Au début de l’été, nous avions laissé les partis centristes
groggys après les échecs des élections présidentielles et législatives.
Démoralisés et se battant pour leur survie, ils ont paru, malheureusement,
incapable de prendre la mesure exacte de leur déconfiture pourtant annoncée
depuis longtemps par tout observateur un tant soit peu réaliste.
Au lieu de faire le constat de leurs faiblesses et d’en
tirer les leçons, ils se sont repliés dans une posture frileuse ainsi que dans
des règlements de compte souvent minables.
Bien sûr, il y a eu déclarations et agitations sur la
refondation d’un espace centriste autour d’un parti unique ou d’une
confédération.
Celles-ci qui n’ont abouti, pour l’instant, qu’à une OPA du
Parti radical et de Jean-Louis Borloo - avec la création du groupe UDI (Union
des démocrates et indépendants) à l’Assemblée nationale -, ce dernier ayant été
assez opportuniste et intelligent pour prendre de vitesse ses concurrents et
s’autoproclamer chef des centristes tout en expliquant qu’il n’en était pas un!
Reste que l’on ne sait pas grand-chose de ses plans sauf
qu’il aimerait bien fonder un parti à sa dévotion pour le mettre sur orbite
pour la présidentielle de 2017 alors qu’il n’a pas eu le courage de le faire en
2012.
Mais il n’est pas du tout sûr de parvenir à ses fins.
Face à lui, il y a, entre autres, le président du Nouveau
centre, Hervé Morin qui, lui, avait ce courage mais qui s’est pris une veste
n’arrivant même pas à réunir 500 signatures pour aller jusqu’au bout de sa
candidature.
Ce dernier hait autant Borloo que ce dernier le déteste.
Obligé d’adhérer à l’UDI pour ne pas se retrouver tout seul,
Morin veut maintenant la contourner en mettant sur pied un nébuleux «partenariat»
avec l’UMP…
De même, alors que Borloo prône une «opposition
constructive», le président du Nouveau centre parle d’«opposition frontale».
Hervé Morin, redevenu aussi vite sarkoziste qu’il avait été
un adversaire déterminé de l’ancien président de la république en le traitant
de tous les noms après sa sortie du gouvernement, navigue en eau trouble, ce
qui pourrait lui en coûter plus qu’il ne le pense.
Mais a-t-il d’autres choix s’il veut encore exister
politiquement?
D’autant que son ancien second, Jean-Christophe Lagarde
(qu’il hait autant que Jean-Louis Borloo…), a pris date en créant avant les
vacances la FED (Fédération européenne démocrate) avec plusieurs élus du
Nouveau centre et que l’avenir semble lui appartenir nettement plus qu’à Morin.
Car si la FED s’est fixée comme premier but de se mettre au
service de Jean-Louis Borloo dans son entreprise de mettre la mains sur le
Centre, Jean-Christophe Lagarde a une ambition qui cadre mal avec cet altruisme
déclaré…
Il ne serait guère étonnant que le député de
Seine-Saint-Denis soit un concurrent sérieux de l’ancien ministre de Nicolas
Sarkozy dans les années à venir même s’il est devenu, également, le
porte-parole de l’UDI.
Face à Borloo, il y a aussi François Bayrou dont le
Mouvement démocrate peine à encaisser la gifle des présidentielles et des
législatives, le laissant actuellement atone.
Bayrou a décidé de prendre du recul et certains de ses amis
souhaitent que celui-ci se prolonge indéfiniment alors que d’autres sont déjà
prêts à se rapprocher, soit de la majorité de gauche, soit d’un encore
hypothétique rassemblement centriste (même si aucun membre du MoDem ne fait
partie de l’UDI).
Ce qui pose évidemment la question de l’avenir du parti.
Pourra-t-il se relever de ce nouvel échec ou va-t-il
imploser?
La réponse viendra dans les mois qui viennent.
On le voit, cette rentrée politique va être cruciale pour la
mouvance centriste.
Sera-t-elle capable de prendre la mesure des défis?
Le passé récent n’incite guère à l’optimisme.
Alexandre Vatimbella