On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les
républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de
tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était
le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur
son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite
extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.
Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama,
il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils
le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit -
afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.
D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par
élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour
la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas
Sarkozy en France).
Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats
représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on
élimine.
Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.
Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils
seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont
déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.
Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui
sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans
parler, évidemment, des centristes.
Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se
déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour
cette élection et pour l’avenir de leur pays.
On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate
à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme
était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la
présidence de George W Bush.
La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet
de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire
Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les
républicains aux yeux de l’opinion.
Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc
pas un président par défaut.
En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu
dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.
S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il
soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique
rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore
fragile et doutant sur ce que sera son avenir.
Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile
que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand
président.
Alexandre Vatimbella