Selon ses groupies, il aurait réussi un coup de maître,
l’ami Borloo. Sur le corps politique pas encore refroidi de Bayrou, il a pris à
la hussarde les minces troupes centristes récentes pour les mettre dans un
groupe politique à l’Assemblée nationale baptisé «Union des démocrates et des
indépendants», un nom qui fleure bon la III° et, surtout, la IV° République,
époque bénie, rappelons-le, pour le Parti radical dont il est le président.
Et ces mêmes groupies, avec à leur tête les félons du
Nouveau Centre, les Lagarde, les Sauvadet et les Leroy, le pressent de créer le
plus rapidement possible un parti de centre-droit.
Borloo qui avait affirmé qu’il allait être le nouveau leader
d’une nouvelle UDF, comme Giscard à son époque, a pourtant fait quelques pas en
arrière, comme lors de sa vraie-fausse candidature à l’élection présidentielle.
Cela n’étonnera que ceux qui ne le connaissent pas.
D’autant que s’il crée un nouveau parti ou une nouvelle
confédération, il devra se coltiner son meilleur ennemi, le président du
Nouveau centre, Hervé Morin, qui a donné récemment une interview surréaliste au
quotidien 20 Minutes qui a refroidi les ardeurs du Borloo en question.
Ainsi, Morin expliquait qu’il fallait créer un nouveau parti
avant de dire qu’il valait mieux créer une confédération mais qu’il ne fallait
pas une structure trop lâche, donc qu’il fallait un nouveau parti mais que cela
l’étonnerait que le Parti radical veuille se fondre dans un nouveau parti,
précisant que le Nouveau centre ne le ferait pas, donc qu’il fallait une
confédération.
Comprenne qui pourra…
Borloo aimerait bien marginaliser Morin mais celui-ci est
encore à la tête d’un parti sensé avoir douze députés, près de la moitié des
membres de l’UDI.
Difficile même avec le coup de main du meilleur ennemi de
Morin, Lagarde, le président exécutif du Nouveau centre et porte-parole de
l’UDI.
Et puis, Borloo a changé dix fois d’avis depuis la création
de ce groupe parlementaire.
Veut-il être le leader des «modérés»? Veut-il être le leader
du centre-droit? Veut-il être le leader de la Droite en pleine reconstruction?
Veut-il être un opposant dur ou conciliant? Veut-il être candidat à la
prochaine présidentielle?
Un sondage où seulement 5% des personnes interrogées le voit
en meilleur opposant au gouvernement de gauche, en avant-dernière position
juste devant Bayrou, a du refroidi les ardeurs de celui qui a toujours refusé
la difficulté jusqu’à présent.
Du coup, plus personne ne sait ce que veut Borloo.
Les mauvaises langues disent que ce n’est pas une nouveauté…
Certains disent que c’est une maladie centriste, et l’on
serait presque prêt à les croire.
Prenons, par exemple, Morin qui a publié un véritable
pamphlet contre Sarkozy, se présentant à la présidentielle contre lui avant de
jeter piteusement l’éponge et d’appeler, dans la foulée, à voter pour lui et à prétendre,
in fine, que les valeurs défendues par les électeurs centristes et celles
défendues par les électeurs du Front national étaient souvent assez proches.
Mais le meilleur représentant du «flip-flop» centriste est
sans conteste depuis deux ans, Arthuis, le président du petit parti Alliance
centriste qui vient d’appeler à la création «sans délai» d’un parti du
centre-droit auquel il veut prendre toute sa place.
Souvenons-nous de ce brave sénateur était un membre du
Mouvement démocrate avant de le quitter pour désaccord avec Bayrou, créant un
parti du Centre, l’Alliance centriste qui se voulait le pont entre le centre
vaguement à gauche du MoDem et le centre-droit du Nouveau centre (qu’il aurait
du donc rejoindre, si l’on se fie à ses déclarations actuelles).
Ne parvenant pas à ses fins, il décide alors de créer une
confédération des centres avec Morin avant de le laisser tomber dès le
lendemain pour rejoindre l’équipe de campagne de Bayrou.
Complètement marginalisé lors de la présidentielle et ne
pouvant faire adopter aucune des mesures qu’il préconise dans le projet du
candidat du Mouvement démocrate (dont son obsessionnelle TVA sociale) il lâche
en rase campagne son ami Bayrou dès le lendemain de son flop à la
présidentielle, appelant à voter Sarkozy (alors que Bayrou n’avait encore rien
dit de ses intentions).
Depuis, il tente de rejoindre de camp d’en face sans état
d’âme.
Du beau travail à la Edgar Faure.
Ce qu’il y a de plus rigolo dans l’affaire du nouveau parti et
de la nouvelle confédération… c’est qu’ils existent déjà!
Rappelons à tous ces leaders en mal d’existence politique
pour les cinq ans à venir et dans l’espoir, en se rapprochant de la Droite, de
pouvoir participer au festin avec elle si elle revient au pouvoir, qu’il existe
un parti de centre-droit depuis cinq ans et qui s’appelle le Nouveau centre.
De même, il existe une confédération sensée regrouper les
partis de centre-droit depuis 2011 et qu’elle s’appelle l’Arés (Alliance
républicain écologique et sociale).
Soit nos leaders centristes sont devenus séniles et ont du
mal à se rappeler de tout ce qu’ils font (c’est vrai qu’ils changent d’avis
très souvent ces derniers temps), soit ils prennent les militants et les
électeurs centristes pour des c…
Le nombre de leurs adhérents ainsi que celui de leurs voix
aux dernières élections montrent qu’ils ont été bien entendus!
Pourtant, c’est bien là qu’est le chantier, rebâtir un
Centre crédible aux yeux des Français.
Un petit mot sur Bayrou.
En 1998, lorsqu’il prend la direction de l’UDF, le parti
compte plus de cent députés.
En 2012, Le Mouvement démocrate en a deux, dont un a déjà
rejoint un groupe de centre-gauche.
Sans argent, son parti doit licencier 80% de ses salariés.
Quand ses amis lui ont glissé que ce serait une bonne idée
de laisser la présidence du MoDem, il a refusé, passant juste l’intérim à sa
fidèle Marielle de Sarnez, une des grandes responsables du fiasco actuel.
Imaginez si Martine Aubry ou Jean-François Coppée avait eu
les mêmes résultats avec le PS et l’UMP.
Ils auraient été virés dans l’heure.
Mieux, ils n’auraient pas attendus ayant le courage et le
bon sens de démissionner.
Mais dans un parti qui se fait appeler «démocrate», ça ne
marche pas comme ça…
Dernier rappel, four finir à messieurs les leaders
centristes: à la présidentielle et aux législatives, n’oubliez pas que vous
pris une veste, une vraie, et que si la tendance actuelle, dont vous êtes
responsables, se confirme, le Centre disparaîtra de la scène politique
française pendant que vous continuerez à agir comme des irresponsables.
Le Centriste