Faire de l’UDI une UMP modérée avec à sa marge une droite
dure, zone tampon avec l’extrême-droite, comme il y a une gauche dure avec le
Front de Gauche, tel est sans aucun doute le dessein et l’ambition de
Jean-Louis Borloo qui n’arrête pas de se poser en leader de l’opposition ces derniers
jours, surfant plus ou moins maladroitement sur les déboires de l’UMP.
Mais ceci n’est guère une révélation.
Nous l’avons dit ici, dès la création du groupe UDI à
l’Assemblée nationale, que ce rassemblement n’était pas centriste, ni même de
centre-droit mais de droite modérée. Ce qui se passe actuellement le confirme
amplement.
Jean-Louis Borloo n’a jamais été centriste et, en plus, il
le revendique.
De même que ses proches comme Laurent Hénart, Rama Yade ou
Yves Jégo.
Sa volonté était de se créer un espace à droite pour
concurrencer l’UMP, voilà qui est fait, puis faire des alliances électorales et
de gouvernement uniquement avec ce dernier.
Peut-il, pour autant rassembler plus qu’il ne le fait
actuellement?
Ce sera difficile si l’on considère que les partisans de
Jean-François Copé se situent généralement à la droite de la droite et que
François Fillon et Jean-Louis Borloo se détestent (notamment depuis l’épisode
de la nomination ratée de ce dernier comme premier ministre à la place de
Fillon mais il y avait déjà de l’eau dans le gaz auparavant).
On voit mal, dès lors, les alliés de l’ancien hôte de
Matignon rejoindre en masse son deuxième ennemi mortel (après Copé,
évidemment).
En admettant, néanmoins, qu’il y réussisse, se posera alors
la question de la présence des centristes dans l’UDI comme se posait celle de
ces mêmes centristes dans l’UMP.
Et cela, dans des termes exactement identiques qui ont fait
que des partis comme le Nouveau Centre et l’Alliance centriste, aujourd’hui à
l’UDI, ont toujours refusé de se fondre dans l’UMP.
Car, à terme, c’est bien leur marginalisation qui est à
l’ordre du jour et non leur emprise sur un parti qui aurait alors débauché une
grande partie de ses troupes à droite (les débauchages de troupes à gauche et
au centre, du fait même de la faiblesse de ce dernier, resteront limités).
Ce sera un coup pour rien pour le camp centriste.
Car, rappelons-le, les centristes doivent d’abord se réunir
ensembles, tous ensembles, ou, si ce n’est pas le cas, rien qu’ensembles.
Non pas pour constituer une secte fermée et à vocation
minoritaire, arcboutée sur sa «vérité», mais pour défendre un corpus de valeurs
et de principes en matières politique, économique, sociale et sociétale qui
donne au Centre son originalité et sa résistance à tout dissolution dans la
Gauche ou la Droite malgré toutes les prédictions de ses adversaires et les
tentatives de ses faux amis.
Qu’ensuite, ils constituent des alliances avec d’autres, que
ce soit du côté de la gauche modérée ou de la droite modérée, cela va de soi.
Quant à l’UDI de Jean-Louis Borloo, elle réussira peut-être
son pari de devenir le parti de droite majoritaire, l’UMP lui donnant actuellement
un sacré coup de pouce pour y parvenir beaucoup plus vite que prévu!
Mais si c’est le cas, les centristes qui l’ont rejointe,
pourraient en être les premiers perdants…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC