Au moment où début la campagne officielle de l’élection présidentielle, tous les indicateurs de la campagne de François Bayrou sont dans le rouge. Pourtant ce dernier espère que celle-ci lui permettra de refaire surface et de bénéficier d’une nouvelle dynamique, comme celle qui l’a porté en 2007 ou qui s’était manifestée au moment de sa déclaration de candidature en décembre 2011.
Une exposition médiatique identique, un clip de campagne rappelant quelques engagements de sa campagne (comme relancer la production industrielle française et aider les écoliers à acquérir les fondamentaux) et quelques meetings permettront-elles un redécollage des intentions de vote?
Au jour d’aujourd’hui, on ne sent guère un frémissement dans ce domaine.
Par ailleurs, sa campagne n’est vue «réussie» que par 45% des Français, le plus bas score des cinq principaux candidats.
De même, ses prises de position et ses déclarations sont de plus en plus critiquées par les électeurs, notamment ceux qui ont décidé de lâcher le président du Mouvement démocrate.
Ainsi, dans la dernière livraison des résultats de la nouvelle vague de l’étude du Cevipof, Présidoscopie 2012, réalisée fin mars, les raisons avancées par ceux-ci sont sans appel. «Une campagne qui patine», «une posture critique peu présidentielle», «la perte du statut de troisième homme», comme le résume le Centre d’étude de la vie politique de Sciences Po Paris.
Même les baromètres de popularité de leader du Mouvement démocrate semblent être un handicap. Si une majorité de Français continuent à avoir une assez bonne opinion de lui, ils le voient plutôt comme un type sympathique qui dit des choses justes mais qui ne possède pas la stature nécessaire pour devenir président de la république.
Il semble bien que François Bayrou ne soit pas capable de rééditer son coup de 2007 où il avait tutoyé les sommets et avait réussi à être le troisième homme de l’élection en recueillant 18,55%. Il faut dire qu’il avait été porté par une vague médiatique sans précédent et l’attrait de la nouveauté.
Bien que les journalistes aient été de nouveau d’une grande bienveillance au début de sa campagne, dès que celle-ci s’est enlisée, ils ont dévolu le premier rôle des outsiders à Jean-Luc Mélenchon qui, comme le candidat UDF d’il y a cinq ans, crée la surprise, donc le buzz au détriment des candidats «installés».
De même, son score inespéré de 2007 est devenu, au cours de ces cinq dernières années un handicap plus qu’un atout. D’autant qu’iI a été incapable de s’en servir pour faire progresser ses idées ainsi que pour construire une force politique solide et conquérante, ce que lui reprochent nombre d’électeurs du Centre ou modérés.
Pour se sortir de cette nasse d’une image médiatique d’un candidat sans grand relief et sans grande originalité, François Bayrou a fait feu de tout bois ces derniers jours, réclamant notamment un débat avec les dix candidats ensemble (ce qui semble peu réalisable techniquement et qui d’ailleurs ne sera pas organisé) et adoptant une posture plus agressive contre les deux candidats du «système», Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Reste qu’à l’approche du scrutin, une question va prendre de plus en plus d’importance et parasiter sa campagne: se rapprochera-t-il de Nicolas Sarkozy en échange d’un poste important dans le prochain gouvernement si ce dernier est réélu, voire d’une nomination à Matignon?
François Bayrou fait mine de la balayer. Mais peut-il vraiment être dédaigneux d’une telle possibilité pour lui et ses idées alors qu’il n’est qu’à 10% dans les sondages?
Alexandre Vatimbella
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.