jeudi 20 décembre 2012

Vues du Centre - La Chronique de Jacques Rollet. L’objet UDI est-il identifié?



Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet, chroniqueur régulier sur Le Centrisme est politologue, auteur de plusieurs livres dont Tocqueville (Montchrestien 1998), Religion et politique (Grasset 2001), La tentation relativiste, DDB, 2004), Le libéralisme et ses ennemis (DDB, septembre 2011).

Dans une chronique précédente, j’avais déjà posé cette question. J’y reviens aujourd’hui car je n’ai pas les réponses attendues et je me demande sérieusement si je les aurai un jour…
Résumons-nous. La direction de l’UDI a été établie avec quelle consultation des adhérents? A la place modeste que j’occupe, je suis en état de répondre: aucune. Je suis vice-président de l’Alliance centriste en Seine-Maritime (dirigée par Jean Arthuis). Je n’ai pas été consulté sur l’accession de Mr Borloo à la présidence nationale de l’UDI, mon président départemental ne l’a pas été davantage.
Je suis membre du Conseil scientifique de l’Institut du Centre. Je n’ai aucune information sur une réunion à venir. On parle d’une fusion avec l’Institut Lecanuet mais c’est pour l’instant de l’ordre de la rumeur. Sur ces bases que je livre à la connaissance des centristes qui fréquentent ces chroniques, je considère qu’ironiser sur l’absence de démocratie à l’UMP, est pour le moins léger et affligeant!
D’où vient la difficulté? Selon moi et je l’ai déjà écrit précédemment, elle résulte  du flou total qui règne en matière doctrinale. L’UDI a-t-elle une identité? Pour l’instant elle est partagée si l’on peut dire (car c’est implicite) entre le radicalisme et une inspiration libérale timide, l’enracinement démocrate chrétien étant passé sous silence pour ne pas heurter la franc-maçonnerie.
Sur ces bases, on ne construit rien et on ne construira rien. Or les résultats de l’élection présidentielle étudiés par des géographes dans le dernier numéro de la Revue française de science politique (octobre-décembre 2012) sont très instructifs. J’en isole un point capital: les plus grands progrès du vote Hollande par rapport au vote Mitterrand en 1981 sont repérables dans les terres de la démocratie chrétienne: la Bretagne, la Vendée et les pays de Loire, le Massif central, les Pyrénées atlantiques. Reconquérir ces territoires suppose un vrai programme centriste basé sur les valeurs du personnalisme, une assomption du libéralisme économique accompagné d’une éthique qui permette une vraie structuration de la société autour de la responsabilité personnelle. Cela implique que l’on ne cède pas à toutes les expressions du désir et du prétendu droit à.
Par exemple, cela doit se traduire, selon moi, par un refus du projet de mariage homosexuel. Or le président de l’UDI a déclaré qu’il y aurait liberté de vote...
En bref et en clair, il n’y a pas d’identité de l’UDI  au plan intellectuel et il n’y a pas de démocratie interne. C’est un peu court pour exister durablement sur l’échiquier politique et pour être repérable aux yeux des électeurs.
Jacques Rollet