Les élus centristes sont de moins en moins nombreux au
Congrès des Etats-Unis suite à la radicalisation des deux partis, en
particulier le Parti républicain, ainsi que par des pratiques électorales
souvent controversées.
Ainsi, le charcutage des circonscriptions (gerrymandering)
pour les élections des représentants garantit de plus en plus des fiefs aux
deux grands partis.
Du coup, ce n’est pas l’élection générale qui est la plus
importante mais la primaire qui, dans chaque camp, désigne son candidat.
Et comme les bases des deux partis, républicains et
démocrates, sont beaucoup plus marquées idéologiquement, elles choisissent des
personnalités bien à droite (républicain) et bien à gauche (démocrate) qui,
ensuite, sont assurées d’être élues dans ces circonscriptions de plus en plus
nombreuses.
Souvent, également, ces bases préfèrent, dans des circonscriptions
plus ouvertes, choisir des candidats plus marqués idéologiquement et qui ont
parfois peu de chance de se faire élire, plutôt que tourner le dos à la «pureté»
idéologique.
De nombreux exemples de candidats républicains choisit grâce
aux membres du Tea Party (association de droite extrême ayant noyauté de Parti
républicain) ont été battus par des démocrates dans des circonscriptions
pourtant acquises de longue date.
Dans de nombreux Etats les modérés sont l’objet d’une
véritable chasse aux sorcières au sein de leurs partis respectifs.
Résultat, les centristes sont souvent laminés lors des
primaires même s’ils sont les sortants et même s’ils sont les favoris pour
l’élection générale.
Mais si ceux-ci ont pratiquement disparu dans les rangs des
républicains, ils en existent toujours au Parti démocrate où deux groupes, les
«Blue Dogs» et la «Coalition des nouveaux démocrates» les représentent.
Si les premiers, beaucoup plus conservateurs que les
seconds, sont en grande difficulté, l’avenir, quoique délicat, s’annonce
meilleur pour les «New Dems» dont les prises de position sont beaucoup plus
diverses.
Pour résumer, à l’opposé des «Blue Dogs», ils sont
progressistes en matière sociétale, mais ils partagent avec eux un
conservatisme dans le domaine économique. Ils ont ainsi voté la loi sur
l’assurance-santé mais ils demandent des réductions d’impôts pour les
entreprises.
Selon leur vision de la politique américaine, ils affirment
que leur heure est bientôt arrivée et, ce, pour plusieurs raisons.
D’une part, les Américains le disent et le répètent, ils en
ont marre de la polarisation grandissante à Washington où personne ne veut
travailler avec personne, provoquant un blocage institutionnel extrêmement
dommageable pour le pays.
D’autre part, les électeurs modérés, les fameux «independents»
qui font la différence lors des scrutins, notamment dans les zones suburbaines,
sont proches des idées défendues par les «New Dems».
Par ailleurs, aucun groupe comparable n’existe du côté
républicain où la radicalisation est beaucoup plus forte que du côté démocrate,
ce qui permet de ratisser plus large et de proposer une offre politique plus
diverse.
L’espoir des «New Dems» est de permettre au Parti démocrate
de retrouver la majorité à la Chambre des représentants dès novembre prochain.
Comme l’explique leur président, le représentant de New
York, Joe Crowley au site Politico, «lorsque nous reconquerrons la Chambre, ce
sera grâce au rôle charnière joué par la Coalition des nouveaux démocrates».
Alexandre Vatimbella