Pour autant, s’il a été bon sur la forme, il a été, comme
d’habitude, faible sur le fond, détournant la conversation à chaque fois que le
président sortant ou le modérateur, le journaliste Jim Lehrer, lui demandaient
de préciser ses plans et ses mesures.
Sans doute que le brio de Romney est d’autant plus loué
qu’Obama a été peu offensif, adoptant une position de pédagogue sur ses quatre
ans de présidence et les réformes qu’il a mis en place tout en expliquant qu’il
se battrait de la même manière s’il était réélu, notamment en faveur des
classes moyennes.
Du coup, comme cela était prévisible et se produit souvent
dans ce type de débat, le challenger qui n’a rien à perdre adopte une position
plus offensive et sa «nouveauté» parait plus rafraîchissante aux yeux du public
que la défense d’un bilan.
En outre, Mitt Romney a tenté cet exercice difficile où il
s’est cassé maintes fois les dents au cours des derniers mois, d’apparaître
comme un modéré tout en gardant nombre de ses positions très clivantes.
Il a ainsi redit qu’il annulerait la loi sur
l’assurance-santé de Barack Obama dès son arrivée à la Maison blanche, tout en
précisant immédiatement qu’il en garderait certaines mesures et en louant sa
propre réforme dans le Massachussetts (détestée par la droite républicaine) qui
est quasiment identique à celle mise en place par Obama…
De même, alors qu’il continue dans ses meetings à promettre
des allégements fiscaux pour les plus riches, il s’est fait le chante de la
baisse des impôts pour la classe moyenne tout en reconnaissant que les plus
riches devraient payer plus…
Reste à savoir si, au-delà d’une victoire dans un débat,
aussi important fut-il, va déplacer du camp démocrate au camp républicain, le
nombre d’électeurs dont il a besoin pour inverser la tendance actuelle qui le
donne perdant face à Barack Obama.
Rappelons que deux nouveaux débats vont avoir lieu au cours
de ce mois entre les deux hommes (plus un débat entre les deux candidats à la
vice-présidence, Joe Biden, le démocrate, et Paul Ryan, le républicain).
Dans les jours qui viennent les sondages montreront si les
électeurs ont été sensibles à la prestation modérée de Mitt Romney ou s’ils
pensent toujours qu’il n’est pas proche d’eux et préfèrent toujours Barack
Obama.
A noter, mais ce n’est pas une surprise, que le débat a été
l’événement politique ayant suscité le plus de tweets (twitter, créé en 2006,
n’avait pas encore l’importance qu’il a acquise il y a quatre ans lors de la
dernière campagne présidentielle).
Alexandre Vatimbella