’ennemi public numéro de l’Occident, Oussama Ben Laden, en passant par le sauvetage des banques indispensable pour éviter que l’économie ne s’effondre (même si la population en veut beaucoup aux banquiers et avec raison), le départ des troupes US d’Irak comme promis, le vote d’une assurance santé pour la grande majorité des Américains et quelques autres mesures notables.
Bien sûr, rien n’est joué mais Barack Obama a repris la main, ce qui était essentiel s’il voulait pouvoir avoir une chance de contrer la guérilla des républicains avec succès, ceux-ci n’ayant qu’une obsession, faire perdre le président actuel.
Si l’économie connait une nouvelle crise, par exemple, la position d’Obama redeviendra extrêmement délicate, notamment si un candidat républicain crédible est face de lui.
Celui-ci aura à sa disposition des dizaines de millions de dollars pour réussir à déloger Obama de Washington. Merci à la décision très controversée de la Cour suprême dans l’affaire US citizens d’avoir autorisé des individus et des groupes (notamment des entreprises) à défendre leurs intérêts dans la campagne électorale en supportant «indirectement» un candidat dans une structure où ils peuvent dépenser sans aucun plafond et sans devoir donner leurs noms.
Cette structure, baptisée «super PAC» («super political action comittee» c’est-à-dire super comité d’action politique), montre actuellement toute sa redoutable capacité de donner une publicité immense aux candidats dans la primaire républicaine.
Du coup, Barack Obama qui avait critiqué vertement cette décision vient de décider de laisser un «super PAC» l’aider dans sa campagne et d’autres aider les sénateurs et les représentants démocrates dans les leurs. Une volte-face qui n’a pas fait que des heureux dans les rangs démocrates et dans les médias mais qui est une décision pragmatique et de nécessité tant qu’une nouvelle législation n’aura pas été adoptée.
On verra donc, cette année, une campagne électorale certainement à plus d’un milliard de dollars. Une inflation totalement indécente quand on se rappelle les difficultés dans lesquelles se trouvent de nombreux Américains.
Clint Eastwood est-il devenu un affreux agent de propagande pour les démocrates et plus particulièrement pour Barack Obama? C’est la question très sérieuse que se sont posés les dirigeants républicains après la diffusion d’une longue publicité pour Chrysler à la mi-temps du Superbowl réalisée par l’acteur-réalisateur et dans laquelle il joue, vantant le sauvetage de l’industrie automobile américaine dont Barack Obama est le responsable et, surtout, disant qu’on n’était qu’à la moitié du chemin et qu’il restait encore du travail à faire.
Tout cela semblait faire la promotion de Barack Obama et demander qu’il soit réélu en novembre prochain. Or Clint Eastwood n’a jamais voté démocrate de sa vie, même pas pour Obama en 2008 puisqu’il avait glissé un bulletin John McCain dans l’urne. C’est un républicain pur et dur.
Il a d’ailleurs déclaré sur la chaîne ultraconservatrice Fox News qu'il n'était pas ami avec le président et qu'il ne le soutenait pas, ajoutant qu’il «n'y a pas d’intention cachée. Là-dessus, j'en suis certain»
Alexandre Vatimbella