Les sondages ne sont toujours pas bons pour François Bayrou… mais pour Nicolas Sarkozy non plus (en attendant l’annonce officielle de sa candidature la semaine prochaine et peut-être un rebond dans l’opinion). Du coup, comme nous l’avons déjà dit ici, François Bayrou a choisi de se positionner comme le meilleur adversaire de François Hollande qui continue, lui, de caracoler en tête de ces mêmes sondages. Pour cela, il a un besoin urgent des voix des déçus du sarkozisme, de ces électeurs de droite et du centre-droit.
C’est une opération délicate qui doit jouer sur un très fort rejet du président de la république car François Bayrou n’apparaît pas, pour les électeurs de droite, comme l’alternative naturelle à leur champion. Ne s’est-il pas ingénié, pendant cinq ans, à critiquer extrêmement durement Nicolas Sarkozy? N’a-t-il pas fait les yeux doux au Parti socialiste avec qui il voulait même créer un parlement de l’opposition?
De plus, pour rendre cette opération de transvasement possible, ce serait bien que des transfuges de la Droite rejoignent ses rangs ou que des personnalités de tous bords appellent à voter pour lui.
Pour l’instant, très concrètement, il ne les a pas. Tous ceux qui ont quitté le président de la république sont des seconds, voire des troisièmes ou quatrièmes, couteaux qui ne peuvent provoquer un mouvement dans l’opinion. Et les ralliements espérés de Jean-Christophe Lagarde, voire de Jean-Louis Borloo, n’ont pas eu lieu.
Reste qu’il s’agit de la seule stratégie qui peut renverser le cours des choses. Tout simplement parce que Nicolas Sarkozy possède encore dix points d’avance dans les enquêtes d’opinion, ce qui est beaucoup, et que les propositions de François Bayrou, que ce soit en matière de gouvernance, en matière économique ou en matière d’éducation n’ont pas remporté le succès qu’il espérait.
Ainsi, dans les sondages, il est très loin en termes de crédibilité pour gouverner. Et si les retournements d’opinion sont toujours possible, il serait étonnant qu’il puisse inverser cette image-là.
Il fait donc des appels du pied à cet électorat et à des personnalités de la droite modérée, au premier rang desquels les centristes de l’UMP (ceux du Nouveau centre ayant décliné l’offre tout en l’appelant à les rejoindre pour les législatives!).
Une de ses dernières déclarations dans ce sens a été faite après la publication de l’information selon laquelle Nicolas Sarkozy proposerait un référendum sur les indemnisations des chômeurs et sur leur obligation de prendre le premier travail qu’on leur propose. «Ce qui apparaît aujourd’hui, a-t-il dit très durement, c’est que la droite républicaine et modérée ne peut plus soutenir plus longtemps une telle démarche politique qui ferait courir les plus grands risques de division au pays. Ce que propose Nicolas Sarkozy est indigne de ce que devrait être un homme d’Etat. Il contredit, en tout cas, tout ce que le gaullisme et la droite sociale ont été!».
Ces propos, cités par Le Figaro viennent après les déclarations sur le rapport de la Cour des comptes qu’il a jugé «accablant pour la France» (oubliant toutefois que le rôle de l’institution n’est pas de faire la politique économique du pays mais de pointer des dépenses qui, après coup, n’ont pas donné les résultats escomptés ou la mauvaise gestion des deniers publics, voire des détournements de fonds). Il ne s’agit donc pas de la part des sages de la rue Cambon d’un appel à l’austérité et à la rigueur économique mais la dénonciation de comptes publics délabrés qui n’excluent pas qu’il faille des mesures de relance pour remettre le pays sur les bons rails et non une cure drastique avec forte augmentation des impôts qui est le programme du candidat du MoDem.
Dans sa critique des nouvelles propositions de Nicolas Sarkozy, il a été rejoint par Philippe Douste-Blazy qui, continuant son retournement de veste à vitesse V, se demande maintenant «comment un centriste peut voter Sarkozy» après de telles déclarations.
Enfin, et ce n’est peut-être pas le moindre des problèmes qu’il va devoir affronter, en se positionnant à la droite, certes modérée, de l’échiquier politique, il ne va pas que faire des heureux au Mouvement démocrate qui compte de nombreux militants de gauche et de centre-gauche, ce qui pose, en outre, la question des futures alliances politiques et électorales du parti.
Mais, comme on le dit souvent, François Bayrou n’est intéressé que par l’élection présidentielle. C’est une obsession et elle lui a fait perdre, en 2007, ses trente députés et tout pouvoir de peser sur la politique française pendant cinq ans. Bis repetita?!
A noter, par ailleurs, qu’Hervé Morin devrait se retirer de la course à la présidentielle dans quelques jours. C’est, en tout cas, ce que l’on entend un peu partout. Il y a des évidences à ce que cela se passe ainsi. Le président du Nouveau centre ne parvient même plus à avoir des intentions de vote quantifiables par les instituts de sondage. Il ne propose rien qui permette de faire le buzz dans les médias. Il est définitivement vu – par ceux qui savent qu’il se présente et ils ne sont pas nombreux – comme un petit candidat n’ayant aucune légitimité ou pertinence à se trouver là.
Reste à savoir si cela sonne le glas de sa carrière politique ou s’il sera repêché par sa famille politique sachant que les haines se sont accumulées au Nouveau centre et qu’il n’a guère d’autres points de chute ayant écrit un livre d’une critique extrême envers Nicolas Sarkozy et étant toujours fâché avec François Bayrou. Mais la politique a ses mystères que les honnêtes citoyens ne comprennent pas toujours…
Peut-être sera-t-il capable de faire valoir son courage auprès de l’opinion publique. C’est ce qui lui reste pour l’instant mais ce n’est pas rien en politique…
Alexandre Vatimbella
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