mardi 18 septembre 2012

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Derrière l’anti-américanisme, la haine de la démocratie


Ne nous y trompons pas, l’anti-américanisme qui enflamme les pays et les communautés musulmans à travers le monde ces derniers jours est en réalité une haine de la démocratie occidentale et le refus de la liberté individuelle ainsi que de la tolérance.
S’il en fallait des preuves, les attaques des ambassades allemande et britannique au Soudan, alors que ces deux pays n’avaient strictement rien à voir avec le film anti-islamiste incriminé, «L’innocence des musulmans».
De même avec l’attentat à Kaboul qui a détruit un minibus dans lequel se trouvaient des «occidentaux».
Les Etats-Unis, eux aussi, n’ont rien à voir avec cet événement qui est le fait d’un Egyptien, Nakoula Besseley Nakoula, faut-il le rappeler.
Tout ceci est en fait le cadet des soucis des radicaux islamistes comme le Hezbollah au Liban, les Talibans en Afghanistan ou les salafistes en Egypte et en Tunisie, sans oublier Al Qaida (qui est sans doute responsable de la mort à Benghazi de l’ambassadeur américain en Libye).
Ils ont profité de l’événement et l’ont instrumentalisé afin de provoquer des troubles et de demander dans la foulée qu’une règle internationale soit édictée pour réprimer ceux qui offensent les religions avec des mots et des images au nom d’un soi-disant respect pour celles-ci, tout au moins pour la religion musulmane car on les connait moins à cheval sur les blasphèmes à l’encontre du christianisme (et les destructions d’églises), du judaïsme et autre hindouisme, par exemple.
Réglementer la liberté d’expression ou, plutôt, la supprimer, nous voilà véritablement au cœur de toute cette affaire.
La réalité est bien une charge en règle contre la démocratie et ses valeurs de liberté et de tolérance.
Oui, c’est bien la haine de la démocratie qui s’exprime ici.
Et si cette offensive virulente intervient après le Printemps arabe, cela n’est pas non plus une coïncidence, alors que les tentatives de reprises en main par les mouvements fondamentalistes se déroulent avec violence au Caire et à Tunis, par exemple.
L’apparition en public de Hassan Nasrallah, le leader du parti extrémiste du Hezbollah au Liban – lui qui se cache depuis 2008 - pour haranguer les foules en est une autre démonstration.
N’oublions pas, non plus, que les attentats du 11 septembre 2001 ont touché prioritairement New York, cette capitale de la mondialisation où des centaines de communautés peuvent coexister ensemble dans la paix et la démocratie, le repoussoir absolu pour tous les intolérants du monde entier comme le sont tous les religieux radicaux extrémistes.
De ce point de vue, tous les pays occidentaux sont concernés par cet anti-américanisme, que l’on aime ou que l’on n’aime pas les Etats-Unis ou les Américains.
Le ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, l’a d’ailleurs fort bien compris quand il a dénoncé la manifestation de salafistes qui s’est déroulée à Paris pour protester contre le film mais surtout pour attaquer les fondements même de la démocratie.
Cette démocratie qui met en avant la liberté et la tolérance, entre autres, est évidemment indissociable du combat du Centre.
Ainsi, les centristes d’Egypte, de Tunisie, du Maroc et du Liban nous mettent quotidiennement en garde contre la montée des partis islamistes dans leurs pays respectifs.
Nous devons les écouter et les aider dans leur combat humaniste afin qu’ils deviennent cette alternative face à l’obscurantisme et établissent la démocratie qui, seule permettra d’être libre de croire ou de ne pas croire et de choisir sa religion.
La démocratie est un combat de tous les instants dans le monde entier, même là où elle semble forte et inexpugnable. Il serait bon que les populations qui ont la chance de vivre dans la liberté ne l’oublient jamais.