La présence de membres du CNIP (Centre national des
indépendants et paysans) dans l’UDI (Union des démocrates et indépendants) pose
la question du positionnement politique de cette dernière structure créée par
Jean-Louis Borloo et sensée représenter la mouvance du centre-droit.
Se rappelant sans doute du modèle de l’UDF, le président du
Parti radical a voulu une confédération ouverte à tous ceux qui veulent en
faire partie, d’où la présence du CNIP dont les positions sont souvent plus
proches de l’extrême-droite que du Centre.
N’oublions pas que l’UDF, dès sa création, a malheureusement
abrité dans ses rangs des personnalités bien plus à droite que celles que l’on
trouvait à l’époque dans le RPR comme Philippe de Villiers, Christine Boutin ou
Roger Chinaud et des hommes qui n’ont pas hésité à s’allier avec le Front
national comme, en Lozère, Jacques Blanc ou, en Rhône-Alpes, Charles Million.
La dernière intervention de François Lebel, maire du VIII°
arrondissement de Paris et adhérent du CNIP sur le mariage gay (dont il a le
droit d’y être opposé) qui serait une porte ouverte, selon lui, à la polygamie,
à l’inceste et à la pédophilie, a des relents nauséabonds dont on trouve des
similitudes dans des thèses dont certaines ont abouti à la stigmatisation et la
chasse aux homosexuels dans le III° Reich…
Le fait que l’UDI n’ait que condamné ces propos sans
demander au président du CNIP, Gilles Bourdouleix, qui est pourtant signataire
du pacte fondateur de l’UDI, de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre
de ce militant de son parti (il s’est seulement désolidarisé de François Lebel)
est de ce point de vue inquiétant.
Car, comme l’a déclaré Borloo, le Centre, même celui qui
penche à droite, n’a rien à voir avec les positions de l’extrême-droite.
C’est bien de le dire, c’est mieux d’agir en conséquence.
Plus largement, cela pose la question fondamentale du
positionnement de l’UDI.
Une clarification semble nécessaire: est-ce un parti
attrape-tout sur le modèle UMP (d’autant plus que tout ralliement augmente son
poids politique) ou un parti de centre-droit fier de ses valeurs et de ses
principes humanistes.
Il est à espérer que cette clarification se fera dans les
semaines à venir et, pourquoi pas, le 21 octobre prochain lors du Congrès
fondateur de la formation à la Mutualité dans un V° arrondissement de Paris où
aucun maire n’aurait tenu des propos entendus de l’autre côté de la Seine…
D’autant qu’il est étonnant d’avoir vu les responsables de
l’UDI monter au créneau sans relâche pour dénoncer les propos de Jean-François
Copé sur le «racisme anti-blanc» (on aurait, évidemment, préféré que le
secrétaire général de l’UMP parle de tous les racismes dont celui-ci) alors que
ceux-ci méritent un réel débat sur la capacité de la société française actuelle
à établir un vrai respect dans le vivre ensemble, partout et de la part de
chacun, plutôt que ces réactions d’indignations qui ont pour but un refus de s’engager
dans une discussion, certes périlleuse mais pourtant hautement nécessaire,
avant qu’un communautarisme pur et dur ne s’installe dans notre pays, séparant
artificiellement des individus dont le Centre humaniste a toujours prôné leur
valeur en tant que personnes libres et égales.
Un homosexuel est un membre à part entière de la société
française, tout comme n’importe quel autre citoyen, quel que soit sa couleur et
ses origines. Les insultes et les violences, qu’elles soient racistes,
homophobes ou autres ne sont pas acceptables, d’où qu’elles viennent.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC