Les événements de Montauban et de Toulouse où un tueur terroriste fou a abattu sept personnes dont trois enfants sont, selon François Bayrou, une preuve supplémentaire de la crise morale qua traverse la France et de la nécessité de mettre en place une union nationale seule capable de s’attaquer à tous les maux du pays.
La mise en avant de cet événement dramatique afin de faire avancer ses thèses a été dénoncée de manière virulente par les autres candidats à la présidentielle mais le leader du Mouvement démocrate s’est défendu de toute volonté d’instrumentalisation.
De même, il a refusé de faire la «pause» dans sa campagne que les deux grands candidats ont, eux, respectée, estimant que le débat pour l’élection présidentielle ne pouvait pas ne pas prendre en compte cette tuerie et que celle-ci ne pouvait prendre en otage le débat démocratique.
Pour en revenir à l’union nationale dont François Bayrou est un adepte de longue date, il a ainsi expliqué qu’il avait «la certitude qu'aucun des problèmes ne pourra trouver de réponse si nous continuons dans la politique ordinaire, classique, dans les affrontements politiques que nous suivons depuis des années» et devant «une certaine décomposition de notre vivre ensemble et la montée de l'intolérance».
Au-delà de la nécessité que la communauté nationale s’unisse derrière un gouvernement rassemblant toutes les personnalités politiques, auquel, évidemment, François Bayrou ne croit pas un instant que cela soit possible sauf événement dramatique et extraordinaire (comme un conflit armé d’envergure frappant la France ou un effondrement profond et durable de notre économie), il y a la stratégie de celui qui, pour l’instant, plafonne dans les sondages à la quatrième place en-dessous des 15% des intentions de vote.
Car le thème de l’union nationale n’est pas le consensus centriste, ni même la possibilité que tous les partis s’unissent derrière certaines valeurs ou lors de votes concernant des lois qui dépassent les clivages politiques.
En revanche, il est une nécessité pour François Bayrou afin de crédibiliser son discours et sa démarche. D’abord pour lui permettre de franchir un palier dans les sondages en rameutant tous les modérés qui rêvent d’une France consensuelle et dont l’union nationale serait le moyen d’y parvenir (plus des nationalistes de tous bords, toujours sensibles à la vision d’un pays uni).
Ensuite, pour démontrer que sa candidature est autre chose qu’un témoignage. Car il demeure, aux yeux d’une grande majorité des électeurs, un homme seul, incapable de mettre sur pied une majorité de gouvernement s’il était élu. Ce qui est sans doute une des raisons pour lesquelles il est dans les premiers dans les baromètres jaugeant de la popularité des hommes politiques, devançant François Hollande et Nicolas Sarkozy alors que les intentions de vote en sa faveur demeurent modestes.
In fine, les Français sont des réalistes comme le souhaite François Bayrou. Ils voteront en majorité pour ceux qui peuvent gouverner concrètement, sans recours à des montages difficilement réalisables. A la grande déception du même Bayrou…
Autre sujet de préoccupation pour le candidat du Mouvement démocrate, selon un sondage de LH2 pour Le Nouvel Observateur (*), seuls 5% des Français estiment que François Bayrou est celui qui fait la meilleure campagne. Et ils ne sont que 16% à vouloir l’entendre davantage.
Alexandre Vatimbella
(*) Sondage LH2 réalisé les 16 et 17 mars auprès d’un échantillon de 962 personnes représentatif de la population française âgée de dix-huit ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points
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