En début d’année, il avait déjà expliqué que les pauvres ne
l’intéressaient pas. Voilà Mitt Romney qui récidive en déclarant en petit comté
puis le confirmant devant la presse que les 47% d’Américains qui ne payent pas
d’impôts ne l’intéressent pas, non plus (alors même que beaucoup d’entre eux
sont des électeurs républicains!).
Certains estiment que ce sont là des gaffes du candidat républicain
à l’élection présidentielle.
Si ce sont des gaffes, elles le sont uniquement en termes
électoraux et non par rapport à la vision de M. Romney des Etats-Unis, un pays
pour les riches et ceux qui veulent devenir riches et non pas pour les assistés
ou les laissés pour compte d’une société qui produit des milliardaires mais
broie souvent ceux qui ne réussissent pas.
C’est bien cette Amérique divisée que les républicains
promeuvent depuis des années, depuis leur virage à droite.
Un pays où le certificat de bon Américain se délivre au vu d’un
compte en banque fourni, de valeurs les plus réactionnaires, de croyances
religieuses intégristes et sur fond d’exceptionnalisme, cette idéologie de glorification
de la différence et de la supériorité américaine, pervertie par les radicaux
qui affirment que les Etats-Unis sont le pays élu et exemplaire qui montre la
seule voie possible au reste du monde encore dans l’obscurantisme.
Car les «gaffes» ont aussi été dirigées en direction de l’étranger,
de la Grande Bretagne, incapable de bien organiser les Jeux olympiques, aux
Palestiniens, ne s’intéressant absolument pas la paix.
Non, les dérapages à répétition de Mitt Romney ne sont pas
des gaffes.
Bien sûr, ce sont des bêtises dans le sens où celles-ci le
rendent de moins en moins crédible aux yeux de ses compatriotes et seront peut-être
la cause de sa défaite le 6 novembre prochain.
En revanche, couplées aux mensonges de Paul Ryan, son colistier,
ces soi-disant bourdes à répétition prennent toute leur dimension en montrant,
à la fois, que tous les moyens sont bons pour prendre le pouvoir et, surtout,
que la fantasmagorie dans laquelle s’enferment petit à petit les républicains
est un réel danger pour l’avenir des Etats-Unis et, par voie de conséquence,
pour le reste du monde.
Une fantasmagorie bien loin du Centre où Mitt Romney s’était
positionné pour se faire élire gouverneur du Massachussetts, Etat «liberal»,
mais plus proche de ses dires lors de la primaire républicaine où il devait
convaincre la frange de la droite extrémiste du parti emmenée par le mouvement
du Tea party.
Il est à espérer, si les républicains perdent les élections,
qu’un grand nettoyage se produise dans leurs rangs afin de permettre de vider
le parti des extrémistes délirants et aux conservateurs modérés de reprendre le
pouvoir et aux centristes de droite de redevenir une force qui compte.
Alexandre Vatimbella