L’antagonisme – pour ne pas dire plus – entre Jean-Louis Borloo et Hervé Morin, l’absence de ralliement des députés radicaux toujours encartés à l’UMP, l’absence d’investissement de nombreux militants du Parti radical ou du Nouveau centre dans la nouvelle structure, la fracture même à l’intérieur du Nouveau centre entre partisans de Borloo et de Morin, le mal être des militants de la Gauche moderne de se trouver dans une confédération centriste, le refus de l’Alliance centriste de rejoindre ce rassemblement hétéroclite, sont la preuve que l’Arès (Alliance républicaine, écologiste et sociale) pourrait bien disparaître avant même d’avoir pu fonctionner.
Est-ce aussi étonnant? Non pour ceux qui connaissent les rivalités au centre de l’échiquier politique ainsi que l’architecture faite de bric et de broc de l’Arès.
Pour autant, de bons sondages présidentiels pour Jean-Louis Borloo auraient certainement fait taire les voix dissidentes. Ainsi qu’un engagement à être candidat plus fort de la part du Président du Parti radical qui semble toujours être dans une posture de ménagement de la chèvre et du chou, uniquement pour préserver son avenir politique.
Un certain manque de courage que lui reprochent beaucoup de centristes et pas seulement d’aujourd’hui.
De quoi troubler les militants et les sympathisants du Centre.
La candidature Borloo n’a pas, en outre, créé un électrochoc dans l’électorat, même pas dans l’électorat centriste. Il faut dire que l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy n’avait pas un bilan centriste évident à défendre et qu’il a fait des déclarations indiquant qu’il se sentait «républicain social et écologiste» et non un centriste.
Tout n’est pas encore perdu pour l’Arès. D’autant que la candidature de François Bayrou ne connait pas, non plus, une dynamique qui l’imposerait à tous les centristes.
De même, la crise économique et sociale qui semble revenir à vitesse V peut être très préjudiciable à Nicolas Sarkozy sans pour autant profiter à la Gauche si le Parti socialiste sort affaibli et désuni de son débat interne lors de ses primaires.
Jean-Louis Borloo peut éventuellement reprendre la main, mais il sait maintenant que son principal adversaire (ne s’en doutait-il pas déjà?) est dans sa propre maison et qu’il s’appelle Hervé Morin…
Ce dernier joue son avenir politique dans les mois qui viennent. Il sait qu’il est incapable, pour l’instant, de concurrencer Borloo dans les sondages et dans l’opinion publique. Pour autant, il guette tous les faux pas de son concurrent pour les utiliser à booster sa candidature.
C’est ce qu’il a fait en montrant que Jean-Louis Borloo hésitait encore à se présenter (malgré tout ce que disent ses lieutenants à longueur de journée) et que beaucoup des élus radicaux ne le suivaient pas.
Ce qui est préjudiciable à l’Arès, c’est que cette formation de formations joue une sorte de primaire mais non-déclarée. Dans ce cas là, tous les coups sont permis puisqu’il y n’y a pas de concurrence officielle entre plusieurs prétendants et aucune règle à respecter. Et que cette fausse-vraie primaire n’intéresse que peu les Français. Des faiblesses qui sont bien celles d’un Centre aujourd’hui morcelé.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC