lundi 7 mai 2012

Vues du Centre – Refonder le Centre avec des hommes neufs


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités ou de militants centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Bernard Gueguen, l’auteur de ce texte, se définit comme un «centriste sans parti».

Le résultat de l’élection présidentielle 2012 sonne comme le glas du Centrisme ou peut être devrait on dire plutôt dire «des centrismes». Est-ce un bien? Est-ce un mal? La lente déliquescence de l’UDF puis des centres ressemble à une descente aux enfers dont on pourrait espérer qu’elle prenne vraiment fin cette fois-ci.
Malheureusement, ce n’est pas si sûr, certains, déjà au fond du trou, ayant semble-t-il sérieusement envie de continuer à creuser.
Le combat des individualités n’a plus de sens et l’obstination de François Bayrou à persister dans l’erreur (non pas tant dans l’analyse de la situation que dans le positionnement et les choix politiques) l’a conduit dans l’impasse.
Le plus étonnant dans cette affaire est le silence des électeurs, des sympathisants et des militants. Plus encore de l’incapacité des élus centristes à redresser la barre d’un navire en perdition.
Je lis sur ce site, j’entends les amis centristes et certains élus avec qui je discute et je constate une grande déception mais aussi un défaitisme certain. Qu’y faire? «C’est ainsi», entend-je. Et chacun y est allé de son vote «à titre personnel» pour le 6 mai quitte à oublier les valeurs centristes ou de jouer son va-tout.
J’entends aussi une certaine naïveté devant le fait politique. Avoir des idées est une chose. Les mettre en musique en est une autre.
Une campagne électorale demande à se différencier clairement et amène une certaine radicalisation des messages.
La France se gouverne au centre. C’est une vieille antienne. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a la place pour un parti du Centre.
Comment gouverner un parti dont les adhérents au moment des échéances électorales vont, qui à droite, qui à gauche, pour se retrouver ensuite le temps de… Le temps de quoi, au fait? Le temps de rien.
Pari impossible.
L’histoire du MoDem le montre bien. Le bipartisme dominant est le fait de toutes les grandes démocraties. Et le Centre peut faire valoir ses valeurs en jouant de son influence en appoint d’un côté ou d’un autre.
Le premier tour a montré la montée des extrêmes (FN+Mélenchon= 30%), UMP et PS se trouvent repoussés au milieu.
Où sera la place d’un centre demain? Peut-on vraiment concevoir comme on l’entend actuellement que des candidats députés d’un même parti du Centre fassent alliance selon les opportunités avec la droite à un endroit, avec la gauche à un autre. Comment fonctionneront ensemble ces gens là ensuite? C’est une vue de l’esprit.
La place du Centre sera celle qu’il aura su se donner en mettant en avant ses valeurs: l’Europe en premier lieu (mais peut être pas n’importe laquelle), une économie de marché mais une économie sociale, une solidarité sociale, une tolérance et une ouverture au monde et aux autres, un souci du bien être et une vision à long terme d’une société où chacun trouve sa place. Et pourquoi pas aussi le souci de la préservation de la planète et des ressources primaires, thèmes primordiaux délaissés par les Verts.
Le Centre ne sera fort que parce qu’il saura mettre en avant les valeurs qui le caractérisent.
Une identité forte fera un Centre fort. Les ambitions des uns ou des autres et les stratégies politiques personnelles ne sont pas des programmes de société, ni de parti.
Vu du Centre, après l’élection présidentielle, les législatives s’annoncent comme l’hallali de l’illusion d’un parti du centre enjambant la droite et la gauche. Le parti de la troisième force fabriqué de novo est une illusion. Seules les circonstances politiques du futur décideront peut être que cela puisse faire.
Pour l’heure, ne convient-il pas de s’en tenir à un Centre de droite et à un Centre de gauche, chacun engagé aux côté de formations politiques qui ont, à n’en pas douter, des visons de société différentes.
La débandade actuelle du Centre est bien celle du Centre droit qui avait pourtant sa place et une vision de société humaniste et réaliste.
L’heure n’est-elle pas venue de refonder ce Centre avec des hommes neufs? Les ténors actuels ont fait des choix. Soit. Cela n’a pas été les bons. Il faut savoir en tirer les leçons.
A quand des Assises du Centre pour refonder le Centrisme?
Centristes réveillons-nous!

Bernard Gueguen