Les médias américains se posent cette question depuis que le
candidat républicain qui vient d’être investi par son parti lors de la
Convention de Tampa (Floride) a changé la plupart de ses opinions, parfois prenant
le contrepied exact de ce qu’il disait auparavant, notamment sur les sujets de
société, de l’avortement à l’assurance santé en passant par le changement
climatique.
Autrefois, il défendait toutes ces positions contre
lesquelles il est désormais.
Autrefois, il était considéré comme un modéré, voire un
centriste.
Comme l’explique un conseiller de Mitt Romney sous couvert d’anonymat,
interrogé par le quotidien Boston Globe, il devait obligatoirement changer s’il
voulait être le candidat républicain.
Mais certains de ses anciens amis estiment qu’il s’est fourvoyé
car il reste au fond de lui-même un modéré alors que d’autres pensent qu’il a
toujours été un homme «façonné par le pragmatisme», c’est-à-dire favorisant les
buts qu’il se fixe et adaptant à ceux-ci ses valeurs et son discours.
D’où cette impression de «flip-flop» (de volte-face mais
également d’indécision) qui lui colle à la peau.
Ainsi, il fut libéral comme candidat puis gouverneur du
Massachussetts (un des Etats les plus à gauche de l’Union) et il est un
conservateur proche des réactionnaires en tant que candidat du Parti
républicain (de plus en plus radicalisé à droite) à l’élection présidentielle.
Ses conseillers, eux, tentent de faire accréditer la thèse
selon laquelle il a eu une sorte de révélation et que ses idées actuelles ne
font que traduire sa nouvelle vision politique.
Romney, quant à lui, se déclare «sévèrement» conservateur.
En réalité, le problème est que Romney souhaitait se
présenter comme l’anti-Obama intégral et de faire de la présidentielle un
référendum contre le président sortant, à la fois, pour masquer son vide
programmatique mais également pour adopter toutes les positions extrêmes du
Parti républicain et donner des gages aux militants les plus à droite.
A ce sujet, d’ailleurs, une des réponses favorites du
candidat républicain, lorsqu’on lui pose une question sur ses positionnements
passés est d’affirmer qu’il ne se préoccupe pas d’hier mais uniquement de
demain…
Sentant cela, les démocrates ont alors décidé d’accès
prioritairement leur campagne sur l’homme Romney pour démontrer qu’il n’était
qu’un riche financier, plaçant son argent à l’étranger pour échapper à l’impôt,
déconnecté des préoccupations des gens «normaux» et sans réelle expérience du
pouvoir.
Et ils ont réussi, les Américains étant plus que réservés
sur Romney ainsi que le montre l’ensemble des sondages.
Ceci pourrait s’avérer comme un handicap rédhibitoire pour
le républicain sachant que jamais un candidat qui, majoritairement, n’inspirait
pas confiance n’a été élu à la Maison blanche.
Dès lors, l’équipe de campagne d’Obama continuera à poser
des questions dérangeantes sur le «vrai» Mitt Romney.
Pour autant, rappelons aussi qu’aucun président sortant n’a
jamais été réélu avec un taux de chômage aussi élevé qu’actuellement!
Faites vos jeux…
Alexandre Vatimbella