Dans deux jours se déroulera l’élection présidentielle
américaine. Les urnes vont ainsi départager six candidats, dont les principaux
sont évidemment le président démocrate sortant Barack Obama, et son challenger
républicain, Mitt Romney.
Les deux hommes multiplient, en cette fin de campagne, les
déplacements et les meetings pour ratisser large, le seul moyen de gagner alors
que les sondages sont assez serrés même s’ils montrent une tendance favorable
au président.
Chacun a, dans un premier, temps, rassemblé son camp, ce qui
a été assez facile pour Barack Obama et un peu plus compliqué pour Mitt Romney.
Il leur faut maintenant amener dans les bureaux de vote les électeurs modérés
et centristes qui ne se sont pas encore déterminés pour l’un ou l’autre.
Tous deux se positionnent désormais au centre de l’échiquier
politique. Mais qui est réellement du Centre?
Barack Obama, depuis qu’il est entré en politique, s’est
toujours affiché comme un centriste, cela fait partie de sa réflexion politique
et philosophique.
Il est ainsi un progressiste centriste dans la lignée de ses
illustres prédécesseurs Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson,
Lyndon Johnson ou Bill Clinton, venant pour certains des rangs républicains et,
pour d’autres de ceux des démocrates.
Son premier mandat en a été une preuve malgré les critiques
provenant de gauche et le présentant comme un conservateur proche des thèses de
la Droite et celles émanant de droite et le qualifiant de socialiste marxiste.
Dès le premier jour de son entrée en fonction, il a tenté de
travailler avec tous les élus, républicains et démocrates, et a accepté, afin
de trouver des consensus acceptables pour tous, de mettre en place des réformes
modérées et équilibrées, tant au niveau de l’assurance-santé, de la régulation
financière que du plan de relance de l’économie américaine.
Cette obsession centriste a sans doute été pour beaucoup
dans les attaques virulentes dont il a fait l’objet et de la peur qu’il a
suscité dans les rangs républicains s’il réussissait dans son entreprise (d’où
l’obstruction permanente de ceux-ci et la volonté d’en faire un «one-term
president» avant même son entrée en fonction).
De ce point de vue, il représente le «véritable centrisme» à
l’inverse de Mitt Romney.
Ce dernier a toujours été un opportuniste qui s’est situé au
centre (centre-droit) mais qui n’était pas du Centre. Toute sa carrière
politique en est une preuve.
Ainsi, il met souvent en avant ses qualités bipartisanes en
ayant réussi, en tant que gouverneur de Massachussetts, à diriger un Etat où le
Congrès était à 87% dominé par les démocrates.
Mais si l’on reprend son parcours, il n’a pratiquement rien
fait à part sa réforme de l’assurance-santé (celle qu’il renie aujourd’hui)
parce qu’il a repris les thèses défendues par les démocrates qui ont alors accepté
de travailler avec lui sur ce sujet.
Quant à sa campagne électorale, elle est un condensé
éloquent de son changement de cap continuel afin d’obtenir la seule chose qui
l’intéresse en réalité, avoir le pouvoir et non le pouvoir de faire.
Pendant les primaires républicaines, il a été souvent plus à
droite que ses adversaires d’extrême-droite qui n’ont d’ailleurs pas hésité à
le présenter comme une girouette opportuniste.
Et, depuis son investiture, il n’a pas cessé de tenter de se
recentrer en disant le contraire de ce qu’il disait quelques semaines
auparavant.
Dès lors, plus personne – dont de nombreuses personnalités
républicaines - ne sait comment il va gouverner s’il est élu président des
Etats-Unis.
Beaucoup de commentateurs estiment qu’il devra composer avec
les thèses jusqu’au-boutistes qu’il a défendues notamment sur
l’assurance-santé, sur le rôle du gouvernement, sur les aides sociales, sur les
relations internationales et sur les questions de société (comme la
contraception et l’avortement).
On serait tenté d’acquiescer à ce point de vue mais tout
cela n’est qu’hypothèses qui peuvent très bien se révéler erronées, notamment
si une majorité de républicains est élue à la Chambre des représentants (ce qui
sera sans doute le cas) et au Sénat (ce qui ne devrait pas être le cas).
Nous avons donc, d’un côté, un président sortant qui a
démontré sans équivoque son attachement à une vision centriste de la politique
et de la société et, de l’autre, un candidat républicain qui se situera, au
mieux, au centre par opportunité.
Le choix est donc clair. Si les Américains veulent avoir un
président centriste, ils doivent réélire Barack Obama.