Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée centriste.
Jacques Rollet est
politologue et auteur de plusieurs livres dont «Tocqueville» (Montchrestien
1998), «Religion et politique» (Grasset 2001), «La tentation relativiste» (DDB,
2004), «Le libéralisme et ses ennemis» (DDB, 2012). Il tient ici une chronique
régulière.
Ce
22 avril 2012 conduit le politologue centriste que je suis à une démarche en
deux temps: une analyse, des réflexions sur l’avenir possible du Centre en
France. Cette réflexion est personnelle, mais me semble pertinente!
I.-
Analyse
Les
résultats de ce premier tour comportent plusieurs points notables: l’abstention
est beaucoup moins forte que prévu par les instituts de sondages. Elle est de
20% et non de 25%. Les sondeurs se sont encore trompés.
Quant
aux scores des candidats, ils indiquent des tendances lourdes. J’avais
personnellement prédit que Marine Le Pen ferait 18%. Je pensais que Sarkozy
ferait 29%, il fait 27,08%. Je donnais Bayrou à 11%-12%, il fait 9,11%. Je donnais
Hollande à 28, il fait 28,63%.
Je
ne suis pas mécontent globalement de mes prévisions faites sans aucun apparat
scientifique de sondeur. Les instituts se sont aussi trompés sur le vote de la
candidate du FN, qu’ils donnaient au mieux à 16%. Je pense qu’ils se sont
laissé entraîner par le climat pro-Hollande qu’ils ont eux-mêmes contribué à
créer.
Constatons
pour nous en réjouir que le vote en faveur des candidats de gouvernement n’est
pas si mauvais: Sarkozy+Hollande+Bayrou = 64,82%. Le vote protestataire
Mélenchon+Le Pen= 29,14%. Vu la situation de la France, cela aurait pu être
pire.
Il
n’en reste pas moins que le FN est désormais la statue du commandeur pour la
Droite. Mélenchon représente globalement le score de l’Extrême-Gauche + celui
du PC. Il a échoué dans sa tentative de devancer Marine Le Pen.
Quant
à François Bayrou, il subit un échec plus cuisant encore que prévu. Il est
pratiquement à 10 points au-dessous de 2007 (18,57%). Sa campagne n’a pas
suffisamment dramatisé les enjeux économico-financiers. Il fallait qu’il frappe
beaucoup plus fort pour crédibiliser une union nationale. Il fallait jouer le
va-tout ou ne rien jouer du tout.
Les
perspectives pour la France ne sont pas réjouissantes. La Gauche n’a encore
rien compris à la crise et à son ampleur. Si Hollande l’emporte, nous allons
au-devant d’une situation dramatique; Si Sarkozy l’emporte, ce qui n’est pas le
plus probable, il sera plus responsable qu’il l’a été et redressera les finances publiques. Voilà pour l’analyse.
II.-:Réflexions
sur l’avenir proche du Centre
Ces
réflexions vont au-delà de l’analyse des résultats. Elles sont celles d’un
centriste soucieux d’assurer un avenir à cette famille de pensée.
1°)
D’un point de vue cynico-stratégique, il faut que les électeurs centriste
votent pour Nicolas Sarkozy. Le Centre n’a pas intérêt à ce que la Droite
éclate après un succès de Hollande et les coups de boutoir de Le Pen. L’UMP
aura besoin du Centre en cas de victoire de Sarkozy.
2°)
Du point de vue économico-financier, il faut voter Sarkozy car il préservera
mieux le pays que Hollande comme nous l’avons expliqué ci-dessus. Les
centristes auraient tort de s’aveugler par opposition épidermique au président
sortant.
3°)
Pour François Bayrou, c’est fini. Il prétend présider à la recomposition du
Centre. Il a perdu trois fois, cela suffit. Seul Jean Arthuis est en mesure de rassembler
les Centres. Il est compétent au plan économique, il a de bons rapports avec
tous les centristes, de Pierre Méhaignerie à François Bayrou, à l’exception
d’Hervé Morin, mais ce dernier est «fini». Il n’est même pas un «has been» car
il n’a jamais été. De ce point de vue, au moins Hamlet se posait-il des
questions.
4°)
Le Centre n’a pas intérêt à se présenter aux Législatives si Hollande
l’emporte. Il sera balayé et devra payer les frais de campagne en faisant moins
de 5%. A l’UMP de prendre ses responsabilités puisqu’elle a toujours snobé les
centristes.
Par contre si Sarkozy l’emporte, le Centre
doit présenter des candidats car nous pourrons marquer nos différences et l’UMP
aura besoin de nous.
Telles
sont les réflexions que je voulais faire dans un premier temps, mais beaucoup
de choses sont déjà dites en peu de texte.
Jacques
Rollet.