Barack Obama a remporté le second débat qui l’’a opposé à
Mitt Romney dans la ville de Hempstead (Etat de New York), en tout cas pour ce
qui est de la grande majorité des commentateurs ainsi que pour les sondés (deux
sondages réalisés dès la fin du débat pour CNN et CBS donne le président sortant
vainqueur avec sept points d’avance sur son adversaire républicain).
Pour le site Politico, «Barack Obama a été bon dans le
deuxième débat assez pour qu’il soit assuré d’une chose: s’il perd la course
pour un deuxième mandat, ce ne sera pas parce qu’il est mauvais dans les
débats. Si Mitt Romney perd la présidence, d’un autre côté, ce ne sera pas
parce que dans les dernières semaines de la campagne il a révélé de nouvelles
dimensions excitantes de sa personnalité et de son parcours qui étaient inconnues
ces deux dernières années».
Le président sortant a une stratégie, disqualifier son
adversaire en montrant qu’il n’a pas la stature d’un président, qu’il ment au
peuple américain sur son programme et qu’il est le candidat des riches alors
que celle du républicain est de pointer les échecs de l’hôte de la Maison blanche
et d’indiquer qu’il fera beaucoup mieux sans entrer dans les détails qui
seraient pénalisants pour lui (ou qu’il ne possède tout simplement pas!).
Voici donc les deux hommes à égalité, un partout… Mais
est-ce vraiment l’essentiel que de remporter un débat sur la forme et en
attaquant constamment l’autre?
Car, lors d’une telle élection, celle du président de la
première puissance mondiale, c’est bien le fond qui devrait primer et c’est son
projet de société qui devrait donner l’avantage à l’un ou l’autre.
Ici, force est de constater que l’on demeure sur sa faim.
Est-ce parce que les deux candidats n’ont pas grand-chose à
proposer et que, dès lors, toute leur stratégie est de critiquer l’autre qui ne
serait pas digne d’occuper le fauteuil de président pour les quatre prochaines
années?
En réalité, on s’aperçoit que Barack Obama tente bien de
déplacer la discussion sur les différences politiques en parlant de choc entre
deux projets de société complètement différents pendant que Mitt Romney, lui,
doit jouer sur deux registres, être un opposant résolu à tout ce qu’Obama
représente (pour contenter la droite extrême du Parti républicain) et rassurer
sur le fait qu’il ne changera pas grand-chose (pour rassurer les électeurs
modérés dont il a besoin pour gagner).
Cela a donné, lors du premier débat, des échanges assez
surréalistes où Romney semblait d’accord avec nombre de propositions d’Obama,
désarçonnant ce dernier qui déclara ensuite qu’il avait eu affaire face à lui à
une personne qui disait s’appelait Mitt Romney…
Le deuxième débat a été plus vigoureux sur les positions
politiques mais est demeuré, malgré tout, focalisé sur des attaques
personnelles (on pourrait, malgré tout, dire que chacun personnalise un
programme politique).
Heureusement pour la démocratie américaine, ces débats
télévisuels ne sont qu’une partie de la campagne électorale.
Et même si celle-ci est composée en partie de publicités
audiovisuelles négatives et parfois à la limite de la décence, les questions
essentielles ont bien été posées.
C’est pourquoi il fut espérer que les trois débats ne seront
pas les seules références sur lesquelles s’appuieront les électeurs…
Alexandre Vatimbella