La recherche d’un «troisième» candidat qui serait
mi-républicain, mi-démocrate, une sorte de centriste ouvert culturellement et
rigoureux économiquement, n’est pas nouvelle aux Etats-Unis.
A chaque élection, cette quête agite les milieux politiques
et médiatiques.
Souvent, des individus ou des groupes d’individus essaient
de susciter un mouvement dans ce sens ou créent une structure pour supporter
une telle candidature.
Ce fut le cas en 2008 avec «Unity’08ers» qui souhaitait
promouvoir un candidat modéré entre Barack Obama et John Mc Cain.
C’est le cas en cette année 2012 avec «Americans Elect» qui avait
pour but de faire désigner ce fameux candidat centriste par les Américains
eux-mêmes via le web.
Mais cette nouveauté politico-technologique n’a pas eu le
succès escompté.
Les promoteurs de cette organisation qui avaient reçu des subsides
conséquents de plusieurs riches donateurs viennent d’avouer que leur entreprise
battait de l’aile et qu’ils jetaient l’éponge, au moins pour l’élection
présidentielle.
Dans un communiqué publié sur leur site internet, ils
expliquent qu’«aucun candidat n’a réussi à passer le seuil du nombre de
supporters requis pour pouvoir participer à la convention en ligne d’Americans
Elect. La procédure de la primaire pour la nomination d’un candidat pour
Americans Elect est terminée».
C’est un échec cuisant alors que l’initiative avait été
saluée par de nombreuses personnalités.
La première explication qui vient est que les Américains n’ont
sans doute pas besoin de chercher désespérément un troisième candidat
centristes.
Comme en 2008 où Barack Obama et John Mc Cain étaient
considérés comme des centristes, le centre de l’échiquier politique en 2012 est
déjà bien représenté avec la candidature de Barack Obama à sa réélection.
De même, Mitt Romney, le candidat républicain qui s’est
radicalisé pendant les primaires de son parti fait actuellement tout ce qu’il
peut pour se recentrer, lui qui était jusque récemment considéré par l’ensemble
des commentateurs comme un homme politique modéré.
En outre, les mouvements revendicatifs qui sont nés aux
Etats-Unis ces dernières années comme le Tea Party ou Occupy Wall Street sont
plutôt orientés, l’un vers la droite extrême, l’autre vers la gauche militante,
plutôt que dans la recherche d’un compromis et d’un consensus entre Américains.
Ce qui a, par ailleurs, une conséquence indirecte de
positionner les deux grands candidats encore plus au centre.
Même si une frange importante de l’électorat américain est
centriste et que son vote – fortement courtisé par Obama et Romney - sera primordial
le 6 novembre prochain pour désigner le vainqueur, aucun mouvement populaire se
semble réclamer cette troisième candidature (Americans Elect visait ce but mais
a été incapable de se transformer en ce sens).
Peut-être est parce que ceux qui auraient pu susciter un
engouement dans l’éléctorat centriste comme le maire de New York, Michael
Bloomberg ou la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton n’étaient pas intéressés par
être candidats.
Néanmoins, la fait qu’il n’y ait pas de troisième candidature
de premier plan (rappelons que les élections présidentielles sont loin de n’avoir
que deux candidats même si les deux principaux trustent quasiment l’ensemble
des voix), ne signifie par, pour autant, que le Centre n’existe pas aux
Etats-Unis.
Depuis l’indépendance du pays, il s’est installé dans les
deux grands partis (même s’il existe au moins deux partis qui se réclament
uniquement du Centre, le Modern Whig Party et le Centrist Party) comme en
témoigne le centrisme de Barack Obama et de Mitt Romney.
Il a été représenté par de grands présidents comme Abraham
Lincoln, Theodore Roosevelt ou Bill Clinton pour n’en citer que trois.
Alexandre Vatimbella