samedi 29 octobre 2011

Une Semaine en Centrisme. Le Centre ne se trouve pas partout au même endroit!


En matière politique, le Centre n’est absolument pas un lieu géométrique, à équidistance de la Droite et de la Gauche. Il est un lieu idéologique, qui met en œuvre le Centrisme grâce au principe de Juste Equilibre.
Le Centrisme n’a donc rien à voir avec un hypothétique «juste milieu» où ses critiques voudraient l’enfermer pour mieux nier ensuite sa réalité, même si, le consensus, la modération et la «médiété» chère à Aristote, font, depuis toujours, partie de son ADN.
Pour autant, le Centre et le Centrisme sont instrumentalisés dans de nombreux pays afin, la plupart du temps, de rassurer la population ou la communauté internationale sur les intentions d’un certain nombre d’organisations et de partis politiques qui se présentent comme centristes pour cacher leur radicalité.
C’est ce qui se passe actuellement dans la plupart des pays arabes et musulmans où, à côté de vrais partis centristes laïcs, on trouve un foisonnement de partis qui se disent «centristes» parce qu’ils se veulent à équidistance des partis islamistes et des partis laïcs...
C’est le cas au Liban où un important débat a lieu sur la réalité de ce «centrisme» depuis de nombreux mois. Mais c’est également le cas dans les pays qui ont été touchés récemment par le Printemps arabe, de l’Egypte à la Lybie en passant par la Syrie et la Tunisie.
Or, le fait de reconnaître, même dans une vision d’un «islam moderne» qui, selon ses défenseurs, «n’est pas incompatible avec la démocratie», qu’il doit y avoir une religion d’Etat avec l’application d’une législation religieuse (la sharia) n’est évidemment pas une vision centriste, ni de près, ni de loin.
C’est le cas aussi dans les pays africains où l’on assiste, ces dernières années, à une multiplication des partis centristes. Ici les vrais centristes sont mélangés avec ceux qui se veulent au-dessus des ethnies et des intérêts personnels.
Mais, même s’ils sont souvent modérés et cherchent le consensus, ces derniers ne sont pas toujours autant férus qu’il le faudrait de démocratie. Ainsi, de nombreux partis à la botte d’autocrates ont pu se prétendre «centristes», à équidistance des différentes factions communautaristes ou des ces mêmes factions et… des partis démocrates.
L’on peut analyser de deux manières ce Centre et ce Centrisme mouvant selon les latitudes.
La première, plutôt positive, est de dire qu’un positionnement modéré et consensuel, réclamant un système «plutôt» démocratique, est la preuve que la référence centriste est, à la fois, revendiquée par beaucoup de politiques et vue positivement par une partie importante de la population
La seconde, plutôt négative est que ces centrismes et centres «différents» sèment un peu la confusion et font, in fine, reculer le Centrisme comme pensée originale et unique.
Dès lors, au lieu de tourner le dos à cette caricature de n’être qu’un «juste milieu» attrape-tout et sans saveur rempli d’opportunisme, ce Centre n’en est que la triste réalité dénoncée par ses opposants…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC