jeudi 30 août 2012

Une Semaine en Centrisme. Une rentrée vérité pour les centristes


Au début de l’été, nous avions laissé les partis centristes groggys après les échecs des élections présidentielles et législatives.
Démoralisés et se battant pour leur survie, ils ont paru, malheureusement, incapable de prendre la mesure exacte de leur déconfiture pourtant annoncée depuis longtemps par tout observateur un tant soit peu réaliste.
Au lieu de faire le constat de leurs faiblesses et d’en tirer les leçons, ils se sont repliés dans une posture frileuse ainsi que dans des règlements de compte souvent minables.
Bien sûr, il y a eu déclarations et agitations sur la refondation d’un espace centriste autour d’un parti unique ou d’une confédération.
Celles-ci qui n’ont abouti, pour l’instant, qu’à une OPA du Parti radical et de Jean-Louis Borloo - avec la création du groupe UDI (Union des démocrates et indépendants) à l’Assemblée nationale -, ce dernier ayant été assez opportuniste et intelligent pour prendre de vitesse ses concurrents et s’autoproclamer chef des centristes tout en expliquant qu’il n’en était pas un!
Reste que l’on ne sait pas grand-chose de ses plans sauf qu’il aimerait bien fonder un parti à sa dévotion pour le mettre sur orbite pour la présidentielle de 2017 alors qu’il n’a pas eu le courage de le faire en 2012.
Mais il n’est pas du tout sûr de parvenir à ses fins.
Face à lui, il y a, entre autres, le président du Nouveau centre, Hervé Morin qui, lui, avait ce courage mais qui s’est pris une veste n’arrivant même pas à réunir 500 signatures pour aller jusqu’au bout de sa candidature.
Ce dernier hait autant Borloo que ce dernier le déteste.
Obligé d’adhérer à l’UDI pour ne pas se retrouver tout seul, Morin veut maintenant la contourner en mettant sur pied un nébuleux «partenariat» avec l’UMP…
De même, alors que Borloo prône une «opposition constructive», le président du Nouveau centre parle d’«opposition frontale».
Hervé Morin, redevenu aussi vite sarkoziste qu’il avait été un adversaire déterminé de l’ancien président de la république en le traitant de tous les noms après sa sortie du gouvernement, navigue en eau trouble, ce qui pourrait lui en coûter plus qu’il ne le pense.
Mais a-t-il d’autres choix s’il veut encore exister politiquement?
D’autant que son ancien second, Jean-Christophe Lagarde (qu’il hait autant que Jean-Louis Borloo…), a pris date en créant avant les vacances la FED (Fédération européenne démocrate) avec plusieurs élus du Nouveau centre et que l’avenir semble lui appartenir nettement plus qu’à Morin.
Car si la FED s’est fixée comme premier but de se mettre au service de Jean-Louis Borloo dans son entreprise de mettre la mains sur le Centre, Jean-Christophe Lagarde a une ambition qui cadre mal avec cet altruisme déclaré…
Il ne serait guère étonnant que le député de Seine-Saint-Denis soit un concurrent sérieux de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy dans les années à venir même s’il est devenu, également, le porte-parole de l’UDI.
Face à Borloo, il y a aussi François Bayrou dont le Mouvement démocrate peine à encaisser la gifle des présidentielles et des législatives, le laissant actuellement atone.
Bayrou a décidé de prendre du recul et certains de ses amis souhaitent que celui-ci se prolonge indéfiniment alors que d’autres sont déjà prêts à se rapprocher, soit de la majorité de gauche, soit d’un encore hypothétique rassemblement centriste (même si aucun membre du MoDem ne fait partie de l’UDI).
Ce qui pose évidemment la question de l’avenir du parti.
Pourra-t-il se relever de ce nouvel échec ou va-t-il imploser?
La réponse viendra dans les mois qui viennent.
On le voit, cette rentrée politique va être cruciale pour la mouvance centriste.
Sera-t-elle capable de prendre la mesure des défis?
Le passé récent n’incite guère à l’optimisme.
Alexandre Vatimbella

mardi 28 août 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Existe-t-il un «vrai» Mitt Romney?


Les médias américains se posent cette question depuis que le candidat républicain qui vient d’être investi par son parti lors de la Convention de Tampa (Floride) a changé la plupart de ses opinions, parfois prenant le contrepied exact de ce qu’il disait auparavant, notamment sur les sujets de société, de l’avortement à l’assurance santé en passant par le changement climatique.
Autrefois, il défendait toutes ces positions contre lesquelles il est désormais.
Autrefois, il était considéré comme un modéré, voire un centriste.
Comme l’explique un conseiller de Mitt Romney sous couvert d’anonymat, interrogé par le quotidien Boston Globe, il devait obligatoirement changer s’il voulait être le candidat républicain.
Mais certains de ses anciens amis estiment qu’il s’est fourvoyé car il reste au fond de lui-même un modéré alors que d’autres pensent qu’il a toujours été un homme «façonné par le pragmatisme», c’est-à-dire favorisant les buts qu’il se fixe et adaptant à ceux-ci ses valeurs et son discours.
D’où cette impression de «flip-flop» (de volte-face mais également d’indécision) qui lui colle à la peau.
Ainsi, il fut libéral comme candidat puis gouverneur du Massachussetts (un des Etats les plus à gauche de l’Union) et il est un conservateur proche des réactionnaires en tant que candidat du Parti républicain (de plus en plus radicalisé à droite) à l’élection présidentielle.
Ses conseillers, eux, tentent de faire accréditer la thèse selon laquelle il a eu une sorte de révélation et que ses idées actuelles ne font que traduire sa nouvelle vision politique.
Romney, quant à lui, se déclare «sévèrement» conservateur.
En réalité, le problème est que Romney souhaitait se présenter comme l’anti-Obama intégral et de faire de la présidentielle un référendum contre le président sortant, à la fois, pour masquer son vide programmatique mais également pour adopter toutes les positions extrêmes du Parti républicain et donner des gages aux militants les plus à droite.
A ce sujet, d’ailleurs, une des réponses favorites du candidat républicain, lorsqu’on lui pose une question sur ses positionnements passés est d’affirmer qu’il ne se préoccupe pas d’hier mais uniquement de demain…
Sentant cela, les démocrates ont alors décidé d’accès prioritairement leur campagne sur l’homme Romney pour démontrer qu’il n’était qu’un riche financier, plaçant son argent à l’étranger pour échapper à l’impôt, déconnecté des préoccupations des gens «normaux» et sans réelle expérience du pouvoir.
Et ils ont réussi, les Américains étant plus que réservés sur Romney ainsi que le montre l’ensemble des sondages.
Ceci pourrait s’avérer comme un handicap rédhibitoire pour le républicain sachant que jamais un candidat qui, majoritairement, n’inspirait pas confiance n’a été élu à la Maison blanche.
Dès lors, l’équipe de campagne d’Obama continuera à poser des questions dérangeantes sur le «vrai» Mitt Romney.
Pour autant, rappelons aussi qu’aucun président sortant n’a jamais été réélu avec un taux de chômage aussi élevé qu’actuellement!
Faites vos jeux…
Alexandre Vatimbella

samedi 25 août 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les Etats-Unis à la recherche du consensuel et centriste «conservatisme libéral» perdu


Nombre de médias américains et leurs éditorialistes vedettes se désolent actuellement de la disparation de cette Amérique idéale des années d’après-guerre où, selon eux, régnait un consensus entre les partis mais aussi dans la population qui faisait dire aux plus optimistes de l’époque qu’il n’existait pas de lutte des classes aux Etats-Unis, une affirmation très exagérée qui a pourtant traversé le temps.
On ne peut comprendre cette nostalgie développée depuis cinq ans et le début de la Grande Récession si on oublie que ce fut une période de plein emploi, de croissance forte et d’une croyance partagée sur l’avenir radieux d’un monde sous leadership américain.
Seule la menace de l’Union soviétique et d’un nouveau conflit mondial tempérait l’optimisme d’alors.
Mais, comme le pointait déjà il y a 35 ans l’historien Godfrey Hodgson (*), cette période idyllique, si elle exista vraiment, ne dura que quelques courtes années, de 1954 à 1963, voire jusqu’à 1965.
Pour la caractériser, Hodgson parlait «de conservatisme libéral» mais l’inversion des deux termes était également exacte.
Il consistait dans une quasi-unanimité de la classe politique sur la manière de gouverner le pays, caractérisée, notamment, par la décision du républicain Eisenhower de valider les réformes et les avancées sociales réalisées par le New Deal du démocrate Roosevelt.
En cette année 2012, alors que s’ouvre ce week-end la Convention républicaine qui va officialiser la candidature de Mitt Romney à la prochaine présidentielle avec son colistier Paul Ryan, on est vraiment très loin de ce consensus avec les positions prises par le parti sous l’impulsion du Tea Party, mouvance de la droite extrême et réactionnaire dont la naissance a suivi de près l’élection de Barack Obama en 2008.
Tellement loin que l’éditorialiste centriste Thomas Friedman, dans le New York Times, vient de souhaiter ardemment qu’il y ait à nouveau de vrais conservateurs à la tête du Parti républicain pour prendre des positions réalistes et des décisions urgentes sur les problèmes-clés en concertation avec les démocrates.
Car la formation d’Abraham Lincoln et de Theodore Roosevelt ne compte désormais plus guère que des radicaux de plus en plus durs.
Les quelques modérés restants qui ont réussi à survivre sont perdus dans un tourbillon réactionnaire qui les vilipendent sans cesse.
Une situation qui n’est pas sans rappeler l’élection présidentielle de 1966 où le républicain d’extrême-droite et revendiquant son extrémisme sans états d’âme, Barry Goldwater – qui demeure toujours une icône pour les membres du Tea Party -, se fit battre à plate couture par le démocrate Lyndon Johnson.
Après cette Bérézina, les républicains s’étaient recentrés assez vite avant de se radicaliser à nouveau sous l’ère Ronald Reagan sans pour autant que ce dernier ne détruise une politique bipartisane traditionnelle lorsqu’il se rendit compte que les idéologues de la droite extrême qui le conseillaient étaient en train de conduire le pays dans le mur (les mêmes qui sont les inspirateurs des politiques prônées par Paul Ryan et reprises à son compte par Mitt Romney…).
Une défaite des républicains aux élections du 6 novembre (présidentielle, législatives et sénatoriales) serait une énorme gifle pour les radicaux et une opportunité pour les modérés et les conservateurs de reprendre les rênes du parti.
Quoiqu’il en soit, ce serait une excellente nouvelle pour le pays qui doit, d’ores et déjà, faire face à de nombreux et gigantesques défis.
Le blocage politique voulu par les républicains pour faire de Barack Obama un «one term president» (le président d’un seul mandat), est extrêmement dommageable pour l’ensemble de la population.
En refusant les réformes absolument indispensables afin d’éviter une nouvelle crise profonde dans de multiples secteurs allant de l’économie à l’éducation en passant par l’immigration et la santé, sans oublier les finances publiques, ils font prendre un énorme risque à leur pays.
Pour que revienne ce «conservatisme libéral» dont le fondement est l’acceptation que, dans une économie de marché, l’Etat a un rôle à jouer, notamment pour faire les ajustements nécessaires afin d’éviter la survenance d’épisodes tel celui de 2007 (l’Administration de George W Bush ne le pratiquait déjà plus), il faut que les républicains cessent de se raconter une histoire de leur pays qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais, quel que soit son attrait idéologique et fantasmagorique.
Comme toute démocratie dans le monde, les Etats-Unis ne peuvent fonctionner sans une régulation et sans un interventionnisme des pouvoirs publics.
Le nier, c’est nier tout le miracle américain de 1940 à 1970, celui qui fit des Etats-Unis la première puissance mondiale, sans adversaire autre qu’une fausse image d’une Union Soviétique qui s’effondra devant la compétition imposée par son adversaire.
L’ennui avec les idéologues bornés qui peuplent le Parti républicain mais que l’on retrouve dans tous les partis politiques du monde entier de gauche et de droite (et même parfois du Centre!), est qu’ils préfèrent perdre ou même mener leur pays à sa perte plutôt que d’avoir une approche pragmatique de la réalité, seule à même de permettre les adaptations et les réformes nécessaires.

(*) Godfrey Hodgson, «America in our time», 1976, Random House

samedi 18 août 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Electeurs républicains et démocrates de plus en plus divisés sur le rôle économique de l’Etat

Trente-cinq points de différence entre les visions républicaine et démocrate du rôle de l’Etat dans l’économie, voilà une nouvelle preuve de la radicalisation des deux bords, en particulier des républicains et de leur frange extrémiste de droite représentée largement au sein du mouvement Tea Party.
Ainsi, selon un sondage du Pew Research Center, 76% des électeurs républicains (87% de ceux proches des thèses du Tea Party) estiment que la régulation de l’Etat dans les affaires fait plus de mal que de bien alors qu’ils ne sont que 41% des électeurs démocrates à partager ce point de vue.
En 2007, dans un pays largement pour la liberté dans tous les domaines, 57% des électeurs républicains mais aussi des électeurs démocrates pensaient la même chose.
Depuis, la crise est passée par là avec tous les comportements frauduleux et malhonnêtes des secteurs de l’immobilier, de l’assurance et de la finance entre autres, les scandales touchant actuellement de nombreuses banques continuent d’ailleurs à alimenter les gros titres des médias américains et mondiaux.
Du coup, les électeurs au centre et de gauche ont revu leur point de vue en matière de régulation étatique.
Ainsi, au-delà d’une vision négative de ce que produit cette régulation, il faut noter, toutefois, que 62% des électeurs républicains qui ne sont pas affiliés au mouvement du Tea Party estiment que la régulation du marché par l’Etat est une nécessité.
De leur côté les démocrates conservateurs et modérés sont 79% à le penser.
Mais si l’on prend les deux franges les plus radicales dans les deux partis, on s’aperçoit que 68% des électeurs républicains se disant proches du Tea Party estiment qu’une régulation du marché n’est pas nécessaire alors que 82% des électeurs démocrates se considérant comme «liberal» (plus à gauche voire très à gauche) pensent le contraire.
Ce différentiel énorme entre ces deux franges - 150 points! – est bien une nouvelle preuve d’un fossé qui se creuse de plus en plus entre les deux grands partis qui doivent rassembler tous leurs électeurs avant de se tourner vers ceux qui ne se disent affilier à aucun d’eux, les «independents» dont une partie est considérée comme centriste.
Cependant, il convient de rappeler une évidence trop souvent zappée par les commentateurs des deux côtés de l’Atlantique: la radicalisation des républicains et leur virage très à droite a déplacé le centre de gravité de la vie politique américaine.
En revanche, il n’a pas déplacé le lieu du Centre.
Résultat, la très grande majorité des élus centristes sont désormais au Parti démocrate alors que les derniers qui restaient encore au Parti républicain ont, soit décidé de se retirer de la politique telle la sénatrice du Maine, Olympia Snow, soit ont été battus à plate couture lors des primaires républicaines.
Selon les politologues, cette situation devrait être très préjudiciable pour les républicains dans les années à venir, les obligeant alors à se recentrer.
Nous n’en sommes, malheureusement, pas encore là…
Alexandre Vatimbella

vendredi 17 août 2012

L’Humeur du Centriste. De l’impatience du ralliement à gauche de M. Rochefort

Récemment, le petit monde du Centre a été agité par une question existentielle dont l’importance est inversement proportionnelle à l’activité économique de la France au mois d’août: le Mouvement démocrate va-t-il rejoindre la gauche?
Tout cela parce que Robert Rochefort, membre éminent du parti de François Bayrou n’arrête pas, avec quelques autres dont Jean-Luc Bennahmias, de ronger son frein pour passer le Rubicon et aller à la pêche au strapontin du côté de du Parti socialiste dont ils ont toujours été plus proches que du Centre.
On connait le problème de François Bayrou dans ce domaine très particulier du ralliement avant trahison.
Presque totalement isolé, ne pouvant compter que sur sa fidèle Marielle de Sarnez, il fait du racolage de temps en temps pour donner l’impression qu’il n’est pas tout seul.
Mais il s’agit d’un faux-semblant qui se termine souvent en eau de boudin.
Beaucoup de ceux qui l’ont rejoint un moment, se sont soit fâchés avec lui, soit l’ont trahi en allant voir ailleurs si l’herbe n’y était pas plus accueillante pour leurs petites ambitions.
Robert Rochefort n’attend qu’un appel de la Gauche pour le faire.
Dans les médias, on connait bien cet homme qui dirigea un temps le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), parce qu’il avait la fâcheuse habitude de les squatter à longueur de journée pour y apporter sa bonne parole.
Il fut accueilli au MoDem par François Bayrou qui le fit élire, comme d’autres avant lui, député européen, la récompense habituelle pour ce type de ralliement au chef que l’on qualifiera de «people» (Jean-François Kahn en bénéficia également).
Rochefort s’est alors découvert une âme centriste, lui qu’on avait toujours catégorisé à gauche, tout en lorgnant vers des places ministérielles d’où qu’elles puissent venir.
La victoire de la Gauche a créé une belle opportunité pour ses ambitions.
D’autant que François Bayrou a appelé à voter pour François Hollande au second tour de l’élection présidentielle.
D’où l’attente d’une récompense.
Mais celle-ci n’est pas venue, d’où la grande déception et amertume de celui qui se voyait déjà dans un fauteuil de ministre même s’il était le seul à y croire.
Plus sérieusement, le Mouvement démocrate est en train de vivre un moment difficile, pris dans ses propres contradictions et son absence de ligne politique claire.
Ainsi, messieurs Rochefort et Bennahmias ont pris leur carte au MoDem en croyant atterrir dans un parti de centre-gauche militant pour une social-démocratie à la veine écolo.
En fait, ils n’étaient que dans un mouvement totalement dédié au chef, François Bayrou, et dont le positionnement sur l’échiquier politique n’était que le reflet d’une stratégie personnelle de celui-ci, uniquement tournée vers la présidentielle et le moyen, sinon de la gagner, d’au moins y figurer comme un acteur principal.
Dans ce jeu de dupes, ils ont été, à la fois, les dupeurs et les dupes.
Malheureusement, le Centre est trop souvent la victime de ce genre d’épisodes qui ne sert vraiment pas son image et sa cause.

Le Centriste

mercredi 15 août 2012

Actualités du Centre. Grande-Bretagne – La coalition conservateurs-centristes a de l’eau dans le gaz

La coalition entre les conservateurs et les centristes qui dirige actuellement la Grande-Bretagne avec à sa tête le Premier ministre David Cameron ne devrait pas aller au bout de la législature selon 54% des Britanniques interrogés dans un sondage publié par le quotidien The Guardian.
Cette appréciation rejoint la réalité où les deux partis, le Parti Conservateur et les Libéraux-démocrate s’affrontent de plus en plus sur les mesures gouvernementales par le biais d’une opposition entre David Cameron et son vice-premier ministre, le libéral démocrate Nick Clegg.
Ce dernier a du avaler de nombreuses couleuvres depuis la victoire électorale en mai 2010 en décevant largement ses électeurs, notamment tous les jeunes qui s’étaient mobilisés en sa faveur.
Ainsi, si les élections avaient lieu aujourd’hui, les Libéraux-démocrates qui possèdent 57 sièges sur 650 aux Communes, seraient laminés.
Il faut donc que le parti centriste retrouve de la crédibilité.
Ce qu’il tente de faire en ce moment en s’opposant fermement au projet de redécoupages des circonscriptions électorales des conservateurs.
Mais la décision qui pourrait sans doute le mieux être à même de redonner une dynamique aux centristes britanniques, serait de quitter le gouvernement.
Ce qui n’est pas exclu sans qu’aucune date ne soit avancée pour le moment.

mardi 14 août 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La réunion des centres n’est pas pour demain

Jean-Louis Borloo a bien expliqué qu’il cherchait à réunir le centre-droit dans une confédération ou un parti.
Du coup, s’il existe un centre-droit, c’est qu’il existe, par définition, un centre-gauche.
Et s’il existe une droite et une gauche centristes, c’est par rapport à quelque chose qui se trouve entre les deux, le centre-centre, l’extrême-centre ou, tout simplement, le Centre.
Bien entendu, comme je l’ai affirmé de nombreuses fois, il n’est pas facile d’être positionné sur ce Centrisme du juste équilibre qui définit l’espace politique du Centre car l’on peut pencher parfois trop à gauche ou trop à droite, l’important étant, néanmoins, de toujours rétablir l’équilibre in fine.
De même, être du Centre n’est pas de tout repos puisque c’est avoir des adversaires politiques des deux côtés de l’échiquier politique, d’autant que s’y ajoutent le centre-gauche, souvent allié de la gauche et le centre-droit de la droite (ces centres sont parfois dans un même parti avec la Gauche ou la Droite) avant même toute discussion sur un projet ou un programme.
Pour autant, il y a donc trois façons d’être centriste ou au centre de l’échiquier politique si ce n’est du Centre.
Pour rendre plus compréhensible mon propos, choisissons de le personnaliser avec les trois B: Jean-Michel Baylet des radicaux de gauche (centre-gauche), François Bayrou du Mouvement démocrate (centre-centre) et Jean-Louis Borloo du Parti radical (centre-droit).
Ce n’est d’ailleurs fait injure à aucun de ces trois-là puisque chacun d’eux revendique l’étiquette que je viens de leur attribuer.
Le seul questionnement pertinent est l’exact positionnement de François Bayrou qui a varié ces dernières années mais force est de reconnaître qu’il n’est ni du côté de Baylet, ni de celui de Borloo.
C’est d’ailleurs cela qui fait, entre autres, que la réunion des centres n’est pas pour demain. Il semble, en l’état, impossible que le Mouvement démocrate de François Bayrou rejoigne l’UDI (Union des démocrates et indépendants), le groupe parlementaire créé et dirigé par Jean-Louis Borloo et qui réunit tous les partis qui s’affirment du centre-droit par la voix de leurs leaders (un seul pourrait être plus central, Force européenne démocrate, le nouveau parti de Jean-Christophe Lagarde, mais ce dernier est le porte-parole de l’UDI, positionnée explicitement au centre-droit).
La preuve, le nouveau refus de Jean Lassalle (un des deux députés du MoDem, l’autre étant rattaché au groupe des Radicaux de gauche) d’en faire malgré tous les efforts déployés par ses membres pour cette «prise de guerre» hautement symbolique.
Autre évidence que la réunion des centres n’est pas à l’ordre du jour, l’absence des Radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet à toute discussion sur un Centre uni.
Même si Baylet a évoqué cette possibilité plusieurs fois au cours des dernières années (la marginalisation de son parti par les socialistes en étant une des raisons), la présence des Radicaux de gauche dans la majorité présidentielle et dans le gouvernement dirigé par les socialistes montre que l’éventualité d’un rapprochement est actuellement illusoire.
Dès lors, les centristes vont continuer à marcher sur trois pattes.
Et ce, même si le Mouvement démocrate décidait de rejoindre la majorité de gauche car il ne se réunirait pas avec les Radicaux de gauche.
Peut-être que ces pattes seront de tailles différentes et que le centre-droit réuni deviendra une force politique importante alors que le Mouvement démocrate aura du mal à résister à l’implosion.
Mais nous n’en sommes pas encore là.
Evidemment, la dispersion centriste est une grande faiblesse en matière de force politique.
Les dernières élections présidentielles et législatives en ont été la preuve.
Et elle produit un effet réducteur de l’importance politique du Centre, ce qui permet à la Gauche et à la Droite de grignoter l’espace centriste et aux médias d’annoncer la disparition programmée des partis centristes ou leur transformation en groupuscules.
En revanche, en étant présents à gauche et à droite, les centristes ont la possibilité d’influer sur les politiques des deux blocs principaux, ce qui est plus souvent le cas qu’on ne le pense.
Non pas parce qu’ils inspirent de la crainte mais parce qu’ils permettent de modérer les initiatives trop idéologiques des deux extrêmes, en particulier de celle qui occupe le pouvoir au grand soulagement d’une majorité de la population.
Pour autant, rien ne remplacera un Centre uni avec un projet centriste ambitieux faisant la part belle aux valeurs du Centrisme.
Mais cette configuration n’est pas pour demain.
Surtout, la question n’est pas «quand cela sera-t-il possible?» mais plutôt «est-ce possible?», tout court…

lundi 13 août 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Romney, du centre à la droite dure

En annonçant son «ticket» avec Paul Ryan, Mitt Romney a finalement choisi son camp.
Par sa décision de prendre le représentant du Wisconsin comme son colistier pour la présidentielle de novembre prochain, il a envoyé un signe fort à la droite dure du Parti républicain pour lui signifier son ralliement.
Car Paul Ryan, désormais candidat républicain à la vice-présidence, est un militant de longue date de la fin totale de l’interventionnisme de l’Etat, de la réduction des déficits et de la protection des plus riches.
Une de ses références idéologiques n’est autre qu’Ayn Rand, une écrivain égérie de la droite extrême qui prônait la fin totale de l’Etat et un laisser-faire où les plus forts et les plus riches seraient les gagnants.
Paul Ryan est d’ailleurs un idéologue particulièrement apprécié par les partisans du mouvement Tea Party proche de la droite extrême.
Et, selon les dires de la femme de Mitt Romney, Ann, son mari ne pouvait que choisir quelqu’un qui partageait les mêmes valeurs que lui.
Dont acte.
Mais si Ryan est très à droite, beaucoup plus que Romney il faut en convenir, contredisant malgré tout l’épouse du candidat républicain, ils sont tous deux des politiciens professionnels, peu en connexion avec le peuple.
Paul Ryan n’a quasiment jamais travaillé dans le privé comme le rappelle le site Politico et nombre de républicains en sont inquiets comme ils le sont, à la fois, de son extrémisme et du fait qu’il soit un pur produit de Washington alors que le message de Romney est principalement de fustiger tout ce qui vient de la capitale fédérale…
Il est, en outre, l’auteur d’un projet sulfureux de réduction des déficits publics tellement draconien et partisan (faisant payé la note aux plus pauvres et à la classe moyenne) que beaucoup de ses collègues républicains ont prix leur distance avec celui-ci même si la Chambre des représentants l’a adopté tout en sachant très bien que le Sénat à majorité démocrate le refuserait catégoriquement…
Et s’il fallait encore prouver que Paul Ryan est un conservateur très à droite, signalons simplement que le choix de Romney a été applaudi par la frange la plus réactionnaire du Parti républicain comme la meilleure décision prise à ce jour par leur candidat à la présidentielle.
Deux questions se posent maintenant.
A quel type de campagne allons-nous assister et quelles sont les chances de victoire de Mitt Romney?
A la dernière question, les réponses des analystes oscillent entre «plus aucune» et «une meilleure chance»!
Evidemment, ceux qui sont proches des démocrates sont plus nombreux à prédire une défaite cuisante du candidat républicain.
Néanmoins, on peut être étonné de ce choix qui va polariser un peu plus la campagne alors que tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut s’attacher les «independents» (électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains et dont une grande partie se situent au centre) pour gagner.
Pour être honnête, disons, qu’à l’opposé, certains analystes estiment que la clé principale du vote cette année sera plus de faire venir aux urnes les électeurs qui sont proches de vous que de convaincre les indécis, ce qui légitimerait ce choix clivant.
Pour autant, sans la frange centriste de l’électorat, pas de victoire.
Donc, après avoir rassuré sa base – et l’on comprend alors le choix de Ryan pour être vice-président – il faut avoir un discours rassembleur, tout ce que n’est pas le représentant du Wisconsin.
De plus, avec ses projets de privatisation du programme de santé pour les plus âgés, il va faire peur (un récent sondage indiquait que 79% des Américains étaient contre toute mesure allant dans ce sens).
Cependant, avec Paul Ryan, Mitt Romney a donné du contenu programmatique à sa campagne qui en manquait totalement.
Se présentant comme le meilleur gestionnaire possible en ces temps difficiles, il n’avait que peu de mesures concrètes à proposer.
Du coup, il était très vulnérable à toutes les campagnes démocrates qui s’attaquaient à sa personne.
Avec Ryan, il peut espérer déplacer le débat sur les idées, même s’il risque alors un effondrement du type de celui de Goldwater – candidat républicain de la droite extrême aux élections de 1964 – qui permit à Lyndon Johnson d’être un des candidats les mieux élus de l’histoire des présidentielles américaines.
Car en décortiquant les idées de Ryan, ce que les démocrates ne vont pas se gêner de faire, celles-ci vont apparaître comme très radicales.
Et, entre le très et le trop, il n’y a souvent qu’un pas  que franchissent assez souvent les électeurs…
Alexandre Vatimbella

vendredi 3 août 2012

Actualités du Centre. Etats-Unis: l’ancien gouverneur de Californie estime que les centristes américains sont «cuits»

Destitué en 2003 par un référendum et remplacé par Arnold Schwarzeneger, l’ancien gouverneur démocrate de la Californie, Gray Davis, a déclaré dans un récent interview que, selon lui, les centristes aux Etats-Unis étaient  aujourd’hui «cuits» avec la polarisation grandissante entre les deux grands partis, républicain et démocrate.
Davis, qui se définit comme un homme du centre-gauche, a estimé qu’il faut être «soit à gauche soit à droite sinon vous finissez avec les deux côtés qui vous tirent dessus».
Il a ajouté qu’il «est très difficile d’être au centre dans l’environnement actuel, ce qui est une honte parce que les gens payent les salaires des élus afin que ces derniers les aident à vivre une vie meilleure et tout ce qui se passe est que chaque côté blame l’autre et que rien n’est fait».