Ce ne sont pas les trois victoires de Rick Santorum dans le Minnesota (45% des voix contre 27% à Ron Paul), le Missouri (55% des voix contre 25% à Mitt Romney) et le Colorado (avec 40% des voix contre 35% à Mitt Romney) qui viennent de changer radicalement le Parti républicain. Mais elles montrent que celui-ci s’ancre de plus en plus dans le conservatisme, non pas progressiste comme au temps de Lincoln ou de Theodore Roosevelt, non pas social comme au temps d’Eisenhower ou même Nixon, mais réactionnaire Un parti où certains se demandent même si Ronald Reagan et les deux George Bush auraient actuellement leurs chances d’être élus candidats à la présidentielle!
Car Rick Santorum qui, désormais, fait la course en tête en nombre de victoires (quatre contre trois à Romney et une à Gingrich) mais pas en nombre de délégués (ceux qui voteront lors de la Convention républicaine de Floride pour désigner le candidat à la présidence), est bien un républicain ultraconservateur et totalement réactionnaire. Ses thèses les plus rétrogrades s’adressent à cette frange des Américains, agressifs et souvent haineux, totalement repliés sur leur pays (et même leurs Etats respectifs), contre toute modernité ou métissage quelconque, constamment angoissés de perdre leur statut social, qui ont vécu, pour certains, l’élection d’un noir à la Maison blanche comme une insulte, nationalistes extrêmes (et non patriotes) qui iraient faire la guerre à tous les ennemis supposés des Etats-Unis. Rappelons à cet effet que Rick Santorum s’est déclaré favorable à faire la guerre à l’Iran s’il était élu président.
C’est évidemment une mauvaise nouvelle pour la démocratie américaine car les républicains les plus à droite refusent ce fameux compromis démocratique qui, vaille que vaille et souvent écorné, a permis un gouvernement fédéral largement apaisé depuis l’indépendance du pays.
Petit à petit, le Parti républicain se vide de ses centristes, soit qu’ils soient marginalisés et incapables d’obtenir les investitures nécessaires pour se présenter aux élections, soit qu’ils s’en aillent ailleurs ou abandonnent la politique. Et ceux qui demeurent dans le parti comme Mitt Romney et quelques autres, sont obligés de droitiser leur message, de simplifier leur vision politique pour coller avec des idées dont certaines sont très proches de l’extrême-droite.
Quand on écoute et que l’on lit les propos de certains militants républicains, on est souvent très mal à l’aise devant la violence et le simplisme dégagés par ceux-ci et qui ne présagent rien de bon pour la démocratie. Heureusement, la majorité des électeurs républicains et, surtout, de la population américaine ne les partagent pas.
Et ces trois victoires consécutives en une soirée ne font pas du tout les affaires de Mitt Romney. Non pas que cela remette en cause réellement, pour l’instant, sa nomination comme candidat des républicains à la présidentielle de novembre prochain (McCain en 2008 avait perdu pas moins de treize primaires et caucus après sa victoire en Floride avant de gagner la compétition), mais cela montre qu’il n’est pas le candidat aussi inévitable que cela pour de nombreux militants et sympathisants, que son discours ne passe pas aussi bien qu’il le prétend et que son manque total de charisme est de plus en plus criant.
Et cela est d’autant plus préoccupant pour Romney qu’il avait gagné les Etats du Minnesota (dans lequel il n’arrive qu’en troisième position derrière Santorum et Paul) et du Colorado (alors qu’il y était donné gagnant) lors des primaires de 2008 face à McCain.
A noter que le principal concurrent de Romney, Newt Gingrich, n’était même pas sur les bulletins de vote du Missouri (il ne s’était pas enregistré à temps) et il n’obtenu que 13% des voix dans le Colorado. Mais, pendant ces primaires dont il avait décidé de faire l’impasse, on l’a surtout vu ailleurs, notamment dans l’Ohio où il est venu à la rencontre des militants pour tenter de remporter ce que l’on appelle les «early votes», les premiers votes qui ont fait la différence pour Romney en Floride.
Les prochaines primaires républicaines auront lieu dans le Michigan et l’Arizona.
Alexandre Vatimbella
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