Les humains ont vraiment la mémoire courte et peu de recul
sur leur condition. Ce n’est guère nouveau mais les «sarcasmes» et autres
«incrédulités» face à l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union
européenne viennent nous le rappeler tristement.
Car si ces contempteurs de l’Union européenne s’étonnent
qu’elle ait reçu ce prix (on parle ici de paix pas de développement économique
ou social), qu’ils regardent un peu dans le rétroviseur de l’Histoire les
tragédies malheureusement pas si lointaines.
Pendant les quarante-cinq premières années du XX° siècle,
les guerres initiées par les peuples de l’UE ont fait, au bas mot, soixante-dix
millions de morts.
Les innombrables cimetières militaires et monuments aux
morts sont autant de lieux de mémoire face aux tentations de l’oubli, ce
dernier étant le meilleur ami des prochaines boucheries.
Et je ne parle même pas de ces conflits infinis qui ont
ensanglanté l’Europe au cours des millénaires.
Depuis que celle-ci a décidé de s’unir, plus aucune guerre
n’a opposé les grands pays du continent.
Mieux, l’intégration rapide des pays de l’Est après la chute
du rideau de fer a empêché des guerres sanglantes que redoutaient tous les
spécialistes.
Comme aucun conflit n’a alors éclaté, cela n’a pas fait les
gros titres de la presse et donc les peuples ne sont guère inquiétés mais la
réalité, elle, était bien là.
Bien sûr, il y a eu le couac de l’ex-Yougoslavie, tout en
sachant que cette dernière n’était pas dans l’Union européenne.
En tout cas, quelles que soient les critiques de gens qui ne
savent même plus dans quel monde ils vivent (à moins qu’une «bonne guerre» les
tente!), les centristes peuvent être fiers de ce prix Nobel de la paix, eux qui
ont été les pionniers, à l’image d’Aristide Briand ou de Robert Schuman, d’une
intégration européenne et qui, sans relâche, promeuvent son approfondissement
et un fédéralisme qui, seul, permettra à la paix sur le continent et ailleurs,
d’être plus solide.
Evidemment, ce prix Nobel doit également nous interpeler, nous
les Européens, pour que nous prenions conscience que nous avons un outil à notre
disposition pour faire rayonner cette paix mais aussi pour prendre les
décisions urgentes afin que cette union européenne continue à aller de l’avant
et devienne enfin ce véritable phare humaniste qui était l’ambition de ses
fondateurs.