Bien que rien ne soit jamais définitif dans la sphère politicienne, bien que les haines éternelles font souvent place le lendemain aux amours infinis, on voit mal comment le Nouveau centre va pouvoir sortir indemne de la bataille de chiffonnier qui oppose Hervé Morin et ses lieutenants à propos de sa candidature à la présidentielle.
Après avoir tenté de discréditer la candidature de leur président pendant des mois, François Sauvadet, Maurice Leroy, Jean-Christophe Lagarde avec quelques seconds couteaux sont passés à la vitesse supérieure. Ils ont publié en début de semaine une tribune dans Le Figaro dans laquelle ils appellent à voter Nicolas Sarkozy dès le premier tour de l’élection présidentielle où devrait se trouver pourtant le représentant de leur propre parti…
Mais, ils l’ont fait alors même que le président de la république actuel ne s’est même pas déclaré candidat et que le congrès du Nouveau centre devant décider si le parti présentera ou non une candidature ne s’est pas encore tenu!
En politique où l’on manie souvent l’euphémisme, on appelle cela de la trahison en bonne et due forme. Et pour enfoncer le clou, ces mutins ont ouvert un site où l’on peut venir les supporter et dire que l’on fera comme eux, voter Sarkozy au premier tour.
De son côté, Hervé Morin a refusé de rentrer dans le rang et continue son aventure présidentielle avec des sondages qui lui donne au maximum 1% des intentions de vote quand ils ne lui donnent rien du tout tellement peu de sondés se déclarent en sa faveur. Un entêtement qui a ses raisons mais qui risque de décrédibiliser définitivement le Nouveau centre et le faire passer pour un parti fantôme qui ne doit son existence qu’à la volonté de l’UMP de lui faire de la place lors des élections législatives. La preuve, donc, que les mutins ont raison de prôner l’alliance avec la Droite dès le premier tour de la présidentielle…
Le jusqu’au-boutisme des deux factions n’a qu’une seule victime, le Nouveau centre, un parti déjà né d’une scission et qui pourrait se scinder lui-même ou disparaître. Voilà qui ne serait pas une nouveauté dans la galaxie centriste où les ralliements à la Droite furent légion dans les années 1960 et 1970 mais qui fait malgré tout désordre.
D’autant qu’il s’agit là, avant tout, d’un conflit de personnes et non d’une opposition d’idées ou de vision politique. On n’est que dans la politique politicienne, celle que le Centre se doit toujours de refuser parce que, justement, ses adversaires, l’accuse d’en faire trop souvent.
Quant au devenir du Nouveau centre, actuellement, on ne voit pas très bien comment il pourrait éviter l’implosion, comment Hervé Morin pourrait s’assoir demain à la même table que ceux qui l’insultent et le ridiculisent. Savoir si ce parti peut se permettre cette tragicomédie semble être le cadet des soucis de ceux qui la jouent.
In fine, quel que soit l’épilogue de ce micro-événement politique, le Centre aura été écorché par ceux qui prétendent le servir et défendre ses valeurs. Un peu désespérant…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC