Se réjouissant de sa victoire,
François Hollande a déclaré que le 6 mai était un nouveau départ pour la
France, l’Europe et le monde.
Même si le style est un peu emphatique,
reprenons la formule pour se demander s’il en est de même pour le Centre.
Celui-ci sort incontestablement
affaibli de cette élection présidentielle et se retrouve, d’abord, face à
lui-même.
Les défaites de François Bayrou
au premier tour et de Nicolas Sarkozy au second sont sans doute des opportunités
pour aller de l’avant, même s’il convient de regretter que cette possibilité se
fasse sur des échecs, notamment celui d’un président de droite qui n’avait
guère eu beaucoup d’attention pour le Centre au cours de son quinquennat.
Reste qu’en politique, ce sont
autant les victoires que les défaites qui représentent des moments-clés et
permettent de prendre des décisions importantes.
Pour les centristes, le temps du
constat mais, surtout, de l’action est venu.
D’autant que les législatives
vont très vite arriver.
L’on serait bien en mal de dire
qui va donner la nécessaire et salutaire première banderille.
Le problème est que le Centre
manque cruellement d’une personnalité qui fasse l’unanimité sur son nom.
Tous ses leaders, sans exception,
traînent des casseroles qui en font des persona non grata auprès d’une partie
des centristes.
Pourtant, si l’on veut que le
Centre ait une expression électorale et un poids politique pour les cinq ans à
venir, il va bien falloir agir.
On pourrait appuyer sur le bouton
«reset» comme Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine l’avait proposée
à son homologue russe pour réenclencher sur de nouvelles bases les relations
entre leurs deux pays.
Bien sûr, rien ne s’oublie en
politique.
Néanmoins, pour reprendre en
exemple Hillary Clinton, elle est bien devenue une des principales
collaboratrices du président américain, Barack Obama, alors que leur lutte
durant la primaire démocrate de 2008 avait été particulièrement dure et
agressive.
Car c’est dans l’intelligence et
la conviction des centristes que se trouve la solution.
Si leurs convictions dans les
valeurs et les principes du Centre sont assez puissantes, alors ils trouveront
l’intelligence de s’entendre parce qu’ils estimeront que ces valeurs et ces
principes sont indispensables à la France et à l’Europe, particulièrement en
ces moments difficiles et troublés où un parti néo-nazi peut entrer au
Parlement grec sans faire plus d’émoi que cela.
S’ils ne sont que des politiciens
en mal d’un mandat électoral, on devrait assister à un spectacle qui fera
beaucoup rire les commentateurs et consternera les centristes, les vrais.
A eux de choisir entre l’intelligence
et la bêtise, entre les convictions et l’opportunisme, entre l’Histoire et sa
poubelle.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des Etudes du CREC