Dans l’histoire des Etats-Unis, quelques grands discours
remarquables, prononcés par des présidents américains qui ont marqué leur
époque, ont définis leur mandat et leur époque.
Les plus connus sont le «New deal» (Nouveau contrat) de
Franklin Roosevelt, la «New frontier» (Nouvelle frontière) de John Kennedy ou
la «Great society» (Grande société) de Lyndon Johnson.
Sans oublier la «New freedom» (Nouvelle liberté) de Woodrow
Wilson.
On peut aussi citer le discours d’Abraham Lincoln prononcé
sur le champ de bataille particulièrement meurtrier de Gettysburgh, qui n’a pas
reçu de nom mais qui rappelait l’importance du gouvernement du peuple par le
peuple pour le peuple dans le seul pays au monde à le pratiquer alors.
Theodore Roosevelt avait parlé du «Square deal» (Contrat équitable)
dans son intervention sur le «New nationalism» (Nouveau nationalisme) lorsqu’il
n’était plus président mais un candidat malheureux à la succession de son
successeur!
Le «Rugged individualism» (Individualisme robuste)) de
Herbert Hoover, lui, rejoignit vite les oubliettes de l’Histoire pour avoir été
inventé juste avant la grande crise de 1929. De même que le «Compasionnate
conservatism» (Conservatisme compassionné) de George W Bush qui ne résista pas
aux attentats du 11 septembre 2001 puis à l’invasion de l’Irak.
Quant à la «Third way» (troisième voie) de Bill Clinton,
elle ne ressort pas d’un discours particulier mais de plusieurs et d’une
pratique politique.
Y a-t-il une formule pour définir la politique et la
présidence de Barack Obama?
Lors d’un entretien récent donné au magazine Rolling Stone,
l’interviewer proposa à Obama la formule «Fair shake» que ce dernier avait déjà
utilisé plusieurs fois et que l’on pourrait traduire par l’«opportunité
équitable» pour tous de réussir.
Celui-ci répondit que «cela me plait, (…) cela sonne bien à
mes oreilles».
Mais qu’est-ce que cette opportunité équitable. Elle se
décline en «fair shot» (jeu équitable) et «fair share» (part équitable).
Tout le monde à droit à un «fair shot», jeu équitable qui
permet d’avoir la même chance de réussite, et tout le monde doit avoir la part
équitable qui lui revient, en matière de droit mais aussi de devoir afin de
donner la part équitable qu’il doit à la communauté.
Barack Obama, lors du fameux discours qu’il prononça à
Osawatomie dans le Kansas (là-même où Theodore Roosevelt, en 1910, avait parlé
de son New nationalism), le définissait ainsi: «Je suis ici au Kansas pour
réaffirmer ma profonde conviction que nous sommes plus grands ensemble que nous
le sommes chacun de notre côté. Je crois que ce pays réussi lorsque chacun à la
droit à un «fair shot» (jeu équitable), lorsque chacun donne sa «fair share»
(part équitable), lorsque tout le monde joue avec les mêmes règles. Ce ne sont pas des valeurs démocrates ou des
valeurs républicaines. Ce ne sont pas les valeurs des 1% ou les valeurs des
99%. Ce sont les valeurs américaines. Et nous devons les réinstaurer».
Pour Barack Obama, cela ne remet pas en cause l’économie de
marché, bien au contraire, «l’économie de marché (free market) est la plus
grand force pour le progrès économique dans l’histoire humaine».
Mais «l’économie de marché ne fonctionne bien que lorsqu’il
y a des règles sur le chemin qui assure que la compétition est juste et ouverte
et honnête».
Et, pour préciser sa pensée, de reprendre une des
affirmations les plus célèbres de Théodore Roosevelt lors de son discours
d’Osawatomie: «notre pays ne signifie rien si il ne signifie pas le triomphe de
la vraie démocratie, d’un système économique sous lequel chaque homme verra son
opportunité de montrer le meilleur qui est en lui garantie».
Se mettre dans les pas de Théodore Roosevelt, qui était un
président républicain et qui revendiquait son conservatisme mais aussi son
progressisme, est une manière pour Barack Obama de démontrer que sa présidence est
définie comme centriste, consensuelle et bipartisane, alliant le meilleur du
libéralisme économique, du libéralisme politique, du libéralisme sociétal mais
aussi de la solidarité que le Centre puise dans l’idée que les vraies
opportunités n’existent que si tout le monde part à égalité sur la ligne de
départ.
Alexandre
Vatimbella