François Bayrou se situe actuellement entre 13% et 15% des intentions de vote dans les différents sondages. Cela lui vaut une progression significative de 5 à 7 points depuis début décembre et l’a campé en quatrième position, encore loin derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy mais beaucoup moins de Marine Le Pen.
Ce qu’il y a également de remarquable, c’est la progression de sa popularité puisqu’il a gagné de nombreux points dans les différents baromètres (Paris Match, Le Point, Le Figaro Magazine) disputant la première place à François Hollande ou l’occupant.
De même, il a gagné en crédibilité. Dans un sondage CSA (1) pour BFMTV, RMC et 20 minutes, il arrive souvent en deuxième position (toujours derrière François Hollande, le premier, sauf en matière d’insécurité et d’immigration où Le Pen arrive en tête). C’est le cas sur les thèmes de l’éducation et de la lutte contre la dette qui lui sont chers mais aussi sur celui du pouvoir d’achat.
Selon l’enquête ISPOS (2) pour le Cevipof (Centre d’étude de la vie politique française de Sciences Po Paris), la Fondapol, la Fondation Jean Jaurès et publiée par Le Monde, il devance les autres candidats en matière qualitatif dans plusieurs domaines. Ainsi, il est en tête pour les affirmations, «est sympathique» (65%), «est honnête» (64%), qualité principale demandée par électeurs (voir ci-dessous), «est sincère» (61%).
Par ailleurs, 52% des Français estiment, selon un sondage SOFRES (3) pour iTélé qu’il a gagné des points récemment dans sa course à l’Elysée. Ce qui se concrétise dans un sondage BVA (4) pour Le Parisien Aujourd’hui en France avec un potentiel électoral du leader du Mouvement démocrate qui est passé de 29% à 36% (21% des électeurs actuels de François Hollande pourraient voter pour lui, 24% de ceux de Nicolas Sarkozy et 28% de ceux de Marine Le Pen).
Néanmoins, la percée de François Bayrou demeure fragile pour plusieurs raisons.
La première vient de son électorat qui est le plus volatile des cinq grands candidats. Dans le sondage IPSOS pour le Cevipof, 77% de ceux qui voteraient pour lui si l’élection avait lieu aujourd’hui se déclarent prêt à changer leur choix. Dans le sondage CSA pour BFMTV, pour les électeurs sûrs de leurs choix, ils sont 68% de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, 67% de celui de François Hollande, 59% de celui de Nicolas Sarkozy, 56% de celui de Marine Le Pen mais seulement 30% de celui de François Bayrou (contre 70% qui déclarent qu’ils peuvent encore changer d’avis.
La deuxième tient à ce que, jusqu’à présent, ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy n’avaient présenté leurs programmes respectifs, demeurant dans le flou au grand dam de leurs supporters qui s’impatientaient, ce qui avantageait celui qui offrait un moyen de marquer cette impatience devant ce vide programmatique (François Bayrou). François Hollande vient de dévoiler largement son programme. Cela devrait être bientôt le cas de Nicolas Sarkozy. Et il faudra voir si les primo-déçus de François Hollande et de Nicolas Sarkozy rentrent au bercail ou s’ils ont trouvé une nouvelle maison plus accueillante à leurs visions politiques.
La troisième c’est que les Français sont encore dubitatifs sur ses chances de parvenir au second tour et de remporter la présidentielle. Selon l’étude IPSOS pour le Cevipof, seuls40% des sondés pensent qu’il possède la stature présidentielle. De même, ils demeurent circonspects sur comment il pourrait gouverner alors que son parti, le Mouvement démocrate, ne compte que deux députés dans l’Assemblée nationale actuelle. Et il y n’y a encore que 42% d’entre eux qui veulent le voir au second tour selon un sondage SOFRES pour Canal Plus(5).
Pour fortifier sa position, François Bayrou a donc besoin d’un deuxième rebond dans les sondages et d’une fidélisation de son électorat. Comme l’explique dans Le Figaro Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’Opinionway et spécialiste du Centre, «on peut parler de consolidation de son électorat, mais à un niveau encore très insuffisant pour espérer accéder au second tour». Il doit absolument, dans les jours et les semaines qui viennent venir titiller Marine Le Pen et lui chiper la troisième place pour ensuite s’attaquer à ceux qui sont à l’heure actuelle les deux finalistes.
Peut-être que ce rebond pourra venir lorsqu’il aura dévoilé son programme. Mais le président du Mouvement démocrate n’était pas pressé jusqu’à présent de le faire, préférant attendre que François Hollande et Nicolas Sarkozy se dévoilent avant lui. La présentation du programme d’Hollande changera peut-être la donne.
Quelles sont les qualités que les Français souhaitent de leur prochain président? Et qu’est-ce qui est le plus important pour le vote. Deux sondages en apportent des réponses.
Pour un sondage CSA (6) pour Terrafemina, c’est l’honnêteté qui vient en premier avec 53% et, loin derrière, le courage avec 23%. Quant à ce qui motive un vote c’est d’abord le programme du candidat (60%), puis sa personnalité du candidat (19%) et enfin le parti auquel il appartient (18%).
Pour l’enquête IPSOS pour le Cevipof, ce sont d’abord ses propositions et ses idées (64%), sa capacité à vraiment changer les choses en France (63%), sa capacité à faire face à la crise économique (52%), sa personnalité ne venant qu’en cinquième position (25%) et son appartenance à un parti politique en huitième et dernière position (9%).
Donc, si c’est bien la rencontre d’une personnalité avec la France et les Français, comme le dit François Bayrou, ces derniers attendent tout de même qu’il ait des articles en magasin…
Alexandre Vatimbella
(1) Sondage CSA réalisé les 18 et 19 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 974 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(2) Sondage IPSOS réalisé du 12 et 16 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 4910 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(3) Sondage SOFRES réalisé les 17 et 18 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 961 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(4) Sondage BVA réalisé les 23 et 24 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(5) Sondage SOFRES réalisé les 17 et 18 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 961 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
(6) Sondage CSA réalisé les 18 et 19 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1007 personnes âgées de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
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