A deux mois de l’élection présidentielle américaine, il est
temps de faire un bilan du mandat de Barack Obama.
Celui-ci a été évidemment réalisé en profondeur par les
médias américains.
Concernant la situation et l’atmosphère lors de son mandat,
il en ressort tout d’abord – chez ceux qui cherchent à avoir une approche la
plus objective possible – que le président sortant a été confronté à la pire
crise économique depuis la Grande dépression (que l’on appelle désormais le
Grande récession)
Mais il a aussi dû faire face à une opposition sans répit,
dure, frontale et totale des républicains ainsi qu’à une guérilla de sa gauche
démocrate, les premiers le trouvant trop à gauche et les seconds trop à droite,
comme d’habitude quand on se retrouve au centre de l’échiquier politique….
Mais, ajoutent-ils, Barack Obama n’a pas été le
communicateur charismatique que l’on attendait de lui au vu de sa formidable
campagne de 2007 face à Hillary Clinton puis à John McCain.
Il s’est montré étonnamment incapable de vendre ses
réussites quand ses adversaires n’avaient, eux, aucun mal à pointer du doigt
ses échecs et, même, à transformer certaines de ses réussites en fiascos!
Sans oublier, l’évidente différence qui est petit à petit
apparue entre le mythe du rédempteur providentiel et la réalité d’un homme
aussi talentueux fut-il mais humain qui a engendré une grande déception parmi
de nombreux électeurs, surtout les jeunes.
Ceux-là voulaient voir dans le premier président
afro-américain de l’histoire des Etats-Unis, une sorte de héros comme en
produit Hollywood et qui allait transformer le pays et le sauver d’une classe
politique inefficace et corrompue.
Il s’agit là de la première grande incompréhension entre
Obama et les Américains.
Depuis le début de son engagement politique, Barack Obama a
toujours rejeté la radicalité et prôné sans relâche la recherche des solutions
les plus efficaces mais aussi les plus consensuelles, croyant à la capacité des
individus à s’unir sur les questions essentielles.
Il a toujours préféré la discussion à la décision
unilatérale.
Il suffit de se pencher sur ses accomplissements politiques,
ses discours et ses livres pour en être convaincu.
Et après un exercice du pouvoir de quatre ans, il est le
même dans ses valeurs et ses principes.
Bien sûr, lors de la campagne de 2007, il avait proposé
explicitement le changement («Change we believe in») et a affiché un
volontarisme communicateur («Yes we can»).
Pour autant, si l’on relit ses dires de l’époque, on ne
trouve aucune volonté de bousculer l’ordre établi, aucun rêve d’une révolution
partisane, aucune idée d’installer le paradis sur terre, juste l’envie de bâtir
une société apaisée et dynamique.
Quant à son action, il fut considéré lors des deux premières
années de son mandat comme le président qui a passé le plus de lois qu’aucun
autre, plus que Franklin Roosevelt du temps de son New Deal ou Lyndon Johnson
du temps de sa Great Society.
Mais l’échec de son parti aux élections de mi-term en
novembre 2010 avec la perte de la majorité à la Chambre des représentants au profit
des républicains a bloqué tout le système et peu de nouvelles mesures ont été
prises depuis.
Reste que la loi sur l’assurance-santé pour tous, le
stimulus chargé d’éviter l’effondrement de l’économie, le sauvetage du secteur
automobile, la loi sur la régulation financière sont, parmi d’autres, d’incontestables
succès d’Obama.
En outre, ceux-ci ont été considérés comme trop
interventionnistes par les réactionnaires de droite et trop timides par les étatistes
de gauche (un brevet de Centrisme, donc!).
Sans oublier l’élimination d’Oussama Ben Laden, le retrait
réussi d’Irak (pour les Américains) et un monde qui ne déteste plus l’Amérique
comme au temps de George W Bush.
L’ensemble de ces réalisations évoque une volonté de mettre
en place une société plus juste, plus solidaire, plus tolérante et plus
performante sans toucher aux fondements du libéralisme politique et d’une
économie de marché.
Ce qui fait sans conteste de Barack Obama un humaniste.
Quant à son bilan politique, il est incontestablement
centriste même s’il a un goût d’inachevé.